Un film coproduit par le Luxembourg a obtenu le Grand Prix samedi soir au festival de Cannes. Voici les gagnants.

Une coproduction luxembourgeoise obtient le Grand Prix

La jeune cinéaste indienne Payal Kapadia, représentante d'un 7e art dans l'ombre de Bollywood, a reçu le Grand Prix samedi soir à Cannes. "All we imagine as light" était le premier film indien en compétition depuis trente ans.

La réalisatrice indienne Payal Kapadia dit espérer qu'il ne faudra pas attendre trente ans pour qu'un film indien soit de nouveau en compétition à Cannes, après avoir reçu le Grand Prix pour son film "All we imagine as light".

Le film a été coproduit par Gilles Chanial et Govinda Van Maele (Les Films Fauves, Luxembourg) avec la France, l’Inde et les Pays-Bas. Le long-métrage a été soutenu financièrement par le Film Fund Luxembourg dans le cadre des aides financières sélectives "Cineworld".

Succès pour Sean Baker

"En salles, on partage la tristesse, la peur, le rire", a-t-il ajouté sur une scène du Palais des festivals où venaient de se succéder, en forme de passage de témoin, deux légendes d'Hollywood: Francis Ford Coppola, finalement reparti bredouille avec "Megalopolis", et George Lucas, à qui il était venu remettre sa Palme d'or d'honneur.

Avec "Anora", Sean Baker succède à Justine Triet et son film "Anatomie d'une chute". Cet amoureux des personnages en marge, débordant d'humanité, tourne souvent avec des acteurs débutants ou amateurs.

Détournant les mythes de "Cendrillon" ou de "Pretty Woman", "Anora" passe des bas-fonds de New York aux villas de luxe des oligarques russes, en suivant la relation entre une jeune stripteaseuse Anora et le fils d'un milliardaire.

Mafieux, virées dans la communauté russophone de Coney Island, courses nocturnes dans New York, homme de main aux faux airs de Robert De Niro, le film de 2h18 rembobine efficacement les classiques du cinéma américain et dépeint l'envers du rêve américain.

"En salles, on partage la tristesse, la peur, le rire", a-t-il ajouté sur une scène du Palais des festivals où venaient de se succéder, en forme de passage de témoin, deux légendes d'Hollywood: Francis Ford Coppola, finalement reparti bredouille avec "Megalopolis", et George Lucas, à qui il était venu remettre sa Palme d'or d'honneur.

Plusieurs actrices récompensées pour le prix féminin

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Les membres du jury du 77e Festival de Cannes, le 25 mai 2024 à Cannes / © AFP

Autre décision marquante du jury de Greta Gerwig, où siégaient également les acteurs Omar Sy, Lily Gladstone et Eva Green, le prix collectif attribué aux actrices de la comédie musicale de Jacques Audiard, "Emilia Perez".

Le prix fera date, puisqu'outre Selena Gomez, Zoe Saldana et Adriana Paz, est distinguée pour la première fois une actrice transgenre, Karla Sofía Gascón. L'Espagnole de 52 ans, qui a entamé sa transition de genre à 46 ans, est la révélation de ce film dont elle tient le rôle principal, celui d'un narcotrafiquant qui se sent profondément femme et change de genre.

Karla Sofía Gascón a dédié son prix à "toutes les personnes trans qui souffrent". "Je veux que ces personnes arrivent à croire comme dans "Emilia Perez" qu'il est toujours possible de s'améliorer".

Grand favori, l'Iranien Mohammad Rasoulof repart finalement avec un prix spécial pour "Les graines du figuier sauvage", tourné en clandestinité.

Le prix est un symbole pour les artistes iraniens victimes de la répression, et une consécration pour un réalisateur qui a bravé la censure pendant des décennies avant de se résoudre à l'exil, à quelques jours du Festival. Il faisait à Cannes sa première apparition publique depuis.

"Permettez-moi d'avoir une pensée pour tous les membres de mon équipe qui ne sont pas avec moi pour célébrer ce prix. Mon chef opérateur, nombre de techniciens, qui sont sous pression. Mon cœur est avant tout avec eux", a déclaré Mohammad Rasoulof.

Jesse Plemons, Coralie Fargeat...

Dans le reste du palmarès, l'acteur américain Jesse Plemons a reçu le prix d'interprétation masculine pour sa performance dans le dernier Yorgos Lanthimos.

Une autre réalisatrice a été primée: la Française Coralie Fargeat, primée pour son deuxième long-métrage "The Substance", un film féministe ultra-gore avec Demi Moore, qui a décoiffé la Croisette.

Les grands déçus de ce festival sont les légendes du Nouvel Hollywood, dont les oeuvres, crépusculaires, sont reparties bredouille.

C'est le cas de Francis Ford Coppola, qui briguait à 85 ans une troisième Palme d'or. Et de Paul Schrader, d'abord connu comme scénariste de Martin Scorsese avant de devenir un cinéaste établi, dont le film "Oh, Canada!", avec Richard Gere en vieil homme mourant, a déçu.

Hollywood n'en était pas moins à la fête tout au long de cette édition, marquée aussi par la présentation hors compétition des films de Kevin Costner ou de "Furiosa", dérivé de "Mad Max".

Voici le palmarès du 77e Festival de Cannes:

- Palme d'or -

"Anora" de Sean Baker

- Grand Prix -

"All we imagine as light" de Payal Kapadia

- Prix de la mise en scène -

Miguel Gomes pour "Grand Tour"

- Prix du jury -

"Emilia Perez" de Jacques Audiard

- Prix spécial -

"Les graines du figuier sauvage" de Mohammad Rasoulof

- Prix du scénario -

"The Substance" de Coralie Fargeat

- Prix d’interprétation féminine -

Les actrices d'Emilia Perez de Jacques Audiard: Karla Sofía Gascón, Zoe Saldaña, Selena Gomez et Adriana Paz

- Prix d’interprétation masculine -

Jesse Plemons pour "Kinds of Kindness" de Yorgos Lanthimos

- Caméra d'or -

"Armand" de Halfdan Ullmann Tondel

- Palme d'or du court métrage -

"The man who could not remain silent" de Nebojsa Slijepcevic

- Palme d'or d'honneur -

George Lucas