
Le réalisateur français Jacques Audiard (g) et l'actrice américaine Zoe Saldana arrivent à la projection du film "Emilia Perez" lors de la 77e édition du Festival de Cannes, dans le sud de la France, le 18 mai 2024 / © AFP
Le Festival de Cannes sera politique lundi avec un film très attendu sur Donald Trump, l'un des 22 longs-métrages en course pour la Palme d'or, qui entre dans sa seconde moitié et est dominée pour l'instant par la comédie musicale "Emilia Perez" de Jacques Audiard.
Le jury, présidé par Greta Gerwig, découvre lundi "The Apprentice", un biopic très attendu à six mois de l'élection présidentielle américaine.
Il met en scène les jeunes années de Donald Trump, alors entrepreneur immobilier, et sa relation avec son confident et mentor en politique, l'avocat Roy Cohn, un homme qui a été étroitement associé au maccarthysme et à la mafia new-yorkaise.

L'acteur Sebastian Stan joue le rôle de l'ancien président des Etats-Unis / © Getty Images via AFP
Dans le rôle de l'ancien président des Etats-Unis, et actuel candidat à la présidentielle, Sebastian Stan ("Captain America") et dans celui de l'avocat, Jeremy Strong ("Succession"). Le film est signé d'un dano-iranien, Ali Abbasi, qui fait ses premiers pas à Hollywood après des films remarqués sur la Croisette ("Border" puis "Les nuits de Mashhad").
Egalement en compétition lundi, "Les Linceuls", du vétéran David Cronenberg, 81 ans, réalisateur de "Crash" ou "eXistenZ".
Fidèle à ses thèmes, il tourne cette fois avec Vincent Cassel et Diane Kruger une histoire de machine permettant aux vivants de se connecter à leurs proches disparus. Frisson garanti.

L'actrice espagnole Karla Sofía Gascón pose devant les photographes lors de la 77e édition du Festival de Cannes, dans le sud de la France, le 19 mai 2024 / © AFP
Ces films bouleverseront-ils la compétition ? Les jeux restent ouverts pour succéder à "Anatomie d'une chute", de Justine Triet, récompensé l'an dernier.
"Emilia Perez" tient la corde après avoir fait chavirer les cœurs de nombreux festivaliers. Certains imaginent même qu'elle puisse valoir une deuxième Palme d'or à son réalisateur Jacques Audiard après "Deephan" (2015).
La comédie musicale est en outre un genre qui parle à Greta Gerwig, qui a braqué le box-office mondial avec "Barbie".
"Une Palme, c'est déjà très bien", plaisante le réalisateur. Mais remettre un prix à l'actrice transgenre Karla Sofía Gascón, "ce serait fort, ce serait intelligent !", a-t-il ajouté, lors d'une rencontre avec des journalistes.
L'actrice espagnole, qui a entamé sa transition de genre à 46 ans, est la révélation du film dont elle tient le rôle principal, celui d'Emilia Perez et de celui qu'elle était auparavant, un narcotrafiquant prénommé Manitas.
La déception Coppola
Parmi les autres films loués par la critique, le très cinéphile "Caught by the Tides", du chinois Jia Zhang-Ke, qui agrège 25 ans d'images ou "Kinds of Kindness", film à sketches avec Emma Stone signé Yorgos Lanthimos, cinéaste grec devenu chouchou d'Hollywood ("Pauvres créatures"). Le film ne fait pas l'unanimité mais la performance de l'acteur Jesse Plemons a impressionné.

Le réalisateur américain Francis Ford Coppola fait un signe de la main lors d'un photocall pour le film "Megalopolis" lors de la 77e édition du Festival de Cannes, dans le sud de la France, le 17 mai 2024 / © AFP
A l'inverse, "Megalopolis", le projet pharaonique et testamentaire de Francis Ford Coppola, a profondément déçu, même si certains critiques américains veulent sauver le film.
L'idée d'une troisième Palme d'or, du jamais vu, semble désormais hypothétique. A moins que: en 1979, il avait obtenu sa deuxième Palme pour "Apocalypse Now", descendu en flèche par la critique.
Surtout, il reste encore au jury 11 films à voir d'ici la cérémonie de remise des prix, le 25 mai. Certains suscitent une forte curiosité, comme "L'amour ouf", de Gilles Lellouche, avec le couple Adèle Exarchopoulos/François Civil, le nouveau film sur Naples de Paolo Sorrentino ou celui de l'Iranien Mohammad Rasoulof.
Ce dernier est programmé au dernier jour de la compétition, vendredi. Le Festival et ses proches rêvent de voir le réalisateur qui vient de fuir clandestinement l'Iran, monter les marches.

Le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof pose à son arrivée le 27 mai 2017 pour la cérémonie de remise du prix "Un certain regard" lors de la 70e édition du Festival de Cannes, dans le sud de la France / © AFP/Archives
Grande voix du cinéma iranien, dans le viseur du régime des mollahs depuis des années, le réalisateur de 51 ans a été récemment condamné en appel à huit ans de prison dont cinq applicables.
Au terme d'un voyage qu'il décrit comme "épuisant et très dangereux", il a pu trouver un refuge en Allemagne. "Les chances pour qu'il puisse être présent à Cannes sont donc plus grandes", a déclaré à l'AFP son attachée de presse.
En dehors de la Compétition, le 77e Festival de Cannes va récompenser lundi le Studio Ghibli, et le maître de l'animation Hayao Miyazaki, qui ne fait pas le déplacement et sera représenté par son fils Gorō.