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Tadej Pogacar, en patron, s'est imposé en solitaire à Hautacam, jeudi lors de la 12e étape du Tour de France, la première dans les Pyrénées, et a repris le maillot jaune aux dépens de l'Irlandais Ben Healy, lâché tôt.
"Au pic" de sa carrière, Tadej Pogacar a assommé le Tour de France dès la première étape des Pyrénées jeudi en s'imposant à Hautacam avec plus de deux minutes d'avance sur Jonas Vingegaard, pour reprendre le maillot jaune avec une marge déjà colossale.
Le Tour est-il déjà joué? La chute la veille de Pogacar est venu rappeler que rien n'est jamais acquis dans le cyclisme. Mais il était tout de même difficile d'entretenir la flamme du suspense jeudi soir dans la fournaise de la station pyrénéenne, même si la route jusqu'à Paris est encore très longue.
Vainqueur en solo après avoir attaqué pratiquement au pied de la montée finale, le champion du monde a coupé la ligne 2:10 avant un Jonas Vingegaard grimaçant de douleur et il devance désormais le Danois de 3:31 au général, un écart déjà vertigineux.
Surtout, le Slovène a fait preuve d'une suprématie telle qu'il est difficile d'imaginer pourquoi cela changerait dans les deux jours à venir dans les Pyrénées et dans les Alpes la semaine prochaine.
"Non le Tour n'est pas fini. On a une avance confortable mais il faut rester calme", a-t-il assuré après avoir dédié sa victoire au jeune Italien Samuele Privitera, décédé la veille après une chute en course lors du Tour du Val d'Aoste.
Pas de record d'ascension
Mais, dans le camp Visma, on ne se faisait déjà plus trop d'illusions quant aux chances de Vingegaard de rivaliser face à une telle puissance de feu. "Pogacar a montré qu'il était le plus fort", a concédé Grischa Niermann, le directeur sportif des "frelons", qui se sont désagrégés dès le pied de Hautacam après un énorme relais de Tim Wellens.
Simon Yates, Matteo Jorgenson et Simon Yates ont disparu en quelques secondes, tous les plans étaient chiffonnés, et Vingegaard s'est retrouvé tout seul lorsque Jhonatan Narvaez a lancé Pogacar avec un sprint dont la violence a même surpris son leader.
"Je me suis demandé: mais qu'est-ce qu"il fait? J'ai suivi le mouvement, me suis dit qu'au pire j'allais exploser. Mais je me sentais bien", a expliqué Pogacar, pas du tout gêné par sa chute de la veille, donc.
Contrairement à l'année dernière, où il avait pulvérisé le record de Marco Pantani dans la montée du Plateau de Beille, le Slovène a cette fois mis 30 secondes de plus pour escalader Hautacam que Bjarne Riis, convaincu de dopage, en 1996.
Mais il a dégagé une force irrésistible pendant ses 12 kilomètres au solo pour prendre une revanche éclatante sur 2022 où Vingegaard l'avait humilié dans ces mêmes pentes.
"J'étais nerveux ce matin au départ, 2022 trottait dans ma tête. Mais j'étais aussi très motivé et quand j'ai vu que les Visma lâchaient les uns après les autres, je me suis dit que ça pourrait être une grande journée pour nous", a raconté le champion du monde qui dans la montée finale a rapidement avalé Bruno Armirail, auteur d'une échappée magnifique sur ses terres.