Un reportage de France 2 sur la fuite des soignants français vers le Luxembourg met en lumière tout ce qui fait défaut à la France pour conserver son personnel médical.
Un salaire doublé, plus de temps avec les patients... Du point de vue des infirmiers et infirmières français, le Luxembourg fait figure de lieu de travail idéal.
Dans un reportage diffusé lundi soir sur France 2, plusieurs soignants frontaliers expliquent pourquoi ils ont choisi de travailler au Grand-Duché plutôt qu'en France. Ne cherchez pas bien loin l'explication principale: c'est le salaire !
Au Centre Emile Mayrisch à Esch-sur-Alzette, Léa, infirmière, touche 3.500€ net par mois. Deux fois ce qu'elle aurait pu gagner en France. "Au Luxembourg, on est reconnu à notre juste titre. Il y a les risques qu'on prend, les responsabilités... Il faudrait se poser la question "Pourquoi l'infirmière est aussi sous-payée en France?""
Mais si le salaire est un atout, les conditions de travail sont aussi attirantes que les chiffres en bas de la fiche de paie. Océane, une autre infirmière qui exerce au Grand-Duché, a deux fois moins de patients à charge qu'en France. "Au Luxembourg, on est vraiment centrés sur nos patients. On a le temps d'être avec eux, de partager des choses... Être infirmière au Luxembourg est beaucoup plus épanouissant que d'être infirmière en France."
Mais cette forte attraction sur les soignants des pays voisins pèse de l'autre côté de la frontière. À Mont-Saint-Martin, le reportage de France 2 montre que les départs sont nombreux chaque année. Il y manque même "une cinquantaine d'infirmières" rapporte le journaliste de la télévision française. Ce qui oblige les cadres à compenser le manque de personnel. "Les infirmières n'hésitent plus à quitter leur CDI en France pour avoir un CDD au Luxembourg. Tout en sachant très bien que quand elles reviendront en France, elles seront reprises en CDI dans nos établissements" reconnaît Stephen Noto, directeur adjoint de l'hôpital de Mont-Saint-Martin.
Dans le sillage du Luxembourg, c'est maintenant l'ensemble des établissements hospitaliers proches des frontières qui peinent aujourd'hui à recruter et conserver leur personnel soignant.
UNE HAUSSE DE SALAIRE ATTENDUE EN FRANCE
Plus d'un demi-million d'infirmiers, aides-soignants et autres personnels paramédicaux des hôpitaux publics bénéficieront toutefois d'une revalorisation de leurs grilles de salaires à compter du 1er octobre, a annoncé lundi le ministère de la Santé.
Prévue par le "Ségur de la santé" signé en juillet 2020 avec une majorité de syndicats hospitaliers (FO, CFDT, Unsa), cette mesure coûtera "un peu plus de 200 millions d'euros" au quatrième trimestre, puis "740 millions en année pleine dès 2022", selon le cabinet d'Olivier Véran.
Cette somme s'ajoutera aux 7,6 milliards déjà accordés aux 1,5 millions de salariés des hôpitaux et des Ehpad, du public comme du privé, via une augmentation générale de 183 euros net par mois (160 euros dans le secteur privé à but lucratif).
Les nouvelles grilles de salaires profiteront en premier lieu aux 200.000 aides-soignants titulaires de la fonction publique hospitalière, qui toucheront 45 euros net de plus par mois après un an de carrière et jusqu'à 468 euros en fin de carrière, selon le ministère.
Idem pour les 153.000 infirmiers en soins généraux, qui gagneront 107 euros net de plus avec un an d'ancienneté et jusqu'à 353 euros au dernier échelon.