Trois joueurs se sont confiés dans une interview exclusive sur cette discipline qui se développe depuis quelques années au Grand-Duché.
Au Luxembourg comme dans d'autres pays, le poker est devenu très populaire en très peu de temps. Ken Geschwind explique que c'est "un phénomène qui s'est déclenché lorsque Chris Moneymaker a remporté le World Series of Poker en 2003 et une somme de 2,5 millions de dollars avec ça alors qu'il s'était qualifié par internet en jouant 2 malheureux dollars ". Cette victoire "a prouvé au monde entier qu'au poker, il était possible de jouer et de se mesurer aux meilleurs".
Avec des hauts et des bas, ce jeu de cartes a tout de même subsisté sur le territoire national malgré les nombreux obstacles qui se sont dressés sur le chemin des joueurs. Il faut savoir qu'au Grand-Duché, jouer au poker en pariant de l'argent, ce n'est pas nécessairement légal. Ensuite, les jeux d'argent, tout le monde le sait, c'est plutôt mal vu.




Et pourtant, de plus en plus de Luxembourgeois s'initient au poker en participant à des tournois organisés par des ASBL et ce, à travers tout le pays. En réalité, quand on veut jouer au Luxembourg, on trouve toujours une table. En ce qui concerne les joueurs plus aguerris qui sont à la recherche d'un véritable challenge, il faut passer la frontière et se diriger vers les casinos environnants.
Parce qu'il faut le savoir, non seulement le phénomène poker est-il bel et bien réel au Grand-Duché mais en plus, le pays dispose de plusieurs très bons joueurs. Ken Geschwind, vainqueur du Side Event de l'European Poker Tour de Vienne en 2013, Jeroen Choinier, quatrième sur 1300 joueurs à Las Vegas cet été et Sami Agel, joueur invétéré qui a récemment sorti le frère de Neymar d'un Side Event de l'European Poker Tour à Barcelone en sont trois exemples retentissants.
Ken Geschwind est photographié juste après sa victoire à Vienne. / © Tomas Stacha
Dans une discipline qui fait l'objet de beaucoup de préjugés, Ken Geschwind insiste sur le fait que le poker "n'est pas seulement un jeu de chance mais qu'il y a toute une psychologie dans le jeu". Pour lui, ce qui fait la différence entre un bon joueur et un mauvais joueur c'est "le fait de savoir s'adapter à tous types de situations et à tous types de joueurs". Le poker, c'est son travail à plein temps et il lui arrive de passer plus de 14 heures par jour sur les tables. Ne vous méprenez pas, pour Ken, il ne s'agit pas de prendre des risques avec son argent mais "d'analyser les situations et de jouer en conséquence" et jusque là, ça se passe plutôt bien. Avec des propositions de coaching à Vienne et une réputation déjà toute faite, il peut tranquillement s'adonner à sa passion.
Le Luxembourgeois est arrivé à la table finale cet été à Las Vegas. / © Jeroen Choinier
Dans le cas de Jeroen, il s'agit plus de "s'amuser sans prendre de risques stupides". Il ne joue quasiment plus aujourd'hui mais continue d'aimer le poker dont il préfère la variante Omaha. Quand il jouait régulièrement, il y passait le plus clair de son temps mais toujours en respectant son "bankroll". Le bankroll c'est quoi ? Et bien c'est simple, c'est l'argent gagné à travers le poker qui est réinvesti dans le poker moyennant un système très précis. Quand on lui parle de son parcours impressionnant à Las Vegas, Jeroen dit qu'il voulait "tenter l'expérience", qu'il savait que "c'était le moment ou jamais". A nouveau, c'est une expérience qui s'est conclue par un grand succès. Passé à la télévision aux côtés des professionnels du milieu, il a joué à armes égales sans jamais ciller.
Concentré, Sami joue des coudes au casino de Namur. / © Sami Agel
En ce qui concerne Sami Agel, c'est d'un parcours plus laborieux que l'on parle. Avec de nombreuses victoires à son actif au niveau national, il a préféré papillonner à l'étranger et prendre la température des tables étrangères. Cet été, il est allé à Barcelone et s'est permis le luxe de sortir le frère de Neymar (oui le footballeur) qui est venu le consoler à la table... En vrai passionné, ce qui l'intéresse à lui c'est "la complexité du jeu et le challenge constant". Pour lui, "le facteur chance est beaucoup trop surestimé au poker". Il considère qu'en apprenant à jouer et ce, par l'intermédiaire "de milliers de mains et de parties", on peut "comprendre le jeu et minimiser les risques".
Enfin, s'il y a une chose que les trois joueurs chérissent par dessus tout dans le monde du poker c'est "la liberté de jouer" quand bon leur semble. Un autre avantage appréciable est celui de pouvoir "s'asseoir à la table aux côtés de célébrités que l'on ne côtoierait jamais autrement". Une chance que tous trois ont eu en rencontrant des personnalités telles que Patrick Bruel, Neymar, Boris Becker et autres. La communauté poker, c'est avant tout "une communauté intégrationniste".
Reste à voir si le poker continuera d'être aussi tendance dans les années à venir. Ce qui est sûr, c'est que la discipline s'est installée au Luxembourg et qu'elle y est pour rester.