Il a collectionné les rôles de méchants tout au long de sa carrière : l'acteur Niels Arestrup est mort dimanche à l'âge de 75 ans à son domicile de Ville-d'Avray (Hauts-de-Seine).

"J'ai la douleur extrême de faire part du décès de mon époux, l'immense acteur Niels Arestrup, au terme d’un combat courageux contre la maladie. Il s'est éteint entouré de l'amour des siens", a écrit dans un communiqué son épouse, Isabelle Le Nouvel.

L'acteur français avait reçu le César du meilleur acteur dans un second rôle trois fois dans sa carrière, pour "De battre mon cœur s’est arrêté", "Un prophète" et "Quai d’Orsay".
 
Il a aussi tenu en 2016 l'un des principaux rôles de la série de fiction politique "Baron noir", où il n'a accepté de jouer que dans la première saison.  "Je refuse d'incarner un personnage récurrent, de m'embarquer pour deux ou trois  ans dans un rôle qui finit par vous coller à la peau", expliquait-il au Monde en  2019.

"Présence magnétique" 

"Nous avons été éblouis par la force de son jeu et sa présence magnétique  face à la caméra de Jacques Audiard, de Bertrand Tavernier, de Julian Schnabel  ou d'Albert Dupontel. Il restera comme un de nos plus grands comédiens", a écrit  la ministre de la Culture, Rachida Dati, sur la plateforme X.
       
L'acteur doit son nom à un père danois qui avait tenté d'émigrer vers les  États-Unis mais s'était arrêté en France pour se marier. Ce père ne lui parlait  que français, dans un milieu très modeste en région parisienne.
"Vous imaginez bien que fils d'ouvrier à Bagnolet dans les années 1950, le  spectacle, le théâtre, le cinéma, c'était quelque chose qui n'entrait pas du  tout dans mes pensées", disait-il au Figaro en 2021.
       
Mais il s'était passionné pour le théâtre en prenant des cours avec la  comédienne Tania Balachova. Il resta fidèle à la scène pendant près d'un  demi-siècle, et rejeta largement la célébrité. "Quand j'ai commencé dans le métier, les directeurs de théâtre choisissaient  une pièce, puis ils se posaient la question de la distribution. Maintenant,  c'est l'inverse: on cherche une vedette et, après seulement, la pièce qui  pourrait aller avec", déplorait-il dans Le Monde.
       
De 1989 à 1993, il a lui-même pris la direction d'un théâtre, celui de la Renaissance à Paris.Parmi tous ses rôles, plutôt de personnages sombres et inquiétants, le  dernier a été au cinéma celui d'un chef d'orchestre dans "Divertimento" en 2023.
       
Un troisième et dernier César du meilleur second rôle lui avait été remis en  2014 pour son incarnation d'un directeur de cabinet dans "Quai d'Orsay". Il  avait remercié Bertrand Tavernier pour ce "rôle un peu différent de ce qu'on  [lui] proposait d'habitude, presque un truc drôle".
       
Sa carrière, également marquée par l'obtention d'un Molière du meilleur  comédien en 2020, a été aussi entachée par des accusations de violences contre  des actrices lors de tournages ou de répétitions, entre autres par Isabelle  Adjani ou Myriam Boyer. "Ça me colle à la peau", admettait-il, interrogé par  Libération en 2007. Il n'a jamais été visé par une plainte.
       
Avec son épouse, il a eu des jumeaux nés en 2012.