Le SPF Mobilité et Transports et la SNCB privilégieraient Habay plutôt qu’Arlon pour ouvrir un parking afin de faciliter la vie des frontaliers navetteurs.

C’est un combat quotidien que mènent les travailleurs belges comme français. Où garer sa voiture afin de prendre le train pour le Grand-Duché ? Arlon, en Province de Luxembourg, est pour le moins démuni. Les élus locaux militaient pour un terrain à Viville, petit village à proximité du chef-lieu, comme première piste mais il semble que les autorités nationales lui préfèrent Habay comme l’ont révélé nos confrères de L’Avenir du Luxembourg la semaine dernière.

Le choix découlerait d’une étude menée conjointement par la SNCB et les CFL. Pourtant, près de 400 personnes sont inscrites sur une liste d’attente pour bénéficier d’une place de parking à Arlon alors que les 687 affectées à cet usage affichent complet chaque jour.

Le document préciserait que la majorité des personnes utilisant ces emplacements et celles désireuses d’y accéder viendrait du chef-lieu et de son nord-est. D’où la pertinence de plutôt choisir Habay pour rendre la vie des usagers plus facile ?

Le critère géographique est aussi avancé comme argument avec une accessibilité facilitée par l’E411 et la rénovation de la sortie 29. Un aménagement de 30 places supplémentaires est déjà prévu pour cette fin d’année à Habay. À l’horizon 2027, ce sont 200 places qui viendraient renforcer l’offre.

Un chantier qui devient urgent puisque les chemins de fer belges ont décidé, pour mi-décembre, de proposer un train par heure sans correspondance entre Libramont et Luxembourg, via Arlon, Habay et Marbehan, en semaine.

Le ministre désamorce la bombe

Les Arlonais s’étonnent de ce choix à l’image de Bruno, qui travaille dans le secteur bancaire et prend le train tous les matins. "Je ne vais tout de même pas faire le trajet entre la périphérie d’Arlon et Habay pour garer ma voiture. C’est comme si je reculais pour mieux avancer. J’en avais tout au plus pour 12 minutes pour rallier Viville. Les bras m’en tombent."

Les habitants situés plus au sud encore (Aubange, Virton) raillaient cette option sur les réseaux sociaux. "Ceux qui prennent ces décisions sont les mêmes qui ont pondu la bande de covoiturage, déconnectés et qui ne passent jamais la frontière", ironisait l’un d’eux.

Une incompréhension qui rejoignait celle des élus bien décidés à demander des comptes au Fédéral. Le ministre de la Mobilité, Jean-Luc Crucke, a tenu à désamorcer la bombe dès la fin de la semaine dernière. "Ce projet (Habay) ne se ferait pas au détriment d’Arlon, mais en complémentarité avec les initiatives en cours dans l’ensemble du sud du pays."

Les chiffres sont éloquents. De 3.808 voyageurs qui montaient à bord d’un train en gare d’Arlon en 2014, on est passé à 5.326 aujourd’hui. Toujours selon le document que s’est procuré le journal L’Avenir, la moitié des 40.000 travailleurs frontaliers habitent Arlon, Aubange, Messancy et Attert et environ 5.000 frontaliers vivent dans les communes de Habay, Etalle, Léglise et Neufchâteau, dont 37% d’entre eux travaillent à Luxembourg-Ville.

À la lumière de ces chiffres, plusieurs projets ne semblent pas superflus pour désengorger les abords de gares. Jean-Luc Crucke le concédant bien volontiers à travers cette petite phrase de conclusion: "Je réaffirme tout son soutien à l’ensemble des projets visant à améliorer la mobilité et l’intermodalité en province du Luxembourg, et notamment ceux concernant Habay, Viville et Arlon."