Le décès de Nahel en région parisienne provoque des remous partout en France, y compris en Lorraine où l'on a rapporté la nuit dernière de nombreuses dégradations. Des mesures sont annoncées pour ce vendredi soir.

Une troisième nuit à haut risque se profile en Lorraine. La nuit dernière, malgré la suspension du policier mis en cause dans la mort de Nahel lors d'un contrôle, et après une marche blanche organisée à Nanterre, plusieurs communes de Meurthe-et-Moselle et de Moselle ont été ciblées par des manifestants. Réunis par dizaines parfois, certains ont enflammé du mobilier urbain ou dressé des barricades sur des routes avant d'y mettre le feu...

Ce vendredi matin, le bilan était lourd. Le préfet de la Moselle a annoncé que 48 véhicules avaient été incendiés au cours de la nuit. Les forces de l'ordre y ont procédé à six interpellations mais deux gendarmes ont été hospitalisés à la suite de blessures. Un sapeur-pompier et plusieurs policiers et gendarmes ont également été légèrement blessés.

Et ce vendredi après-midi, le préfet de la Moselle a décidé, par arrêté préfectoral, d’interdire la tenue du rassemblement "contre le racisme, les crimes et les violences policières" annoncé au centre-ville de Metz; cette manifestation n’ayant pas fait l’objet d’une déclaration préalable en préfecture. La Meurthe-et-Moselle a pris une décision similaire.

En outre, sont applicables cette nuit dans tout le département :
- interdiction du port ou du transport d’armes ou d’objets pouvant constituer une arme ;
- interdiction d’utiliser des artifices de divertissement et articles pyrotechniques ;
- interdiction de vente et de transport de carburant, d’acides, de produits inflammables, chimiques ou explosifs. Les forces de police et de gendarmerie et les sapeurs-pompiers sont pleinement mobilisés, cette nuit encore, pour assurer la protection des personnes et des biens.

À noter également que tous les bus et tramways seront à l'arrêt dès 21h ce soir.

Les premières dégradations ce vendredi soir

Ce vendredi en début de soirée, le Républicain Lorrain rapportait déjà plusieurs dégradations dans des villes de Lorraine, notamment à Metz où l'Arsenal a été visé par des projectiles. Du vandalisme et des départs de feu ont été signalés dans certaines rues, et de nombreux policiers sont arrivés en renfort.

Des manifestants se sont rassemblés à Metz et à Nancy aux cris de "justice nulle part, police partout" et "Justice pour Nahel".

Les dégradations à Woippy et Hagondange

Des incendies ont été signalés dans la nuit de jeudi à vendredi par ITLF dans des quartiers de Woippy, où les rues étaient animées par des tirs de feux d'artifice, et surtout bloquées par des poubelles retournées et en feu. Plusieurs départs de feu ont menacé le commissariat. Un commerce local a également été pillé par des individus masqués, comme des témoins l'ont montré en diffusant des images sur Twitter.

Des incendies ont eu lieu à Hagondange: au moins deux véhicules ont brûlé devant le commissariat de police, dont la façade a été endommagée par les flammes.

La gare a également été vandalisée et n'a pas été desservie par les trains une partie de la matinée de vendredi.

RTL

© ITLF

Situation identique à Maizières-lès-Metz, où des témoins confirment qu'un feu s'est propagé à un immeuble près du parc Val Maidera.

La colère du maire de Metz: "Ces voyous ne défendent aucune cause"

"Pas de festival Constellations, ni de Fontaines Dansantes, ni de transport en commun ce soir à Metz ! Je prends avec regret la décision d’annuler ce soir le festival Constellations et les Fontaines Dansantes, et de suspendre les transports en commun à partir de 19h30, en raison de l’appel d’organisations politiques à manifester en centre-ville à 20h et non à 18h ou demain en pleine journée" écrit le maire de Metz sur sa page Facebook.

Plusieurs bars et restaurants annoncent également leur fermeture anticipée ce vendredi soir, ainsi que des centres commerciaux. 

La nuit dernière, des véhicules ont brûlé en bas d'un immeuble d'habitations dans le quartier du Sablon. Le maire de Metz a confirmé dans la nuit que de nombreuses dégradations volontaires ont été recensées dans les quartiers de Borny et Bellecroix, où les mairies de proximité ont été incendiées.

"C'est juste inadmissible" que des sapeurs-pompiers venus éteindre des véhicules incendiés "ont fait l'objet de tirs au mortier" a lancé François Grosdidier. Il espère que "le maximum" des auteurs de ces actes "pourront être identifiés et qu'ils seront sanctionnés. Notre réponse sera à la fois très ferme vis-à-vis de ces délinquants, en même temps que notre générosité ne s'arrêtera jamais pour tous ces habitants qui sont les premières victimes de ces voyous".

La BAM, salle de concert de la ville, a été "saccagée"et du mobilier urbain détruit par le feu. "Ces voyous ne défendent aucune cause. Ils s’attaquent aux citoyens et s’en prennent à tous les services commerciaux, administratifs, culturels dont les habitants ont besoin" a fustigé François Grosdidier. Des policiers ont été attaqués par des "tirs de mortier" dénonce-t-il.

À Moyeuvre-Grande, un internaute a filmé de gigantesques flammes près de la gare: plusieurs véhicules stationnés sur le dépôt de bus ont été incendiés.

Fameck: "Les photos parlent d'elles même"


France Bleu Lorraine Nord
annonce également des dégradations dans la mairie de Fameck. Portes défoncées, vitres brisées, mobilier d'intérieur détruit...  L'hôtel de ville a subi la colère des manifestants durant la nuit. Le maire, Michel Liebgott, a partagé son désarroi et publié plusieurs photos qui "parlent d'elles même".

"Courage à ceux qui vont découvrir le carnage en arrivant au travail ce matin" a-t-il ajouté en promettant de redonner à la mairie "son image habituelle".

Florange : une "scène de guérilla urbaine"

A Florange, entre 23h30 et 2h30, une cinquantaine de jeunes (mineursprincipalement) ont affronté la police sur la place d'Harling, "une scène de guérilla urbaine ", témoigne le maire Remy Dick cité par le Républicain Lorrain. De nombreuses dégradations sont rapportées, et le maire a donné rendez-vous sur place aux habitants ce vendredi après-midi pour faire "preuve de solidarité".

Un jeune homme gravement blessé à Mont-Saint-Martin

À Nancy, le marie annonce que tous les objets inflammables ont été retirés de la chaussée de la Métropole. La Pépinière ferme à 20h, les restaurants et bars sont encouragés à ranger leurs terrasses. Des rendez-vous culturels ont été annulés.

La nuit dernière, à Vandoeuvre-lès-Nancy, un collaborateur de RTL a confirmé une forte présence policière lors d'une soirée "tendue" durant laquelle plusieurs objets en feu ont été placés en travers d'une route. La mairie de quartier du Haut du Lièvre "est partie en fumée" a confirmé le maire Mathieu Klein, évoquant une "nuit très difficile à Nancy comme dans tout le pays".

À la frontière, le Raid, une unité d'élite de la police, a été déployé à Mont-Saint-Martin "pour assurer la sécurité des personnes et des biens" a fait savoir la préfecture de Meurthe-et-Moselle. Or, pour des raisons restant à déterminer, la police a fait usage d’un LBD et un des projectiles a grièvement blessé un homme âgé d'une vingtaine d'années.

La nuit précédente, plusieurs individus "a mis feu au préau du collège Anatole France, ainsi qu'à un cabinet médical et une bibliothèque".

"Plus que nos bâtiments attaqués, les évènements survenus cette nuit ont tenté de porter atteinte aux droits pour tous. Droits de nos habitants à pouvoir vivre paisiblement en toute sécurité. Droits de nos enfants à pouvoir sereinement aller à l’école le matin" a réagi le maire Serge De Carli, partageant sa tristesse et son émotion.

Tout près, le centre des finances publiques de Longwy a été incendié également.