La collaboration entre l'État et le Science Center devrait être organisée différemment selon le ministère de l'Éducation. Le directeur du Centre émet des réserves.

Le ministère de l'Éducation pose des conditions claires pour la poursuite de la coopération avec l'asbl Luxembourg Science Center. Mais le président de celle-ci, Nicolas Didier, qui a passé des commandes à sa société privée via l'ASBL, ne souhaite pas vraiment aborder le sujet.

Lex Folscheid, Premier Conseiller de gouvernement au ministère de l'Education, parle franc: "Cela ne pourra pas continuer comme jusqu'à présent. Nous avons des conditions très claires que nous imposerons pour poursuivre la collaboration entre l'Etat et le Science Center."

Lex Folscheid poursuit: "Qu'en fait cette structure du Science Center couplée à une SARL, qui fournit un certain nombre de prestations pour le Science Center, que cette structure ne puisse plus être conservée à l'avenir. Nous voyons là un trop gros risque d'abus, un trop grand manque de transparence."

Il faut par conséquent mettre fin aux relations avec la société privée de Nicolas Didier, GGM11, qui a construit pour le Science Center (LSC) les stations d'expérimentations et qui fournit aussi d'autres services.   
"L'une de nos conditions est donc que tout soit dans une structure," souligne Lex Folscheid.

LE CONSEIL D'ADMINISTRATION ET LE MINISTERE DE L'EDUCATION N'ETAIENT PAS CONSCIENTS DE CES RELATIONS

Depuis 2017, le ministère de l'Education a versé en gros environ 22,8 millions d'euros de subventions directement ou indirectement au Science Center, dont Nicolas Didier est le président et directeur. C'est en cette qualité qu'il a passé des commandes à la société GGM11, dont il est le gérant et qui lui appartient. C'était un fait, dont pourtant ni le conseil d'administration de l'ASBL, ni les responsables au ministère de l'Education n'étaient conscients, comme ils l'ont confirmé à RTL.

GGM11 n'a en fait aucun autre client que le Science Center, confirme Nicolas Didier: "C'était la Ville de Differdange, c'était la Fondation Léierbud, mais qui sont d’une façon ou d’une autre liées au Science Center."

Ainsi l'argent venait aussi, d’une façon ou d’une autre, du ministère de l'Education. A ce propos Lex Folscheid dit: "Et l'autre condition est que l'État obtienne une forte représentation au sein de cette structure, afin que nous puissions également remplir notre fonction de contrôle au sein de la structure."

Ces conditions ont déjà été communiquées à Nicolas Didier lors du conseil d'administration du Science Center l'automne dernier. Ce dernier a alors fait une proposition, selon Lex Folscheid: "Mais dans laquelle nos conditions n'étaient pas remplies. Ce qui signifie où n'était pas créée une structure unique, mais où auraient continué à subsister les structures de l'ASBL et de la SARL." 

Sa position n'a pas changé. A la question de savoir s'il donnerait son accord à une intégration de la société GGM11 au Science Center, Nicolas Didier répond:
"Pas à l'intégration au Science Center, cela n'a pas de sens, car ce sont deux activités très différentes. Mais on pourrait envisager de pouvoir éventuellement trouver une structure, où les deux seront un peu plus liées qu'elles le sont actuellement."

Il ne faudrait pas l'oublier, prévient Nicolas Didier: "Il s'agit d'une initiative privée. Le Science Center est également une initiative privée. Et là, il faut se poser d'une manière ou d'une autre la question de savoir comment on collabore avec les pouvoirs publics."

Quand on indique à Nicolas Didier que ces pouvoirs publics financent l'initiative privée et qu'ils veulent juste une structure, il répond:"Ben, alors ils doivent se mettre d'accord avec le propriétaire."

LES FLUX FINANCIERS SERONT RADIOGRAPHIES

Entre autres, à cause de cette attitude, le ministère de l'Éducation a déjà fait appel à l'Inspection générale des finances (IGF) il y a quelques mois. Elle est chargée de: "Radiographier la structure actuelle en ce qui concerne les flux financiers, en ce qui concerne le financement. Pour une fois pouvoir clarifier quels sont les droits de propriété des différents éléments qui se trouvent dans le Science Center et pour pouvoir nous guider dans la question de savoir à quoi ressemblerait une future structure de gouvernance, si on parle maintenant d'une ASBL, d'une fondation ou d'un établissement public."

Et aussi quels devraient être la participation et le contrôle de l'Etat.

Derrière cela se pose évidemment aussi la question de savoir quelle est la valeur d'une entreprise qui vit exclusivement des commandes d'une seule ASBL principalement financée par l'État. Au cas où l'Etat devrait l'acheter pour réunir au sein d'une structure unique tous les gens qui travaillent pour le Science Center, ce qui représente plus de 50 personnes en comptant l'ASBL et la société privée.

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Nicolas Didier affirme avoir investi 2,4 à 2,5 millions d'euros dans son entreprise. Mercredi prochain, le ministre de l'Education, Claude Meisch, se rendra devant la Commission du contrôle budgétaire et la Commission de l'Education. Les députés lui ont demandé de fournir des explications sur les travaux de l'IGF. Mardi, le ministre a répondu à plusieurs questions parlementaires posées par des députés après la publication des révélations du site Reporter.lu.