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Deux militants français arrêtés par les autorités israéliennes à bord d'un bateau qui tentait d'arriver à Gaza ont accepté leur expulsion d'Israël et quatre autres, dont l'eurodéputée de la gauche radicale Rima Hassan, ont refusé, a indiqué mardi le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.
"A ce jour, deux d'entre eux ont accepté de signer les papiers les expulsant du territoire israélien et leur permettant de rentrer dans notre pays. Quatre l'ont refusé", a déclaré à la presse M. Barrot, précisant que Mme Hassan faisait partie de ceux ayant refusé.
"Ceux qui refusent de signer les documents d'expulsion et de quitter Israël seront traduits devant une autorité judiciaire, conformément à la loi israélienne, pour autoriser leur expulsion", avait auparavant indiqué le ministère des Affaires étrangères israélien sur X, ajoutant que les militants avaient rencontré à l'aéroport les consuls de leurs pays respectifs.
Selon certains médias, les humanitaires ont été forcés à visionner une vidéo de plusieurs dizaines de minutes sur l'attaque du 7 octobre. "Il est normal que Greta, l'antisémite, et ses amis partisans du Hamas voient exactement qui est le groupe terroriste qu'ils soutiennent et au nom duquel ils agissent... [...] et contre qui Israël se bat pour se défendre", a déclaré Israël Katz dans un communiqué officiel. Les spécialistes internationaux, qui suivent la situation de près, ont décrit cette mesure comme de "la torture psychologique" infligée aux passagers du bateau.
Le Madleen a été arraisonné par Israël lundi matin alors qu'il tentait de rallier la bande de Gaza avec de l'aide humanitaire et 12 militants pro-palestiniens à son bord, dont la Suédoise Greta Thunberg. Il est arrivé dans la soirée de lundi au port israélien d'Ashdod.
Escorté par deux navires de la marine israélienne, le bateau est arrivé dans la soirée dans le port d'Ashdod, dans le sud d'Israël.
La Coalition de la flottille pour la liberté, qui a affrété le bateau, a confirmé que ses militants étaient sous la garde des autorités israéliennes et qu'ils "pourraient être autorisés à partir depuis Tel Aviv" dès la nuit de lundi à mardi.
"Nous continuons d'exiger la libération immédiate de tous les volontaires", a écrit l'organisation sur X, affirmant que "leur détention est illégale et constitue une violation du droit international".
Le voilier avec à son bord des militants français, allemand, brésilien, turc, suédois, espagnol et néerlandais, était parti d'Italie le 1er juin pour "briser le blocus israélien" de Gaza, en proie à une situation humanitaire désastreuse après plus de 20 mois d'une guerre déclenchée par l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur Israël.
L'armée israélienne a indiqué que le bateau avait été "arraisonné" dans la nuit, sans préciser à quel endroit.
"Si vous voyez cette vidéo, nous avons été interceptés et kidnappés dans les eaux internationales", a déclaré Greta Thunberg dans une vidéo préenregistrée partagée par la Coalition de la flottille pour la liberté.
Des images diffusées par cette dernière montrent les militants à bord portant des gilets de sauvetage orange, les mains en l'air au moment de l'interception, certains remettant leur téléphone portable conformément aux instructions. Peu de temps avant, certains ont jeté leur téléphone ou tablette par-dessus bord.
"Scandale"
La Coalition de la flottille pour la liberté, lancée en 2010, est un mouvement international non violent de soutien aux Palestiniens, combinant aide humanitaire et protestation politique contre le blocus de Gaza.
Outre Greta Thunberg, l'eurodéputée franco-palestinienne de gauche Rima Hassan figure aussi dans le groupe, ainsi que deux journalistes.
La France a "passé tous les messages" à Israël pour que "la protection" de ses ressortissants, au nombre de six, "soit assurée" et qu'ils "puissent retrouver le sol français", a déclaré lundi le président Emmanuel Macron, dénonçant comme un "scandale" le blocus humanitaire à Gaza.
Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées lundi soir à travers la France à l'appel de la gauche en soutien à ces militants.
La Turquie a dénoncé une "attaque odieuse" et une "violation flagrante du droit international".
En 2010, une flottille internationale transportant près de 700 passagers, partie de Turquie pour tenter de forcer le blocus de Gaza, avait été stoppée par une opération militaire israélienne qui avait fait dix morts parmi les militants.
Après avoir atteint la côte égyptienne, le Madleen s'était approché de Gaza en dépit des mises en garde d'Israël contre toute tentative de "briser le blocus maritime de Gaza, dont l'objectif principal est d'empêcher le transfert d'armes au Hamas".
"Publicité"
Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a accusé lundi "Greta Thunberg et les autres (d'avoir) essayé de mettre en scène une provocation médiatique dans le seul but de se faire de la publicité".
Israël fait face à une forte pression internationale pour mettre fin à la guerre. Les bombardements quotidiens de son armée ont dévasté la bande de Gaza, où la population est menacée de famine du fait du siège et des fortes limitations sur l'aide humanitaire, selon l'ONU.
Plusieurs drames sont survenus récemment à proximité d'un centre d'aide géré par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël, avec laquelle l'ONU refuse de travailler en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.
Dans un communiqué publié samedi, l'Organisation mondiale de la Sante (OMS) a mis en garde contre "l'effondrement du système de santé de la bande de Gaza", où "il n'y a déjà plus aucun hôpital en service dans le nord" du territoire.