
© Jeannot Ries
Voilà ce qu'a souligné mardi le directeur de la Chambre de Commerce lors de la présentation de la stratégie dite Lux4Defence.
Le Luxembourg s’est engagé auprès de l’OTAN à investir 2 % de sa richesse nationale dans la défense d’ici 2030. Ce qui correspond à 1,46 milliard d'euros et représente donc une augmentation de plus de 600 millions d'euros par rapport au budget actuel.
Dans ce contexte, un certain nombre d’entreprises et d’institutions, dont SES, le List et Luxinnovation, ont travaillé au cours des derniers mois au sein d’un groupe de travail pour élaborer une stratégie autour des dépenses de défense. 10 recommandations pour structurer une base industrielle et technologique de défense au Grand-Duché sont issues de ces travaux.
"Chaque euro investi dans la défense et la sécurité du pays doit être aussi un levier de croissance, de compétitivité et d’innovation pour le Luxembourg", a résumé Carlo Thelen, directeur de la Chambre de Commerce.
Une recommandation qui devrait être mise en œuvre relativement rapidement, selon le président du groupe de travail Lux4Defense, Philippe Glesener, est qu'un hub de défense soit mis à disposition des entreprises souhaitant innover dans la défense. Ce hub devrait permettre…
" ... aux entreprises de pouvoir effectuer leur travail et peut-être même le premier prototypage dans un environnement sécurisé. Dans la défense, il y a des projets qui sont confidentiels et qui ne peuvent pas être développés à l'extérieur, donc il faut qu'ils aient cette "clôture", si je puis dire."
Le groupe de travail recommande également de revoir la loi de 2022 sur les armes. Des nouvelles entreprises du secteur de la défense hésitent à s’implanter au Luxembourg en raison des incertitudes juridiques, juge Philippe Glesener.
"C’est pourquoi nous pensons qu'une révision de cette loi devrait être faite pour au moins favoriser les entreprises et le développement au Luxembourg dans le domaine de la défense."
Idéalement, cela devrait se produire d’ici la fin de l’année ou au plus tard dans les 12 prochains mois.
"Nous savons aussi que certaines choses prennent plus de temps, mais quand on veut, on peut. Et nous ne recommandons pas de tels changements compliqués pour le moment. Il est désormais particulièrement important de voir dans quelle mesure les premiers obstacles immédiatement visibles peuvent être supprimés et cela peut être mis en œuvre relativement rapidement."
D'autres recommandations incluent la mise en place d'une task force nationale dans le secteur de la défense et d'une "marketplace", c'est-à-dire une plateforme en ligne regroupant tous les produits et services proposés par les acteurs de la défense au Grand-Duché. Toujours dans l’optique que l’argent investi dans la défense soit réinjecté dans l’économie luxembourgeoise. Mais cela n'est pas possible à l'euro près, reconnaît le directeur de la Chambre de commerce, Carlo Thelen.
"Parce que nous n’avons pas cette tradition en matière de défense et ces capacités dont disposent d’autres pays. Si vous regardez la France, tout l'argent qui va dans la défense vient de France, c'est comme ça. Et au Luxembourg, ce n’est pas réaliste dans un premier temps, mais nous disons qu’il faudrait avoir l’ambition de faire en sorte qu’au moins 60% d’un euro soit directement réinjecté dans l’économie".
Le groupe de travail a identifié 110 entreprises du Grand-Duché actives dans le domaine de la défense et qui pourraient faire partie de la stratégie Lux4Defense. Cette dernière a été présentée au gouvernement CSV-DP fin mars. Le feedback a été globalement positif, estime Carlo Thelen.
Nous découvrirons ce qui en sera retenu dans la stratégie de défense nationale dans deux semaines au plus tard lors du discours sur l'état de la nation du Premier ministre Luc Frieden.

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