
Des élèves français et luxembourgeois ont "pu vivre l'Europe, concrètement, ce qu'elle nous apporte au quotidien" s'enthousiasme une enseignante au Luxembourg. / © EIDE
Cette semaine, des élèves luxembourgeois ont pu se rendre pendant trois jours à Paris pour rencontrer leurs correspondants français, avant que ces derniers ne viennent découvrir Luxembourg-Ville. Des participants à ce projet Erasmus racontent cette belle aventure qui leur a permis de "vivre l'Europe"...
"Que représente le Luxembourg pour vous?"
Visiblement, les petits Français qui ont dû répondre à cette question ont été bien embêtés... "Ils ont surtout répondu "petit". Parce que le Luxembourg était un pays totalement inconnu pour eux, ils savaient juste que c'était un petit pays. Donc quand ils sont venus ici pour visiter, ils étaient en terrain inconnu" sourit Alice.
Cette élève de 10 ans est scolarisée en dernière année de primaire (équivalent du CM2 en France) à l'EIDE (École Internationale Differdange et Esch-Sur-Alzette). Elle a la chance de participer à un beau projet: un échange Erasmus entre les élèves de son école au Luxembourg et ceux de l'école du Barret en Charente, dans le sud-ouest de la France.
Un projet qui a débuté par des échanges avec leurs correspondants français. "Ma correspondante est super, sourit Alice. Elle s'appelle Amelia, elle a 10 ans comme moi. On a commencé à discuter au début de l'année. On s'écrivait des lettres, c'était chouette". Et pas banal, à l'époque où les réseaux sociaux ont remplacé l'enveloppe et le timbre !
Du côté du Luxembourg, les élèves ont été plus inspirés lorsqu'ils ont dû dire ce que représentait la France pour eux. "On a dit 'croissants', 'PSG', 'Tour Eiffel', 'Paris'... on connaissait mieux la France qu'ils ne connaissaient eux le Luxembourg".
"Leur première impression, c'est que Luxembourg est très vert, très propre"
Mais ce projet Erasmus comprenait aussi une visite guidée dans les 2 pays. Et pas une petite ! Cette semaine, les enfants se sont d'abord réunis à Paris du 19 au 21 mai, avant de se rendre les 22 et 23 mai au Luxembourg. "À Paris, on a grimpé en haut de la Tour Eiffel, on a fait un tour sur un bateau-mouche. On a aussi visité l'Assemblée Nationale, le musée des Invalides. Ça, ça m'a marqué, l'histoire de toutes ces victimes de la guerre" souffle Alice.
Sylvie, la maman d'Alice, accompagnait les enfants à Paris. "C'était super. Ils ont par exemple pu approfondir leurs connaissances sur la Seconde Guerre mondiale, qui était au programme scolaire cette année. Ils ont aussi pu échanger sur l'Europe, sur son importance, et se poser des questions sur leurs pays respectifs. Et puis ça leur a permis aussi de tisser des liens : pour Alice c'était la première fois qu'elle avait une correspondante".
Pour la seconde partie de la visite, c'est Vincent, le papa d'Alice, qui s'est chargé de faire découvrir la capitale luxembourgeoise aux élèves français. Visite des Casemates, présentation de la Gëlle Fra, du Science Center... Ils ont été positivement surpris, rapporte Vincent : "Leur première impression, c'est que Luxembourg est très vert, très propre. Ils ont été impressionnés en se promenant en haut de la corniche de la Gëlle Fra, dans la vieille ville, au niveau du Fëschmaart (Marché aux poissons)...Plus loin, je leur ai expliqué pourquoi il y avait une inscription "Mir wëlle bleiwe wat mir sinn" ( "Nous voulons rester ce que nous sommes"). Devant la Chambre des Députés, je leur ai expliqué que les femmes ont obtenu le droit de vote en 1919 au Luxembourg, ce qui était très tôt en Europe."
"Des enfants sont très angoissés par ce qui se passe dans le monde"
Les enfants ont aussi pu visiter l'école internationale d'Alice. D'ailleurs, lorsqu'on demande à Vincent ce que l'EIDE a apporté à sa fille, il répond aussitôt : "L'envie d'aller a l'école. C'est pareil avec mes autres enfants. L'école ne semble pas être une corvée. Ça doit être à cause de l'aspect multiculturel, l'ouverture d'esprit, le respect de la diversité, une atmosphère où l'école insiste plus sur les forces de l'enfant que sur ses faiblesses."

© EIDE
Un constat que partage aussi Lorraine Rohr, enseignante en primaire à l'EIDE, qui coordonne ce projet depuis le début avec son homologue français Cédric Bisensang. "L'école internationale, c'est une vraie richesse, car l'objectif est d'être à l'écoute de tout le monde. Chaque enfant est respecté pour ce qu'il est, c'est très positif pour les élèves comme pour les enseignants. Donc ce projet Erasmus collait parfaitement avec l'EIDE, car c'est un projet pensé autour du thème européen, qui insiste sur cette histoire commune, sur le rôle de la Seconde Guerre mondiale dans cette construction européenne, et combien on a besoin d'Europe encore aujourd'hui."
Les enfants ne sont-ils pas trop jeunes pour saisir ces enjeux, à 10 ans ? "Hé bien, oui et non! Certains enfants sont déjà très interpellés, voire angoissés par ce qui se passe dans le monde. Il ne faut pas croire que ça les indiffère. Par exemple, à l'EIDE, on a accueilli des enfants venus d'Ukraine, qui ont fui leur pays. Donc les élèves ont pu apprendre de façon très concrète ce que ca signifie, la guerre, et constater que ce n'est pas si loin d'eux, ils ont vu ces enfants s'éloigner de leur pays, en souffrir" constate l'enseignante.
C'est pourquoi elle se réjouit de ce projet Erasmus : "J'ai trouvé ça très prenant, mais aussi très riche de voir les enfants donner du sens aux apprentissages, apprendre à rédiger une lettre à leurs correspondants, écrire un article de presse... Et ils se sont ouverts à de nouveaux enfants qu'ils ne connaissaient pas, et appris à se confier à eux, à accepter leurs différences. Le voyage de cette semaine, c'était l'apothéose, ils ont pu vivre l'Europe, concrètement, ce qu'elle nous apporte au quotidien."
Et ce projet Erasmus ne s'arrête pas là, puisque l'année prochaine, les enfants pourront se retrouver dans une autre capitale qui symbolise aussi l'aventure européenne : Bruxelles.