Cette photo prise dans la ville de Tyr, dans le sud du Liban, montre le site d'une frappe qui a visé un village, le 24 novembre 2024 / © AFP
Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a appelé dimanche à Beyrouth à un "cessez-le-feu immédiat" dans la guerre entre Israël et le Hezbollah, à l'heure où le mouvement libanais a tiré 160 projectiles en direction du territoire israélien.
Au lendemain d'une journée de bombardements israéliens particulièrement meurtriers au Liban, qui ont ciblé surtout le coeur de Beyrouth, le Hezbollah a annoncé dimanche plusieurs attaques aux drones et missiles contre des cibles et bases militaires dans la région de Tel-Aviv (centre) et dans le sud d'Israël.
Une photo fournie par le bureau de presse du Parlement libanais le 24 novembre 2024 montre le président du Parlement Nabih Berri (D) rencontrant le chef de la politique étrangère de l'Union européenne, Josep Borell, à Beyrouth / © LEBANESE PARLIAMENT/AFP
En Israël, les sirènes d'alerte ont retenti dans plusieurs régions, notamment dans la grande banlieue de Tel-Aviv, a indiqué l'armée en faisant état de 160 projectiles tirés du Liban voisin, dont certains ont été interceptés. Des dégâts ont été constatés à Petah Tikva.
Peu après l'annonce de ces projectiles par l'armée, l'Agence nationale d'information libanaise (Ani) a fait état de deux frappes israéliennes ayant touché la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah.
Les raids ont "causé des destructions massives dans une vaste zone géographique" du district de Kafaat, a ajouté l'Ani.
Des soldats et des secouristes les lieux d'une frappe aérienne israélienne qui a visé un poste de l'armée libanaise à al-Amriyeh, dans le sud du Liban, le 24 novembre 2024 / © AFP
De son côté, l'armée libanaise, qui n'est pas impliquée dans cette guerre, a annoncé qu'un de ses soldats avait été tué et 18 autres blessés dans une attaque israélienne contre leur position dans le sud du Liban, un fief du Hezbollah frontalier du nord d'Israël.
"Nous ne voyons qu'une seule voie possible: un cessez-le-feu immédiat et l'application intégrale de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU", a dit M. Borrell après ses entretiens avec le Premier ministre libanais Najib Mikati et le chef du Parlement Nabih Berri.
"Au bord de l'effondrement"
Des habitants de Petah Tikva, près de Tel-Aviv, inspectent les dégâts causés par des roquettes tirées depuis le Liban, le 24 novembre 2024 / © AFP
La résolution 1701, qui a mis fin en 2006 à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah, stipule que seuls l'armée libanaise et les Casques bleus de l'ONU soient déployés à la frontière sud du Liban. Ce qui implique un retrait du Hezbollah, mais aussi celui des soldats israéliens qui y mènent une offensive terrestre depuis le 30 septembre.
Israël dit vouloir mettre hors d'état de nuire le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien, des alliés de l'Iran, son ennemi. Il a juré de détruire le Hamas après l'attaque sans précédent de ce mouvement islamiste sur son sol le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza, et cherche à faire cesser les tirs de roquettes du Hezbollah sur son territoire.
Le 8 octobre 2023, le Hezbollah a ouvert un "front de soutien" à son allié palestinien, cible d'une offensive de représailles israélienne à Gaza.
Des habitants inspectent les dégâts après le tir de roquettes depuis le Liban, à Petah Tikva, près de Tel-Aviv, le 24 novembre 2024 / © AFP
Après un an de violences transfrontalières et après avoir affaibli le Hamas à Gaza, Israël a déplacé le coeur de ses opérations au Liban en lançant une intense campagne de bombardements à partir du 23 septembre sur les fiefs du Hezbollah.
"Nous devons faire pression sur le gouvernement israélien et maintenir la pression sur le Hezbollah pour qu'ils acceptent la proposition américaine de cessez-le-feu", a dit M. Borrell, en soulignant que l'UE était prête à fournir 200 millions d'euros pour aider à renforcer l'armée libanaise.
"Rejet du cessez-le-feu"
Cette proposition en 13 points prévoyant une trêve de 60 jours et le déploiement de l'armée dans le sud du Liban, a été discutée par l'émissaire américain Amos Hochstein qui a fait la navette plus tôt cette semaine entre le Liban et Israël.
Des manifestants brandissent des pancartes lors d'un rassemblement antigouvernemental exigeant des mesures pour la libération des Israéliens retenus en otage à Gaza, devant le ministère de la Défense à Tel-Aviv, le 23 novembre 2024 / © AFP
Mais aucun résultat n'a été annoncé et la cadence des frappes israéliennes principalement contre les fiefs du Hezbollah au Liban s'est accélérée après sa mission.
"En septembre, je suis venu et j'espérais encore que nous pourrions empêcher une guerre ouverte d'Israël contre le Liban. Deux mois plus tard, le Liban est au bord de l'effondrement", a ajouté M. Borrell.
Pour M. Mikati, "le ciblage direct par l'ennemi israélien d'une position de l'armée (libanaise) est un message direct et sanglant de rejet de tous les efforts pour parvenir à un cessez-le-feu".
Le ministère libanais de la Santé estime qu'au moins 3.670 personnes ont été tuées dans le pays depuis octobre 2023, la plupart depuis septembre de cette année. Côté israélien, 82 militaires et 47 civils ont été tués en 13 mois.
Au moins onze morts à Gaza
Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwan, blessé après une frappe israélienne qui, selon la défense civile locale, a touché l'établissement à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, tard le 23 novembre 2024 / © AFP
Sur le front sud d'Israël, dans la bande de Gaza assiégée et dévastée, onze Palestiniens ont été tués dans des frappes israéliennes, selon la Défense civile locale.
Le directeur de l'hôpital Kamel Adwan, Hossam Abou Safiyeh, a été grièvement blessé dans une attaque nocturne de drone sur l'établissement dans le nord du territoire palestinien, d'après la même source.
Cet hôpital est l'un des derniers à encore partiellement fonctionner dans le territoire palestinien en proie à un désastre humanitaire.
Considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, le Hamas a pris le pouvoir à Gaza en 2007, deux ans après le retrait d'Israël de ce territoire qu'il a occupé pendant 38 ans.
Des enfants palestiniens déplacés se tiennent sur des sacs de sable utilisés pour protéger les tentes des inondations, à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 24 novembre 2024 / © AFP
En riposte à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive militaire dévastatrice à Gaza qui a fait au moins 44.211 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
L'attaque du 7-octobre a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité. Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées, dont 97 restent otages à Gaza, parmi lesquelles 34 déclarées mortes par l'armée.