Les deux garants de la concertation sur l'A31bis ont rendu leurs conclusions. Voici ce qu'ils préconisent pour le suivi du projet.

Moins d'un mois après la fin de la concertation pour le secteur nord de l'A31bis, les garants livrent leur rapport sur le débat. Ces longs échanges (deux mois de réunions et d'ateliers) devaient permettre au public de se faire entendre. Tout en laissant le maître d'ouvrage exposer clairement les tenants et aboutissants du projet.

L'enjeu est de taille: sur le nord de la Moselle, l'A31 est l'axe principal entre la France et le Luxembourg. Mais l'autoroute est déjà dépassée en heures de pointe. Et d'ici 2030, même avec le passage à trois voies côté luxembourgeois, elle le sera encore plus, avec des bouchons généralisés sur plusieurs autres sections. À Thionville notamment, où la saturation est annoncée comme certaine à ce rythme. D'où la volonté d'élargir l'autoroute à trois voies et de créer un contournement de Thionville.

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Les quatre tracés à l'étude pour le contournement de Thionville prévu par le projet d'A31bis. / © Dreal

Après ces nombreuses réunions entre la Dreal et le public, les garants ont fait le point sur le calendrier. Une enquête publique doit avoir lieu fin 2023 ou en 2024. Puis, en fonction de la variante, les travaux seront lancés. Ils s'étaleront sur plusieurs années, possiblement de 2027 à 2035. Et la mise en service sera échelonnée entre 2030 et 2035.

À propos de la concertation, le garants ont conclu que "séance après séance le maître d’ouvrage a pu répondre au plus près aux questions qui apparaissaient (à l’exception notable il est vrai de la solution alternative non étudiée complétement)". Soit très exactement le point soulevé par les participants présents en réunion: ne pas effectuer de travaux sur l'A31. Proposition en faveur de laquelle les "anti-A31bis" ont de nombreux arguments à faire valoir.

"Beaucoup de questions techniques (le mécanisme d’expropriation, les conséquences sanitaires, sur la santé…) ne pouvaient recevoir de réponse précise, à ce stade de la réflexion. Il faudra bien entendu que le dossier de l’enquête publique puisse contenir ces réponses" poursuivent les garants, Luc Martin et Jean-Michel Stievenard. Sur ce point, les "anti-A31bis" ont été entendus.

Le débat parfois bloqué par les anti-A31bis

Ils ont toutefois constaté que "les échanges d’arguments se sont révélés limités". En particulier lors de "certaines soirées, notamment à Florange, commune au cœur du projet, le débat s’apparentait davantage à une séance de dénonciation du projet qu’à une séance d’approfondissement et d’échange d’arguments." Le cas de Florange est évidemment complexe: trois des quatre variantes projettent un tunnel, dont une induit des expropriations d'habitants. "Florange, ville sacrifiée" dénoncent les riverains.

Quant à l'atelier organisé pour évoquer les avantages et inconvénients de chaque tracé étudié - auquel RTL a participé - il est considéré comme "inachevé, du fait du refus majoritaire des participants d’entrer dans cet exercice". En effet, ce soir-là, la quasi-totalité des participants avaient choisi de ne pas réaliser d'analyse. Mais a pris soin de dénoncer le projet et de demander le recours à cette 5e option, celle de ne rien faire.

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Les opposants à l'A31bis lors de la réunion de clôture de la concertation. / © Thomas Toussaint / Archives RTL

Quelles sont les conclusions des garants?

Le dossier étant maintenant entre les mains du préfet, et plus tard du ministre des Transports, les garants ont formulé plusieurs demandes de précisions et recommandations.

Ils jugent important de "pouvoir prendre connaissance publiquement du rapport des garants et de la réponse ministérielle". En organisant "une réunion de rendu de la concertation dite de "reddition des comptes". Elle devra permettre de rendre publics les enseignements que le porteur de projet tire de cette concertation et les réponses qu’il apporte aux interrogations posées par les participants à la concertation."

Pour répondre aux questions sur le bien-fondé de l'A31bis, ils proposent également de définir des tableaux de temps prévisionnel des temps de parcours estimés selon la variante.

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L'A31bis serait constituée, au nord de Thionville, de trois voies de circulation, dont une pour le covoiturage, et une bande d'arrêt d'urgence permettant le passage des transports en commun. / © Dreal

Par souci écologique, ils préconisent de créer un instrument de suivi du bilan carbone du projet. Et de produire une analyse phytosanitaire de l'allée des marronniers, sur la commune de Florange. Ou encore d'informer sur l'état d'avancement de sa procédure de classement aux monuments historiques.

Concernant la santé des riverains, le rapport propose de présenter le tracé des éventuels murs anti-bruit. Ainsi que d'établir un calendrier du chantier. Et de mesurer l'évolution possible de la pollution.

En termes de mobilité, ils demandent un éclaircissement sur les modes de transport alternatifs des deux côtés de la frontière. Sur l'A31bis, la création d'une bande d'arrêt d'urgence accessible aux transports en commun et une voie réservée au covoiturage méritent également un approfondissement. Tout comme la modification des échangeurs 42 (Bétange) et 41 (Terville), qui inquiètent les communes voisines.

Enfin, le coûteux péage sans barrière évoqué pour l'A31bis n'est pas oublié. Les garants souhaitent "recenser les différents partenaires financiers qui pourraient contribuer au financement de l’infrastructure et donc en diminuer par là le poids pour les utilisateurs". Et pourquoi pas "présenter l’état d’avancement des réflexions sur l’écotaxe".

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Pour la variante F4 de l'A31bis, un automobiliste devra dépenser 1,91€ de péage sur le contournement de Thionville et 1,97€ de plus entre Thionville et la frontière. Soit près de 4€ pour un aller. / © Dreal

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Reste désormais au préfet à rédiger son rapport. "Je vais garder une distance intellectuelle avec le projet. Chaque tracé présente des défauts mais ils peuvent être corrigés" expliquait Laurent Touvet lors de la clôture de la concertation début février. Même si pour lui, une chose est sûre: "On ne peut pas ne rien faire, on ne peut pas en rester là." Ce sera ensuite au ministre des Transports de donner ou non un avenir à l'A31bis.

L'État "doit rendre publique sa décision de poursuivre, modifier, suspendre ou abandonner son projet. S'il le poursuit, il conviendra d’énoncer son choix en indiquant sur quels points il modifie son projet et de mener en parallèle une réflexion sur la variante 5" concluent les garants.

Le rapport complet peut être consulté sur le site de la concertation de l'A31bis.