
Des déchets en feu à Paris dans la nuit du 29 juin. / © Fiachra GIBBONS / AFP
Les autorités espèrent contenir l'embrasement des quartiers populaires grâce aux développements de l'enquête et à une marche blanche jeudi à Nanterre après la mort de Nahel, 17 ans. Le policier auteur du tir mortel sur Nahel, 17 ans, à Nanterre mardi, va être suspendu, a indiqué jeudi, le ministre de l'Intérieur
De nombreux quartiers ont été le théâtre de violences partout en France cette nuit. De Paris à Toulouse, et jusqu'en Lorraine, des dégradations volontaires, voire des incendies, ont été signalés après la mort de Nahel, tué lors d'un contrôle de police.
Sur le seul ressort de la préfecture de police de Paris (la capitale et les trois départements de la petite couronne), 77 interpellations avaient été effectuées peu avant 2h00 jeudi, contre 31 dans toute la France la nuit précédente.
La radio France Bleu Lorraine signale que plusieurs incidents ont eu lieu dans des villes de Moselle. À Metz, Thionville, Fameck, Forbach ou Woippy, les autorités et les secours sont intervenus. Et ont parfois été ciblés par des tirs de feux d'artifice ou des jets de pierre.
Des vidéos montrant effectivement des tirs d'artifice et des feux allumés à Woippy ont été diffusées en ligne, sans qu'il ne soit possible de vérifier le lieu et la date des incidents filmés. La page ITLF signalait notamment des voitures en feu à Thionville et Uckange.
Une bibliothèque a été incendiée à Mont-Saint-Martin, en Meurthe-et-Moselle, à la frontière luxembourgeoise. L'agglomération de Nancy a également été concernées par des incidents cette nuit.
Le policier suspendu administrativement
le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en déplacement à Mons-en-Baroeul (Nord) au lendemain d'une nuit de violences a expliqué qu'il avait "demandé au préfet de police de suspendre administrativement le policier".
Ce motard de 38 ans doit être présenté jeudi à un juge d'instruction en vue d'une possible mise en examen pour "homicide volontaire".
Le procureur de Nanterre a annoncé ce jeudi l'ouverture d'une information judiciaire pour homicide volontaire visant le policier auteur du coup de feu. Il a également requis son placement en détention. "Le parquet considère que les conditions légales d'usage de l'arme (par le policier) ne sont pas réunies", a estimé devant la presse le magistrat, Pascal Prache, ajoutant que le policier était présenté devant deux juges d'instruction de Nanterre.
Violences à Nanterre, prison attaquée à Fresnes
Plutôt calme en début de soirée, la situation s'est particulièrement tendue à Nanterre, déjà théâtre d'affrontements entre habitants et forces de l'ordre la nuit précédente.
Plus d'une dizaine de voitures et nombre de poubelles ont été incendiées, et des barrières ont été placées sur la route, ont constaté des journalistes de l'AFP. Les murs d'un immeuble ont été tagués des mots "Justice pour Nahel" et "Police tue".
Des affrontements se sont poursuivis jusqu'en milieu de nuit dans la cité Pablo-Picasso, avec des jets de pavés auxquels les forces de l'ordre ont répondu par des tirs de gaz lacrymogène.

Des manifestants à Nanterre dans la nuit de mercredi à jeudi. / © Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP
Le poste de sécurité de l'entrée du domaine de la prison de Fresnes (Val-de-Marne) a été attaqué au mortier d'artifice, selon une source policière. Les émeutiers n'ont toutefois "pas pénétré dans l'enceinte de la prison", a précisé cette source. La situation de la Seine-Saint-Denis a particulièrement marqué les observateurs, avec de nombreuses exactions commises par des groupes d'émeutiers très mobiles.
D'autres violences et actes de vandalisme ont émaillé la nuit à Amiens, dans divers quartiers prioritaires de la ville, perpétrés entre 23H30 et 3H30 environ par "divers groupes de quelques dizaines d'individus souvent cagoulés", a affirmé la maire UDI, Brigitte Fouré.
Dans le quartier de grands ensembles d'Etouvie, la médiathèque "qui venait d'être réceptionnée et devait être inaugurée prochainement a été complètement détruite", "il ne reste que la trame du bâtiment, en bois", a détaillé la maire. "On peut seulement sauver quelques livres", a-t-elle relevé.

Un pompier en train d'éteindre un incendie à Nanterre ce 29 juin. / © Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP
Une "spirale destructrice" dans les villes
Dès mercredi matin, pourtant, la mairie de Nanterre avait supplié de mettre fin à une "spirale destructrice". Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé la mobilisation pour la soirée de mercredi de 2.000 policiers et gendarmes à Paris et dans sa petite couronne, 800 de plus que la nuit passée. Les appels au calme ont fusé de toutes parts, et les pouvoirs publics ont multiplié les prises de parole pour prévenir la contagion des violences.
Le président Emmanuel Macron a évoqué un acte "inexplicable" et "inexcusable", des mots qui ont été critiqués par l'extrême droite et les syndicats de policiers.
La mère de Nahel a elle appelé dans une vidéo à une marche blanche jeudi à 14h00 devant la préfecture des Hauts-de-Seine, tout près des lieux du tir mortel, en exprimant sa "révolte pour (son) fils".