
© Marine Schneider / Archives RTL
Ce lundi 9 janvier, un nouveau rassemblement de concertation autour du projet d'A31bis était organisé à Florange. Dans la ville qui concentre une grande partie des problèmes du projet autoroutier, les participants ont été catégoriques.
En concertation depuis plusieurs semaines, le projet d'A31bis projette de créer un contournement de Thionville. Mais aucune des quatre propositions ne fait l'unanimité.
"Il n'y a pas de variante miracle. Toutes ont leurs avantages et leurs inconvénients" a reconnu Paul Bouzid, du service Transports de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal), le maître d'œuvre actuel. Dans l'assemblée réunie lundi soir à Florange, les avis des citoyens sont nettement plus tranchés: "Nous ne voyons aucun intérêt aux quatre différents tracés. L'amélioration du projet passe par l'abandon."
Réparties en plusieurs groupes de réflexion, les quelque 80 personnes qui ont participé à l'atelier organisé par la Dreal ne souhaitaient pas explorer davantage les quatre variantes proposées. Tous ont globalement demandé le recours à une 5e option: faire machine arrière et ne pas construire ce contournement de Thionville qui fait tant parler. Une solution évoquée dès le début de la concertation.

Les quatre tracés étudiés pour le contournement de Thionville. / © Préfecture de la Moselle / Dreal
Du point de vue de ces "anti-A31bis", l'autoroute cumule les défauts. Le projet est "déjà obsolète" et sera livré "trop tard". L'argument financier est également repris par plusieurs d'entre eux: le péage va coûter très cher. Or, "qui sera prêt à payer 180-200€ par mois pour se déplacer?"
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Les travaux, l'accroissement du trafic et un report sur les routes secondaires pour éviter de payer fait craindre aux riverains des nuisances encore plus fortes qu'aujourd'hui: "l'élargissement amènera encore plus de voitures" s'alarme-t-on. À Florange, les habitants s'inquiètent particulièrement des effets subis par la ville: la variante F5, dans sa version "tunnel de surface" implique notamment l'expropriation de plusieurs habitants.
Sans parler de la destruction inévitable de "milieux naturels" pour créer la nouvelle infrastructure. "Nous avons des objectifs climatiques à respecter. Construire une autoroute aura un coût environnemental énorme" ont fait valoir plusieurs participants. Le projet risque aussi de nuire à des sites remarquables, comme le château de Bétange et son allée des marronniers.
D'autres solutions que l'A31bis
En réponse aux quatre tracés proposés, cette "5e option" suggère de ne pas renforcer l'autoroute. Les opposants préfèreraient interdire l'A31 existante aux poids lourds durant les heures de pointe. Mais aussi permettre aux frontaliers de rester chez eux en facilitant le télétravail. Ou à défaut, les encourager à prendre les transports en commun ou covoiturer en leur offrant du parking gratuit. Mieux, "il faut tout mettre en œuvre pour faire revenir les emplois en France" suggère-t-on. "C'est dans ces solutions alternatives qu'il faut concentrer notre énergie et notre argent" ont clamé plusieurs des participants aux ateliers. "Nous demandons l'abandon du projet" ont-ils répété.
Un discours pas vraiment partagé par la Dreal, qui dit vouloir activer toutes les solutions possibles. "L'A31bis est un des leviers à mettre en place" pour répondre aux besoins de mobilité, explique Paul Bouzid. "Le train, le covoiturage... Tout est très complémentaire et l'A31bis en fait forcément partie." "Pas forcément", répondent les "antis".

Jean-Michel Stievenard lors de l'atelier de concertation pour le projet d'A31bis. / © Thomas Toussaint
Que ce soit l'une des quatre variantes ou une 5e option, la discussion sur le contournement de Thionville n'est de toute façon pas terminée. "Quatre variantes, c'est la feuille de route de la Dreal pour la concertation. Mais si ces quatre tracés ne donnent pas de résultats, il faudra explorer d'autres pistes", a assuré Jean-Michel Stievenard, un des deux garants de la concertation.
Les services de l'État ont presque une obligation de solution: d'ici 2030, les prévisions de trafic laissent envisager une autoroute A31 encore plus saturée qu'aujourd'hui.
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