L'ADR critique l'alphabétisation en français au Luxembourg, l'accusant de "diviser la société". Le ministre de l'Éducation nationale rétorque qu'il faut donner des chances équitables d'éducation à chaque enfant.

L'alphabétisation en français "entraînera une francophonisation du pays et, au lieu de favoriser l'intégration, le ministre de l'Éducation nationale Claude Meisch va diviser la société avec le projet Alpha". Voilà la critique formulée par le chef du groupe parlementaire ADR, Fred Keup, lundi matin sur RTL.

"Nous avons déjà une francophonisation de la société, et maintenant l'école va suivre. Je pense que nous allons perdre notre multilinguisme, le luxembourgeois et l'allemand aussi, à long terme. Cela affectera grandement l'identité du pays et le fonctionnement de la société. Il faut être conscient de la duperie à laquelle Monsieur Meisch procède. Progressivement, pour que personne ne le remarque. Nous ne construisons plus de lycées classiques, seulement des écoles internationales. C'est une implosion de notre système scolaire tel que nous le connaissons, garant de la coexistence, de l'intégration et du maintien de notre multilinguisme traditionnel" affirme Fred Keup.
 
Des déclarations que le ministre libéral de l'Éducation ne veut pas laisser passer. Interrogé par RTL, Claude Meisch a indiqué que Fred Keup affirme des choses inexactes et qu'il ignore un problème majeur:

"C'est ce que disent l'étude Pisa, le LUCET et le rapport sur l'éducation de l'Uni.lu : les enfants étrangers sont défavorisés dans notre système scolaire. Nous voulons changer cela. Nous souhaiterions offrir des chances équitables d'éducation à chaque enfant, indépendamment de ses origines culturelles et linguistiques. C'est une question d'humanité et d'éthique. Je pense donc qu'il est de notre devoir, et que c'est aussi une exigence économique, que chaque enfant puisse développer pleinement son potentiel."

RTL

© Eric Ebstein / archive

 
Il est faux d'affirmer que les enfants seront séparés : ils seront ensemble pendant les deux tiers des heures de cours et, pendant près de la moitié de ces heures, les élèves pourront parler luxembourgeois. Il n’y a donc pas de francophonisation du système scolaire, insiste le ministre.

L'ADR "méconnaît les faits et voudrait laisser les choses telles qu'elles sont", mais cela ne fonctionne pas, poursuit Claude Meisch. Nous aurions ici affaire à des responsables politiques "qui ne sont plus seulement des conservateurs de droite", a encore ajouté Claude Meisch.