Alexandre Ecker, le nouveau directeur du ZLS, Zenter fir d’Lëtzebuerger Sprooch (Centre pour la langue luxembourgeoise) était l'invité de la rédaction de RTL lundi.

"Préparer le luxembourgeois à la numérisation et à l’intelligence artificielle, c’est le plus grand défi pour la langue luxembourgeoise aujourd’hui", explique Alexandre Ecker.

Il s'agit de "produire de bonnes données pour alimenter les nouveaux systèmes numériques", afin que ces systèmes maîtrisent également une "bonne" langue luxembourgeoise. Dans les autres langues, il existe déjà de très bons programmes de reconnaissance, avec lesquels vous pouvez parler au téléphone et ensuite un message est rédigé. Il y aura aussi bientôt un tel programme de transcription pour le luxembourgeois: d'Schréifmaschinn (la machine à écrire) et il fonctionne bien.

De plus, l'Université du Luxembourg travaille à un autre programme. Ces systèmes s'en sortiront même avec les dialectes de la langue luxembourgeoise, précise l'invité. Dans ce contexte, il existe aussi des contacts avec des géants de la technologie tels qu'Apple et Google. Ils ne sont toutefois "pas intéressés par des programmes de reconnaissance linguistique prêts à l'emploi, mais souhaitent intégrer les données fournies dans leurs propres systèmes."

“Gare la box” (gare à toi/à vous), “maach keng Fisematenten” (ne fais pas d'histoires)

Il existe beaucoup de beaux vieux mots luxembourgeois et pour qu’ils ne disparaissent pas, il faut simplement les utiliser. "Ce sont les locuteurs qui font la langue," considère Alexandre Ecker.

Le ZLS a publié une belle série de "Lëtzebuerger Wuertschatz", des lexiques luxembourgeois, où on peut retrouver des expressions plus anciennes presque disparues, mais pas uniquement. Ainsi un tome est prévu sur le langage des jeunes. Plusieurs nouveaux projets seront présentés lors des Journées du livre à Walferdange.

Le luxembourgeois, une langue vivante

"Le luxembourgeois est une langue vivante," souligne le directeur du ZLS. Il est donc aussi "normal que les anglicismes soient de plus en plus nombreux" en luxembourgeois.

D'une part, "parce qu'il s'agit de choses nouvelles pour lesquelles il n'existe pas de mots luxembourgeois. L'exemple par excellence, c'est l'informatique, pour lequel de nombreux nouveaux mots sont apparus, parce qu'ils décrivent des choses qui viennent de l’espace anglo-saxon." Il s'agit d'"une évolution tout à fait normale, qui se voit aussi en français et en allemand." 

D'autre part, les anglicismes sont normaux parce que "les jeunes utilisent ces mots et que ce sont les locuteurs qui font une langue, comme je l'ai déjà dit." Le Centre est là "pour observer ce phénomène et l'accompagner." "Si nous voyons qu'un mot est vraiment à ce point établi qu'il est normal pour tout le monde et plus remarquable, alors il a sa place dans le LOD", le "Lëtzebuerger Online Dictionnaire" (dictionnaire luxembourgeois en ligne).

Les nombreux nouveaux projets du ZLS 

Une nouvelle langue sera très bientôt retenue dans le LOD. Le directeur du ZLS n'a pas encore souhaité dévoiler laquelle. La série des lexiques luxembourgeois va aussi être étoffée.

Un tome sera bientôt publié sur les animaux en luxembourgeois et un autre sur les insultes. "Nous avons effectivement remarqué que les insultes sont très appréciées. En analysant les recherches, les insultes sont, de loin, en pole position", selon Alexandre Ecker.