On sait que manger trop vite n’est pas sans conséquence pour la santé. Cette habitude alimentaire est liée à une augmentation du risque d’obésité, de maladies cardiovasculaires et même de certains cancers. Mais faut-il vraiment se forcer à ralentir ou suffit-il d’organiser autrement ses repas ?

Pour y voir plus clair, des chercheurs de la Fujita Health University, au Japon, ont mené l’enquête.

Pendant douze semaines, ils ont suivi 41 adultes, tous membres du personnel de l’université, qu’ils ont soumis à trois types de repas.

Au menu ? Une part de pizza réchauffée au micro-ondes, mangée à la main, et deux bentos composés de riz, brocoli et steak haché, dégustés avec des baguettes — une fois en commençant par les légumes, l’autre en les gardant pour la fin. Leur objectif était simple : savoir si la vitesse à laquelle on mange dépend davantage de la nature du repas… ou de l’ordre dans lequel on le savoure.

Leurs découvertes, publiées dans la revue Nutrients, sont éloquentes.

Les repas sous forme de bento ont entraîné une durée de mastication significativement plus longue que la pizza, peu importe que les légumes aient été consommés en premier ou en dernier. En moyenne, les participants ont mis 182 à 216 secondes de plus à finir leur bento. Autrement dit, ce n’est pas l’ordre d’ingestion des aliments qui ralentit la cadence, mais bien la composition du menu.

Mais ce n’est pas tout. Les bentos ont aussi incité les participants à mâcher plus souvent et plus vite — sans changer le nombre de bouchées. Pourquoi ? Parce qu’un plat compartimenté, servi avec des ustensiles et composé d’aliments variés pousse naturellement à ralentir. En clair, un repas qui demande un minimum d’effort est un repas qui s’apprécie plus lentement.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’indice de masse corporelle n’influence pas le temps passé à table. En revanche, l’âge et le fait d’être un homme semblent associés à des repas plus rapides.

Bien plus que notre discipline personnelle, c’est donc le cadre du repas – sa composition, sa présentation, la manière de le consommer – qui influe sur notre manière de manger. Il ne s’agit plus de se forcer à ralentir mais de se donner les moyens de le faire naturellement.

En somme, manger moins vite n’est pas (seulement) une affaire de self-control: c’est un choix de conception. Et ce choix commence dans la cuisine. Fini les plats vite faits et avalés sur le pouce.

Privilégier des repas structurés, variés, à déguster avec des couverts, pourrait bien être l’une des armes les plus simples et les plus efficaces dans la lutte contre les excès alimentaires.

Et si, pour mieux manger, il suffisait simplement de manger autrement ? Prendre le temps, savourer chaque bouchée, partager un moment d’échange…

Revaloriser le temps du repas, ce serait peut-être retrouver le chemin d’une alimentation plus consciente, plus sereine et plus saine.