
Le balcon de la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 6 mai 2025, d'où le nom du nouveau pape sera annoncé / © AFP
Les cardinaux chargés d'élire le pape sont enfermés depuis ce mercredi après-midi dans la chapelle Sixtine pour un conclave historique chargé de désigner, dans le plus grand secret, le successeur de François. Et le Luxembourgeois Jean-Claude Hollerich est cité parmi les "potentiels favoris".
Peu après 16H00 (14H00 GMT) les prélats vêtus de rouge et blanc se sont retrouvés pour une prière commune dans la chapelle Pauline avant de se rendre en lente procession dans la chapelle Sixtine voisine.
La main posée à plat sur une page de l'Evangile, ils se sont alors engagés en latin ("je promets, je m'oblige et je jure") à garder le secret sur ce conclave, sous peine d'excommunication.
"Extra omnes!" ("tous dehors!"), a ensuite lancé le maître des célébrations liturgiques pontificales, pour faire sortir les personnes non autorisées à participer à cette réunion à l'isolement drastique: aucun téléphone portable n'est autorisé.
A 17H45 (15H45 GMT), les portes se sont refermées sur les "princes de l'Eglise" et le secret de leur choix, face à la fresque majestueuse du Jugement dernier de Michel-Ange.
Intérêt massif
Le monde a depuis les yeux rivés sur la cheminée qui libérera, à la fin de chaque session, sa fumée annonciatrice: noire en l'absence de choix, et blanche si le pape est élu.
Couvert par quelque 5.000 journalistes, ce conclave suscite un intérêt massif dans le monde, bien au-delà des sphères religieuses, comme en témoignent les millions d'euros de paris sur l'identité du prochain pape, le succès des jeux en ligne ou les records du film "Conclave", sorti en 2024.
La sécurité a été renforcée aux abords de la place Saint-Pierre dont le nombre de points d'accès a été limité, et des fouilles des sacs organisées par la police.
"Nous avons su que le conclave commençait aujourd'hui et nous sommes venues. (...) Ce serait merveilleux de voir la fumée, peu importe si elle n'est pas blanche!", a affirmé à l'AFP Gabriella Sanz Balsells, une Argentine de 48 ans.
Dans un parc à proximité du Vatican, des militantes catholiques ont elles agité des fumigènes roses pour demander à ce que les femmes puissent être ordonnées prêtres.
Qui, parmi les 133 cardinaux, se présentera habillé de blanc au balcon de la basilique Saint-Pierre ?
Des Italiens Pietro Parolin et Pierbattista Pizzaballa au Maltais Mario Grech en passant par l'archevêque de Marseille, le Français Jean-Marc Aveline , ou le Philippin Luis Antonio Tagle, plusieurs noms ont émergé parmi les "papabili", considérés comme favoris.
Mais ce conclave s'annonce particulièrement ouvert avec une représentation inédite des "périphéries" chères au pape François, qui a nommé 81% des cardinaux électeurs.
"Il y a sans doute une opposition à la fois culturelle, et (faite) de ressentiment politique, de certaines Eglises du Sud à l'égard des Occidentaux et notamment des Européens", affirme à l'AFP François Mabille, directeur de l'Observatoire géopolitique du religieux.
Il existe aussi, selon lui, "un clivage" entre "ceux qui estiment qu'il faut rappeler en permanence la doctrine, et les profils plus pastoraux, dans une logique d'accompagnement" des fidèles.
Pour confronter leurs points de vue sur les défis de l'Eglise, les cardinaux ont tenu ces derniers jours 12 "congrégations générales" permettant de dessiner le profil du prochain pape.
Mais dans cette élection très ouverte, le contexte géopolitique pourrait peser.
"On peut tout à fait imaginer que les cardinaux sensibles au contexte international qu'on connaît depuis le retour de (Donald) Trump se disent qu'il faut une personne expérimentée à la tête de l'Eglise catholique, et notamment quelqu'un qui connaît parfaitement les relations internationales", ajoute François Mabille.