Des centaines de missiles et de drones russes se sont abattus sur des quartiers résidentiels de Kiev, faisant au moins 14 morts, une attaque massive qui montre selon le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, que la Russie "préfère les missiles balistiques plutôt que la table des négociations".
La Russie a tiré 598 drones et 31 missiles balistiques et de croisière sur l'Ukraine dans la nuit de mercredi à jeudi, a annoncé l'armée de l'air ukrainienne.
Selon les données préliminaires, 563 drones de combat et drones leurres ainsi que 26 missiles ont été abattus ou brouillés, a précisé l'armée de l'air dans un communiqué.
L'attaque aurait fait au moins 14 morts, dont trois enfants. "Plus de 30 personnes ont également été blessées parmi lesquelles quatre enfants", a indiqué le parquet ukrainien dans un communiqué.
Le bâtiment de la mission de l'UE a été endommagé lors des frappes russes sur Kiev, a par ailleurs annoncé le président du Conseil européen, Antonio Costa, se disant "horrifié" de "l'agression russe qui ne fait que renforcer notre détermination à soutenir l'Ukraine et son peuple".
Tôt jeudi, les services de secours et les habitants s'affairaient à ramasser des débris de verre et de matériaux de construction dans les rues du centre de Kiev, a constaté un journaliste de l'AFP.
Une attaque a creusé un cratère de cinq étages dans un immeuble d'habitation, coupant le bâtiment en deux, selon des images publiées par le président Zelensky. Les fenêtres des immeubles d'habitation et des petites entreprises ont été soufflées. Des matelas pendaient sur des balcons éventrés par une frappe.
Un nuage de fumée lors d'une attaque nocturne massive de drones et de missiles russes sur Kiev, le 28 août 2025 en Ukraine / © AFP
L'Ukraine attend une "réaction" de la part du monde entier, notamment de nouvelles sanctions à l'encontre de Moscou, a ajouté son président, appelant les alliés de la Russie, tels la Chine ou la Hongrie, membre de l'Union européenne, à adopter des positions fermes.
Après trois ans et demi du conflit le plus sanglant en Europe depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, la capitale ukrainienne a vécu une nuit de violents bombardements.
Des journalistes de l'AFP ont entendu de puissantes explosions à plusieurs reprises. Ils ont vu un missile être abattu, les débris incandescents retombant, et entendu le son de drones survolant la ville, tandis que des habitants se réfugiaient dans des souterrains et dans le métro.
Selon l'administration militaire, l'attaque a été menée à la fois à l'aide de drones et de missiles - balistiques, de croisière et hypersoniques - qui ont frappé la capitale en plus de 20 endroits.
Des habitants étaient bloqués sous les décombres d'immeubles résidentiels. Une école maternelle a subi des dégâts, des dizaines de voitures ont été détruites et un centre commercial du centre ville a été touché.
Pendant la nuit, des alertes aériennes ont retenti sur l'ensemble du territoire ukrainien.
Côté russe, l'armée a indiqué avoir intercepté 102 drones ukrainiens, alors que les attaques aériennes de Kiev ciblant les raffineries ces dernières semaines ont fait flamber le prix de l'essence.
Avancées russes
Fin juillet, des bombardements russes avaient fait plus de 30 morts dont cinq enfants à Kiev, l'une des attaques les plus meurtrières dans la capitale ukrainienne depuis le début de l'invasion russe à grande échelle en 2022.
Le président américain Donald Trump (d) et son homologue russe Vladimir Poutine, à Anchorage, en Alaska, le 15 août 2025 / © AFP/Archives
Ces frappes avaient poussé Donald Trump à renforcer la pression sur Moscou pour accepter une trêve et conduit à sa rencontre avec Vladimir Poutine en Alaska le 15 août.
Après ce sommet, suivi par une visite à Washington du président ukrainien Volodymyr Zelensky accompagné de ses alliés européens, le dirigeant américain a dit vouloir préparer une rencontre en face-à-face entre les présidents russe et ukrainien.
Depuis, il n'y a toutefois pas eu d'avancées en vue d'un tel sommet, Moscou et Kiev se rejetant la responsabilité d'un blocage.
Avant la conclusion d'un hypothétique accord de paix, l'Ukraine veut obtenir des garanties de sécurité des Occidentaux pour dissuader Moscou de toute nouvelle attaque.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse à Kiev, le 25 août 2025 / © AFP
Le Kremlin s'est dit "défavorable" mercredi à un éventuel envoi de troupes européennes en Ukraine dans le cadre d'un potentiel accord de paix.
M. Zelensky a assuré voir "des signaux très négatifs et arrogants de la part de Moscou concernant les négociations" de paix. Il a appelé à "faire pression" pour "forcer la Russie à prendre des mesures concrètes".
Il a annoncé que des membres de son équipe allaient rencontrer vendredi à New York des représentants de l'administration de Donald Trump.
Pour mettre fin à son assaut, la Russie réclame notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées, en plus de la Crimée annexée en 2014, et renonce à intégrer l'Alliance atlantique. Des conditions que Kiev juge inacceptables.
Les territoires ukrainiens revendiqués par la Russie / © AFP/Archives
L'armée russe, qui occupe environ 20% de l'Ukraine, dans l'est et le sud, a accéléré sa progression sur le terrain ces derniers mois face à des unités ukrainiennes moins nombreuses et moins bien équipées.
Pour la première fois mardi, l'Ukraine a reconnu que les soldats russes avaient pénétré dans sa région de Dnipropetrovsk (centre-est), où Moscou avait revendiqué de son côté des avancées dès le mois de juillet.
Cette région ne fait pas partie des cinq régions ukrainiennes dont Moscou revendique l'annexion.