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Donald Trump en combinaison orange de prisonnier attaché à une croix par des sangles de contention: une sculpture provocante de l'artiste britannique Mason Storm est exposée depuis quelques jours en Suisse sans particulièrement émouvoir.
La sculpture de résine intitulée "Saint or Sinner" ("Saint ou pécheur") représente le président américain en tenue de prisonnier et les yeux clos. Son corps est immobilisé sur une croix blanche matelassée légèrement inclinée.
L’œuvre, exposée depuis samedi à Bâle (nord) après un passage cette année à Vienne, en Autriche, peut évoquer une scène de crucifixion comme celle d'une exécution par injection létale.
"C'est d'un réalisme effrayant. Je peux l'affirmer sans hésiter, car lors de l'installation, nous étions vraiment au plus près du résultat. On voit chaque ride, la peau est tellement réaliste, c'est vraiment troublant", sourit Konrad Breznik, propriétaire de la galerie Gleis 4.
Initialement, cette galerie basée à Zoug, dans le centre de la Suisse, souhaitait exposer l’œuvre dans ses locaux de la gare de Bâle (nord). Mais elle y a finalement renoncé pour occuper l'espace moins fréquenté d'une vitrine du Basler Kunstmeile, un espace d'exposition le long d'un passage piéton du centre-ville.
Les compteurs installés sur place ont pourtant relevé plus de 3.000 passages lundi. A la vue de l'oeuvre, beaucoup de passants sourient, mais personne ne s'indigne vraiment dans la ville d'"Art Basel", la foire de l'art contemporain mondialement réputée.
"Le fait que nous puissions montrer ces choses de ce genre illustre le fait que nous sommes en démocratie", salue parmi eux Marit, une Norvégienne vivant à Bâle. Selon elle, une telle œuvre ne pourrait être ainsi exposée à tous les regards aux Etats-Unis.
M. Breznik pense, lui, que le président américain apprécierait l'oeuvre. "Je pense sincèrement que M. Trump pourrait très bien se voir dans le rôle d'un Jésus moderne (...) Et je suis presque certain qu'il est lui-même convaincu d'agir dans le bon sens".
Le Londonien Mason Storm, artiste connu pour ses sculptures et toiles aussi réalistes que décalées à tendance street art, maintient son anonymat en dissimulant son visage derrière des cagoules ou masques de sa création. Son travail est souvent associé à celui de son célèbre compatriote Banksy.
Sur son site Instagram, il se décrit comme "l'artiste que l'on adore adorer et détester, bon vivant international, promoteur de pigments et homme d'action."
Bien avant son séjour bâlois, l’œuvre a été acquise par un collectionneur, une "personnalité internationalement connue qui vit en Europe" mais dont le nom sera tenu secret.