Autrefois importés en Europe pour leur fourrure, les ratons laveurs sont devenus une espèce invasive, menaçant la faune locale et nécessitant désormais une réglementation stricte pour leur capture et leur gestion.
Dans les années 1930, la fourrure était synonyme d’élégance, et un animal en a particulièrement fait les frais : le raton laveur.
C’est à cette époque que l’espèce a été introduite en Europe, où elle s’est rapidement adaptée à son nouvel environnement. Près d’un siècle plus tard, la population a explosé, et les experts alertent : les ratons laveurs représentent une menace sérieuse pour la faune indigène.
Très intelligents et adaptables, ils prospèrent aussi bien dans les forêts que dans les zones urbaines. Aux États-Unis, on les surnomme affectueusement les “trash pandas” (« pandas des poubelles ») pour leur talent à ouvrir les bacs à ordures et fouiller les déchets.
En Europe, leur présence est toutefois loin d’être anodine. Les ratons laveurs sont officiellement classés comme espèce invasive, ce qui signifie que leur propagation doit être strictement surveillée et maîtrisée afin de protéger les écosystèmes locaux.
Une espèce à double visage
Pour les chasseurs, le raton laveur n’est pas une priorité, mais les chiffres parlent d’eux-mêmes.
La chasse de ce petit prédateur est autorisée toute l’année, bien qu’elle ait lieu principalement de nuit. En 2015, 633 ratons laveurs avaient été abattus, contre 1 357 en 2022, selon le Statec.
À Wincrange, 168 individus ont encore été abattus en 2023.
Ces animaux représentent une menace pour de nombreuses espèces locales : nids d’oiseaux, faons, levrauts ou grenouilles – rien n’est épargné, explique Carmen Weisgerber, directrice adjointe de l’Administration de la nature et des forêts (ANF).
Autrefois présents surtout dans le nord du pays, les ratons laveurs gagnent désormais les zones urbaines, y compris la capitale.
Un impact réel sur la faune locale
Aussi attendrissants qu’ils paraissent, les ratons laveurs peuvent vite devenir problématiques.
S’ils peuvent être capturés légalement, il est désormais interdit de les relâcher dans la nature.
De ce fait, les centres de soins pour animaux sauvages ne peuvent pas les accueillir, et même les parcs animaliers des pays voisins affichent complet lorsqu’il s’agit d’en héberger.
Techniquement, leur abattage est autorisé, puisqu’ils sont classés comme espèce invasive, précise Felix Wildschütz, chef du service d’inspection vétérinaire.
Mais cette pratique n’est possible que dans le cadre d’un plan d’action officiel sous la responsabilité du ministère de l’Environnement.
Selon l’ANF, son rôle s’arrête une fois que l’animal a été capturé en toute sécurité.
Félicitations, vous avez capturé un raton laveur… et maintenant ?
En dehors de la chasse, la capture d’un raton laveur nécessite un permis au Luxembourg.
Celui-ci peut être obtenu relativement rapidement en déposant une demande auprès de l’ANF.
L’an dernier, une trentaine d’autorisations ont été délivrées.
Le processus est encadré de près, notamment pour ce qui concerne les pièges, qui doivent répondre à des critères stricts garantissant le bien-être de l’animal, explique Carmen Weisgerber.
Des efforts sont également en cours pour simplifier les démarches administratives.
Pour l’heure, toute personne ayant capturé un raton laveur doit décider seule de ce qu’il convient d’en faire – ou attendre que les autorités tranchent sur le sort de l’animal.
La décision finale revient, là encore, au ministère de l’Environnement.