Tous riches au Luxembourg ? Loin de là, rappelle une étude de la Banque Centrale (BCL), qui constate que le Luxembourg est le pays européen où la dette à la consommation est la plus répandue parmi les ménages à faible revenu.

Bien sûr, lorsqu'on pense "dette au Luxembourg", on pense d'abord au logement, qui pèse lourd sur l'ardoise des résidents. Mais on parle moins des autres formes d'endettement, à commencer par les dettes à la consommation. Qu'il s'agisse de s'acheter une voiture, de financer des travaux imprévus dans le logement, de se renflouer temporairement quand le salaire ne suffit plus, ou pour "s'offrir une petite folie", toujours est-il que ces dettes peuvent vite plomber nos finances. D'autant que les taux d'intérêts pour ces prêts sont souvent salés !

Or, au Luxembourg, une importante part de la population a mis le doigt dans cet engrenage. A tel point que le Luxembourg est le pays européen "où la dette à la consommation est plus répandue parmi les ménages à faible revenu", rapporte la Banque Centrale du Luxembourg dans une récente publication.

Cette dette à la consommation, détenue par 35 % des ménages, est plus commune que la dette hypothécaire (détenue par 31 % des ménages). Plus de 13 % des ménages détiennent à la fois une dette hypothécaire et une dette à la consommation.

Énormément de résidents s'endettent pour acheter un véhicule

RTL

La principale composante de la dette à la consommation sont les prêts personnels, détenus par 26 % des ménages au Luxembourg (20 % dans la zone euro). Le niveau moyen des prêts personnels est deux fois plus élevé au Luxembourg que dans la zone euro.  Parmi les 20 % des ménages les plus modestes, le niveau au Luxembourg est même trois fois plus élevé que dans la zone euro.

En moyenne, les prêts personnels représentent seulement 16 % du revenu brut du ménage au Luxembourg, ce qui est comparable à la zone euro (17 %).  De plus, au Luxembourg 70 % des ménages avancent l'achat d'un véhicule comme raison principale pour leur prêt personnel, raison citée par seulement 38 % des ménages en zone euro. Cette différence fournit encore une explication pour le niveau plus élevé des prêts personnels au Luxembourg.

Cartes de crédit : des choix parfois "irrationnels"

RTL

Une deuxième composante de la dette à la consommation sont les cartes de crédit.  Au Luxembourg, près de 84 % des ménages possèdent des cartes de crédit, presque deux fois plus qu'en zone euro. Cependant, seulement 5 % des ménages utilise ces cartes pour accumuler de la dette, au Luxembourg comme dans la zone euro. En général, la probabilité de posséder une carte de crédit augmente avec le revenu du ménage et son niveau d'éducation. Cette probabilité augmente aussi parmi les ménages qui se considèrent soumis à des contraints de crédit (environ 7 % des ménages, que ce soit au Luxembourg ou dans la zone euro).

Selon les données HFCS de 2018, plus de 90 % des ménages avec de la dette accumulée sur leur carte de crédit avaient des soldes positifs sur leurs comptes bancaires. Plus de 70 % de ces ménages avaient suffisamment d'argent pour rembourser leur dette sur carte de crédit. "Ce comportement semble irrationnel, si on compare le taux d'intérêt très élevé que les ménages payent quand ils accumulent de la dette sur leurs cartes de crédit aux faibles rendements qu'ils gagnent sur leurs comptes courants et d'épargne".  Les résultats indiquent que "ce comportement peut s'expliquer par des différences dans l'aversion au risque et par des craintes d'un futur resserrement de leur accès au crédit".