Quatre personnes ont été placées en garde à vue après des incidents jeudi soir à la Philharmonie de Paris, qui ont causé l'interruption à trois reprises d'un concert de l'Orchestre philharmonique d'Israël, dont la présence en France suscitait la polémique.

La Cité de la musique-Philharmonie de Paris a condamné dans un communiqué "fermement les graves incidents" survenus dans la grande salle de concert et a annoncé avoir porté plainte.

Des vidéos visibles en ligne témoignent de la confusion dans la salle Pierre-Boulez: plusieurs d'entre elles montrent une personne qui brandit un fumigène depuis les gradins. D'autres personnes tentent de s'interposer et des violences éclatent.

"A trois reprises, des spectateurs en possession d'un billet ont tenté de diverses manières d'interrompre le concert, dont deux fois avec l'usage de fumigènes", a précisé la Philharmonie, dont le dispositif de sécurité avait été renforcé pour cet événement.

"Les fauteurs de troubles ont été évacués et le concert, qui avait dû s'interrompre, a repris et s'est achevé dans le calme" sous la direction du chef d'orchestre Lahav Shani et avec le pianiste Sir András Schiff, a-t-elle poursuivi.

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Le bâtiment de la Philarmonie de Paris, réalisé par l'architecte Jean Nouvel, à Paris, le 29 janvier 2025 / © AFP/Archives

Des policiers "ont permis l'interpellation rapide de plusieurs auteurs de troubles graves à l'intérieur de la salle et de contenir les manifestants à l'extérieur", a indiqué le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, dans un message sur X, en condamnant ces agissements.

Ont été placés en garde à vue trois femmes et un homme, dont trois pour participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradations et une pour organisation d’une manifestation non déclarée.

Déprogrammé en Belgique

"Quelqu'un a sorti un fumigène et il s'est fait tabasser par des gens qui étaient venus apprécier de l'art et qui avaient été gênés par cette conduite", a relaté sur RTL l'ambassadeur d'Israël en France, Joshua Zarka, présent au concert.

Des "sanctions exemplaires doivent être prises" contre ces "agitateurs haineux", a réagi sur X Yonathan Arfi, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Les appels au boycott et les perturbations "n'empêcheront jamais les artistes ciblés par la haine de rencontrer l'ovation du public", a-t-il ajouté.

Mais "ce n'est pas n'importe quel artiste. Ce sont des artistes qui représentent l'Etat israélien", a réagi de son côté déclaré Manon Aubry, députée européenne LFI, sur Cnews-Europe 1, en refusant de condamner les violences.

"Aujourd'hui le meilleur moyen que ce type d'incident ne se reproduise pas, c'est que le gouvernement israélien arrête de massacrer tout un peuple", a-t-elle lancé.

L’Orchestre philharmonique d'Israël est dirigé par le chef israélien Lahav Shani, âgé de 36 ans. En septembre, l'Orchestre philharmonique de Munich avait été déprogrammé d'un festival belge où il devait se produire sous la direction du jeune chef israélien.

Lahav Shani avait alors accusé la direction du festival belge d'avoir cédé "aux pressions politiques". "Elle a exigé que je fasse une déclaration politique malgré mon engagement de longue date et publiquement exprimé en faveur de la paix et de la réconciliation", avait-il déclaré.

Ces derniers jours, la polémique avait enflé sur la venue de l’Orchestre philharmonique d'Israël à Paris.

Des militants propalestiniens avaient demandé l'annulation du concert. Le syndicat de la CGT-Spectacle réclamait que la Philharmonie "rappelle à son public les accusations gravissimes qui pèsent contre les dirigeants" d'Israël, notamment dans la guerre à Gaza.

"La liberté de création et de programmation est une valeur de notre République. Aucun prétexte à l’antisémitisme!", avait déclaré dans un message sur X la ministre de la Culture Rachida Dati, souhaitant la "bienvenue" à la formation.

Lundi, la Philharmonie de Paris avait dit espérer que le concert "puisse se tenir dans les meilleures conditions possibles" et rappelé qu'elle accueillait "aussi bien des artistes israéliens que palestiniens" sans "jamais" exiger de prise de position des artistes sur des enjeux politiques sensibles.

"La violence n'est pas un débat. Et la faire entrer dans une salle de concert est très grave", a-t-elle réaffirmé vendredi.