Un homme touche la statue de Dalida à Montmartre, Paris, France. / © Reuters
À Montmartre, les seins du buste de Dalida sont caressés depuis près de trente ans par des visiteurs persuadés que le geste porte bonheur. Tandis que des élus écologistes dénoncent une pratique « inappropriée » et demandent protection de l’œuvre, Orlando, le frère de la chanteuse, juge la polémique « ridicule » et défend un geste « affectueux ».
Depuis son installation en 1997, le buste de Dalida, sculpté par Aslan, est devenu l’un des arrêts incontournables des visiteurs de Montmartre. Selon Le Parisien, une croyance populaire veut que toucher les seins de la chanteuse porte chance. Depuis trois décennies, ce rituel a tellement poli le bronze qu’il semble dessiner un soutien-gorge doré sur la statue.
Pour les élus écologistes de Paris, ce folklore touristique pose désormais problème. Comme le rapporte Le Parisien, ils estiment que ces gestes s’apparentent à "une banalisation du contact non consenti avec la représentation du corps féminin" et qu’ils "traduisent une persistance symbolique d’appropriation du corps des femmes dans l’espace public". Ils demandent à la Ville d’étudier plusieurs pistes : rehaussement du socle, dispositif de protection discret ou panneaux pédagogiques.
Karen Taïeb, adjointe à la maire de Paris en charge du patrimoine, a indiqué que la Ville examinerait ces options avec les ayants droit, tout en jugeant nécessaire de retirer du vœu initial la notion « d’agression sexuelle ». Pour elle, même s’il s’agit de gestes déplacés, ils ne peuvent être comparés à des agressions visant des personnes. Le vœu amendé a été adopté.
Sur le terrain, l’habitude divise. Certains touristes interrogés par Le Parisien y voient un geste "folklorique", comparable à d’autres traditions en Europe, comme toucher Molly Malone à Dublin ou le gisant de Victor Noir au Père-Lachaise. D’autres habitants se disent mal à l’aise, rappelant qu’"on ne touche pas les seins d’une femme comme ça, même si c’est une sculpture".
Orlando défend "un geste affectueux"
Invité de RTL France, Orlando, le frère de Dalida, prend le contre-pied des critiques. Il dit suivre la polémique "avec un sourire amusé" et estime que ce rituel n’a "rien d’irrespectueux" envers l’artiste. "C’est peut-être un geste affectueux, d’admiration", explique-t-il, en soulignant que "ce n’est qu’une statue". Il se dit ouvert à un réhaussement du buste, mais juge l’idée de panneaux d’interdiction ou d’un dispositif trop contraignant "ridicule".
Il rappelle également sur RTL France avoir offert le buste à Montmartre et à la Ville de Paris, et souligne que cette curiosité attire de nombreux visiteurs.
La Ville de Paris étudie désormais, en lien avec les ayants droit, plusieurs options pour limiter les gestes répétés sur la statue — notamment un socle plus élevé ou un panneau de dissuasion — tandis que le vœu écologiste, débarrassé de la référence à "l’agression sexuelle", a été adopté. De son côté, Orlando se dit prêt à accepter un réhaussement mais rejette les mesures jugées excessives, rappelant l’attractivité touristique du monument. Le débat reste ainsi ouvert entre protection du patrimoine, gestion du tourisme et interprétation symbolique de ces gestes.