Les Néerlandais votent mercredi pour des élections législatives anticipées qui devraient permettre d'évaluer l'ampleur de la poussée de l'extrême droite partout en Europe.

Les Néerlandais votent mercredi pour des élections législatives anticipées qui devraient permettre d'évaluer l'ampleur de la poussée de l'extrême droite partout en Europe.

Les sondages suggèrent que Geert Wilders, figure de proue anti-immigration et anti-islam, est en passe de réitérer son succès électoral spectaculaire d'il y a deux ans avec sa formation d'extrême droite, le Parti pour la Liberté (PVV).

Mais il ne sera a priori pas Premier ministre, quel que soit le résultat, les principaux autres partis ayant exclu pour l'instant toute nouvelle collaboration avec lui, le jugeant peu fiable ou ses opinions trop peu acceptables.

Avec la moitié des électeurs encore indécis et la réduction des écarts entre trois autres partis, il est en outre difficile de se prononcer sur l'issue du scrutin.

"Il est impossible de prédire pour l'instant qui pourrait remporter les élections car quatre partis sont à égalité pour la première place", a déclaré à l'AFP Sarah de Lange, professeure de sciences politiques à l'Université de Leyde.

"De plus, plus de 50% des électeurs néerlandais sont encore indécis", a-t-elle ajouté.
M. Wilders a déclenché les élections en torpillant le gouvernement sortant après un différend sur l'immigration, retirant le PVV d'une fragile coalition quadripartite.
Aux Pays-Bas, le système politique est tellement fragmenté qu'aucun parti ne peut obtenir les 76 sièges nécessaires pour gouverner seul. Le consensus et les coalitions sont donc essentiels.

Cruciale deuxième place

"L'avenir de notre nation est en jeu", a dit M. Wilders à l'AFP dans un entretien avant le vote.
"Comme partout en Europe, les gens en ont assez de l'immigration massive et du changement culturel", a souligné ce dirigeant d'extrême droite.

Son score aux Pays-Bas, la cinquième économie de l'Union européenne, sera considéré comme un baromètre de la force de l'extrême droite, des partis similaires ayant le vent en poupe en France, en Allemagne et au Royaume-Uni.

Bart Paalman, un boulanger de 53 ans, a voté à la maison Anne Frank à Amsterdam, transformée en bureau de vote.

"La société devrait être plus positive. C'est pourquoi je vote pour un parti qui n'est pas si agressif", a-t-il expliqué à l'AFP.

La campagne s'est principalement jouée autour de l'immigration et de la crise du logement, qui touche surtout les jeunes de ce pays densément peuplé.
Geert Wilders étant mis à l'écart, celui qui arrivera en deuxième position deviendra probablement Premier ministre.

Dans les sondages, il s'agit actuellement de Frans Timmermans, un ancien vice-président de la Commission européenne qui se présente comme une valeur sûre après des mois de chaos politique.
"Les Pays-Bas sont l'un des pays les plus riches de la planète et, pourtant, on n'a pas vraiment confiance en nous", a déclaré dans un entretien avec l'AFP le chef de l'alliance de gauche Verts/Travaillistes.
"Nous devons rétablir cette confiance", a ajouté M. Timmermans, 64 ans.

Mais celui qui est monté en flèche ces derniers jours, c'est Rob Jetten, 38 ans, et son parti de centre gauche D66, grâce à un message optimiste et une forte présence médiatique.
"Je veux ramener les Pays-Bas au cœur de l'Europe car sans coopération européenne, nous ne sommes nulle part", a-t-il dit à l'AFP après avoir voté à La Haye.

"Mort de la démocratie"

L'étoile montante du centre droit, Henri Bontenbal (CDA, chrétiens-démocrates), 42 ans, se présente également comme le candidat de la stabilité.
"Je suis convaincu que les Néerlandais ne sont extrêmes ni d'un côté ni de l'autre", a affirmé auprès de l'AFP M. Bontenbal.

Après les élections, les négociations pour former une coalition pourraient prendre des mois.
En attendant, le Premier ministre démissionnaire, Dick Schoof, continue de diriger les Pays-Bas, à contrecœur. "Je ne vous le souhaite pas", a-t-il lancé à un député au Parlement à propos de sa situation.
"Si vous acceptez ce poste, vous savez qu'il prendra fin un jour", a souligné M. Schoof dans des déclarations à l'AFP après avoir voté.

Aux yeux de M. Wilders, "la démocratie sera morte" si on l'empêche à nouveau d'être Premier ministre malgré une nouvelle victoire électorale.

"Je pense que les choses vont mal tourner s'il est à nouveau ignoré", a estimé Piet Verhasselt, un ouvrier, pendant la campagne électorale : "On ne peut pas ignorer des millions de voix!"