Donald Trump a rendu hommage à l'influenceur Charlie Kirk, un de ses principaux soutiens et son porte-voix officieux auprès des jeunes Américains.

L'influenceur conservateur Charlie Kirk, tué par balle mercredi, était une voix majeure de la jeunesse pro-Trump aux Etats-Unis: il pilotait un des podcasts les plus écoutés du pays et organisait régulièrement des joutes oratoires sur les campus universitaires. Les recherches sont toujours en cours pour trouver le tireur, dont les motivations restent pour l'heure inconnues.

Agé de 31 ans, il s'était imposé comme un rouage important de la campagne de Donald Trump pour reconquérir la Maison Blanche l'an dernier, grâce à son organisation Turning Point, qui avait organisé des opérations massives de porte-à-porte dans les Etats clés.

C'est le président américain qui a annoncé sa mort mercredi, après que l'influenceur s'est fait tirer dessus dans une université de l'Utah (ouest). La condamnation a été unanime dans la classe politique américaine, à gauche comme à droite. "Depuis des années, la gauche radicale compare des Américains formidables comme Charlie aux nazis et aux pires criminels et meurtriers de masse du monde. Ce genre de rhétorique est directement responsable du terrorisme que nous connaissons aujourd'hui dans notre pays, et cela doit cesser immédiatement", a accusé le président américain dans une vidéo publiée sur son réseau Truth Social.

Son influence - 6,9 millions d'abonnés sur Instagram et 3,8 millions sur YouTube - avait largement servi Donald Trump pour séduire les jeunes hommes américains en promouvant une conception ultra-traditionnelle de la famille.

Volontiers provocateur, ce grand brun, défenseur du port d'armes à feu, avait écumé les campus universitaires pendant plusieurs années.

Dans ces rassemblements, il invitait les étudiants à débattre avec lui, devant ses caméras et des centaines de partisans. L'occasion de dérouler sa rhétorique radicale face à des contradicteurs mal préparés, pour alimenter des boucles virales sur les réseaux.

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Charlie Kirk, lors d'un rassemblement à Reno, au Nevada, le 8 octobre 2024 / © AFP

L'AFP l'avait rencontré dans un événement de ce type en octobre au Nevada, où il martelait sa volonté d'"éradiquer tous les avortements" car l'IVG "est l'Holocauste de notre époque", et affirmait que l'administration Biden avait créé "l'équivalent d'Expedia pour les (migrants) clandestins". Ou encore que "la résistance face à la tyrannie peut avoir une dimension biblique".

"Il apporte des idées différentes", applaudissait à l'époque Eric Hansen, 22 ans, venu l'écouter sur le campus de Reno. "Des idées auxquelles certains d'entre nous croient, mais qu'ils ont parfois peur d'exprimer ouvertement."

Un habitué de la désinformation

"Charlie Kirk est un nationaliste chrétien charismatique, qui sert de porte-parole au trumpisme et aux idées extrémistes", résume Kyle Spencer, auteure d'un livre pour lequel elle a suivi pendant plusieurs années son mouvement de jeunesse, Turning Point USA.

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Charlie Kirk, le fondateur du mouvement de jeunes conservateurs Turning Point USA, lors d'un rassemblement à Tucson, en Arizona le 17 octobre 2024 / © AFP

Co-fondée en 2012 par l'influenceur, alors âgé de 18 ans, cette association est devenue en une décennie le plus gros groupe de jeunes conservateurs aux Etats-Unis. Elle couve une armée de militants enthousiastes, dont certains avaient été envoyés en bus à Washington pour la manifestation du 6 janvier 2021 qui avait débouché sur l'invasion du Capitole.

Originaire de la banlieue de Chicago, Charlie Kirk avait abandonné ses études pour se dévouer au militantisme.

Il avait rapidement été biberonné par de riches donateurs républicains, jusqu'à entrer dans le giron de la famille Trump. Pendant la campagne victorieuse de 2016, il avait servi d'assistant personnel au fils du milliardaire, Donald Trump Jr.

Son éloquence lui avait permis de devenir un commentateur régulier sur la chaîne conservatrice Fox News, puis de tenir un podcast quotidien très populaire.

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Des jeunes américaines venues voir Charlie Kirk à Reno, dans le Nevada, le 24 octobre 2024 / © AFP

En ligne, il avait alimenté la désinformation sur l'élection de 2020 soi-disant "volée" ou le Covid-19.

Ses mensonges finissaient parfois directement dans la bouche de l'ex-président. En 2018, il avait faussement affirmé que certains manifestants scandaient "Nous voulons Trump" lors des rassemblements de "gilets jaunes" en France. Une fantaisie reprise par le milliardaire.

Leveur de fonds

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Charlie Kirk, le fondateur du mouvement de jeunes conservateurs Turning Point USA, lors d'un rassemblement à Tucson, en Arizona le 17 octobre 2024 / © AFP

Outre Turning Point USA, le polémiste s'était imposé comme un grand leveur de fonds. Il avait fondé une entreprise de démarchage, Turning Point Action, qui avait fait partie des principales organisations auxquelles Donald Trump avait confié ses opérations de porte-à-porte en 2024.

Le groupe avait récolté plus de 100 millions de dollars lors de la dernière présidentielle pour convaincre l'électorat conservateur de voter de manière anticipée dans les Etats clés.

Un travail qui avait nécessité quelques contorsions, pour faire oublier les théories complotistes alimentées par de nombreux républicains sur le vote par correspondance.