On a longtemps cru que le fait de vieillir rendait le corps plus vulnérable à l’effort physique et ralentissait la récupération. Une vaste étude, publiée dans le Journal of Aging and Physical Activity, remet en question cette idée reçue. Elle montre que les seniors récupèrent aussi bien que les jeunes après une activité physique.

Basée sur 36 études rigoureusement sélectionnées, cette méta-analyse compare 389 jeunes adultes à 390 personnes âgées. Tous ont été observés au moins 24 heures après un effort, sans recours à des moyens de récupération externes. Résultat, aucune différence notable n’a été observée entre les deux groupes. Plus étonnant encore, les personnes âgées ont systématiquement déclaré ressentir moins de courbatures que leurs homologues plus jeunes. 

Ces conclusions, relayées par le site Study Finds, viennent contredire l’idée selon laquelle le vieillissement entraînerait une baisse des capacités de régénération musculaire, en raison notamment d’une diminution de la synthèse des protéines et du nombre de cellules satellites. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer pourquoi les muscles semblent bien résister aux effets du temps.

Les auteurs de l’étude estiment, par exemple, qu’une plus grande rigidité musculaire liée à l’accumulation de collagène pourrait rendre les muscles des personnes âgées moins vulnérables aux micro-lésions.

De plus, les efforts physiques réalisés par les seniors étant souvent plus modérés, ils génèrent moins de dommages. Par ailleurs, les taux de créatine kinase - un marqueur de lésions musculaires - sont généralement plus faibles chez les personnes âgées. Une différence selon le sexe a été observée uniquement chez les hommes, ce qui souligne l’importance de développer des recherches spécifiques sur les femmes.

Au-delà des aspects biologiques, cette étude pourrait aussi briser un frein psychologique. Par crainte de blessures ou d’une récupération trop lente, de nombreuses personnes âgées hésitent à se lancer dans une activité physique. Or, les données actuelles leur envoient un message clair : l’âge ne doit pas être un frein au mouvement.

Dans un monde où la population des plus de 60 ans devrait doubler d'ici 2050, selon l’ONU, les enseignements de cette étude apparaissent comme un levier stratégique majeur pour la santé publique. L'activité physique, véritable pilier d'un vieillissement réussi, contribue de manière déterminante au maintien de l'autonomie, à la santé mentale et au renforcement des liens sociaux. Et si, finalement, le meilleur moyen de lutter contre la sédentarité était de rappeler que les muscles des seniors sont loin d'être hors d'usage ?