
L'acteur britannique Daniel Craig à la 81e Mostra de Venise pour le film "Queer", le 3 septembre 2024 / © AFP/Archives
Daniel Craig enterre définitivement le mâle alpha de l'agent 007 dans "Queer", de Luca Guadagnino, une divagation gay sous alcool et drogue inspirée de l'écrivain et figure de la contre-culture américaine William S. Burroughs.
L'acteur de 56 ans à la carrure athlétique est célébrissime pour son rôle de James Bond, personnage qu'il avait commencé à éloigner du canon machiste dans le dernier opus, "Mourir peut attendre" (2021), où on le voyait papa.
Désormais libéré du rôle de 007, Craig se réinvente complètement dans "Queer", en salles mercredi, qui dépeint la solitude et l'angoisse d'un homosexuel toxicomane et comporte de nombreuses scènes de sexe.
Un "contenu provocateur, susceptible de troubler l'ordre public", a jugé un festival de cinéma en Turquie à l'automne, qui a annulé la projection.
"Vous savez comme moi qu'il n'y a rien d'intime dans le tournage d'une scène de sexe. La pièce est remplie de gens qui vous regardent", a raconté Daniel Craig à la presse.
L'acteur rêvait depuis des années de tourner avec Luca Guadagnino, cinéaste italien de 53 ans devenu la coqueluche de Hollywood depuis qu'il a propulsé Timothée Chalamet avec "Call me by your name", qui en le recrutant confirme son aura.
Le film s'inspire du roman du même titre de William S. Burroughs, figure littéraire de la Beat Generation, aux côtés de ses amis Jack Kerouac et Allen Ginsberg, mêlant homosexualité, drogue et alcool.
"Queer" est un livre "très court" mais "rempli d'émotion": "Il parle d'amour, de perte, de solitude, de désir, il parle de tout cela", a résumé Daniel Craig à la Mostra de Venise en septembre.
Univers stylisé
Il joue un Américain d'âge mûr, noyant son ennui dans le mezcal dans un bar fréquenté par la communauté gay dans le Mexico City d'après-guerre.
Entre jeux de regards, discussions à bâtons rompus et déambulations, il tombe amoureux d'un jeune compatriote, interprété par Drew Starkey, 31 ans, vu dans la série "Outer Banks".
Daniel Craig a eu recours à la danse pour briser la glace, avec son partenaire. "Drew et moi avons commencé les répétitions des mois avant le début du tournage. (...) Danser avec quelqu'un est formidable pour briser la glace".
Avec "Queer", "nous voulions simplement créer quelque chose d'aussi touchant, authentique et naturel que possible", a souligné Daniel Craig, dont le personnage est montré souvent dégoulinant de sueur, dans un costume blanc crasseux.
Un naturel qui n'empêche pas Luca Guadagnino de proposer comme à son habitude un univers très stylisé, empruntant ici à la photographie du peintre américain Edward Hopper, ainsi qu'à l'ambiance du Douanier Rousseau quand les deux personnages filent en Amazonie goûter une plante hallucinogène, l'ayahuasca.
Outre les scènes de sexe, le film est très charnel, à l'image de ses précédents, comme "Challengers" (2024), dans l'univers du tennis de compétition, avec le trio Zendaya, Josh O'Connor et Mike Faist.
En enrôlant Daniel Craig, le cinéaste a expliqué qu'il disposait de "l'un des très rares acteurs iconiques qui acceptent de montrer leur fragilité".