Un rapport récent de l'Observatoire national de l'enfance, de la jeunesse et de la qualité scolaire pointe les faiblesses du parcours scolaire.

Le système scolaire luxembourgeois ne parvient pas à supprimer les inégalités, ce constat n'est pas nouveau. Depuis des décennies, les ministres de l'Éducation luxembourgeois se battent pour donner les mêmes chances à tous les enfants et les guider au mieux dans leur parcours scolaire. Aujourd'hui, un nouveau rapport de l'Observatoire national de l'enfance, de la jeunesse et de la qualité scolaire pointe les faiblesses du parcours scolaire et ce qu'il faudrait faire, selon eux, pour y remédier. Notre collègue de RTL, Claude Zeimetz, a parcouru ce rapport.

Le rapport montre une fois de plus que les inégalités dans le système scolaire luxembourgeois se cimentent très tôt. Et ce, dès les premières années de la vie, avant même que les petits n’entrent dans la filière scolaire normale. Prenons l'école précoce pour les enfants à partir de 3 ans, qui n'est pas obligatoire, mais offre une bonne occasion d'entrer pour la première fois en contact avec l'école et surtout, pour les nombreux non-Luxembourgeois, avec la langue luxembourgeoise. Depuis des années, 75% des enfants fréquentent l'école précoce, ce qui est effectivement beaucoup, mais la proportion d'enfants luxembourgeois et francophones, et généralement d'enfants issus de milieux aisés, est largement surreprésentée. En revanche, les enfants portugais sont systématiquement sous-représentés. L’objectif d’attirer des enfants issus de milieux défavorisés n’est donc pas atteint.

Comment changer cela?

L'Observatoire national de l'enfance, de la jeunesse et de la qualité scolaire propose de mener une enquête pour savoir pourquoi certaines familles préfèrent envoyer leurs enfants dans une crèche ou s'en occuper à la maison, plutôt que de les envoyer dans une école précoce. Et ensuite d'ajuster l’offre pour qu’elle s'adresse à plus de familles. Très concrètement, l'Observatoire suggère aussi qu'à l'avenir, chaque enfant soit automatiquement inscrit à l'école précoce. Les parents qui ne souhaitent pas que leur enfant la fréquente, devraient alors activement désinscrire leur enfant. Le système fonctionne ainsi en Allemagne, par exemple.

Un accompagnement intensif dès qu'un problème survient à l'école

 
Une autre recommandation de l'Observatoire est qu'il est important d'apporter le plus tôt possible un accompagnement intensif et individuel aux enfants et à leurs parents dès que des problèmes surviennent à l'école.
 
Et là, il est énormément question de la langue chez les plus jeunes. La politique linguistique au cycle 1, c'est-à-dire à l'école préscolaire, doit être prise au sérieux. Et surtout, les familles concernées doivent être prises en charge précocement. Le fait que ce sont les mêmes profils d'enfants depuis des années, qui ont tendance à être orientés vers le régime préparatoire, et ont donc un diplôme inférieur, démontre que cela n'a pas fonctionné jusqu'à présent. Pour parler concrètement: principalement des jeunes issus d'un milieu défavorisé, qui parlent portugais à la maison et ont au moins redoublé une classe au fondamental. 

Le problème du redoublement

Dans son rapport, l'Observatoire constate en effet quelque-chose qui peut surprendre, à savoir qu'un certain nombre d'enseignants du fondamental ne respectent pas la loi sur l'école. Des enfants redoubleraient encore, au lieu que leur soit proposé un "allongement de cycle", comme le prescrit la loi depuis 2009. Ce serait non seulement contraire à la loi, mais aussi contraire à l'intérêt de l'enfant, qui vivrait le fait de rester dans la même classe comme une punition. D'où l'appel de l'Observatoire à contrôler plus systématiquement les directions régionales sur ce point.

D'un autre côté, les critères de promotion dans les classes inférieures de l'enseignement secondaire général devraient également être revus. Actuellement, le fait est que l'on ne peut plus redoubler en classes de 7ème et de 6ème au général. Des professeurs et des syndicats critiquent cette promotion automatique depuis longtemps. Cela ne fait que reporter le problème à la classe suivante. Effectivement un quart des élèves redoublent leur 5ème. Il y a bien là un problème. Les élèves concernés ne semblent pas avoir bénéficié du suivi étroit dont ils ont besoin au début du lycée, par exemple sous la forme d'un tutorat individuel. Il ne s'agit pas d'une idée nouvelle, mais jusqu'à présent, elle n'est pas encore appliquée partout. Et cela, bien qu'un encadrement plus étroit serait nécessaire au secondaire général et dans la formation professionnelle, là où la plupart des jeunes ont tendance à échouer. Il semble qu'au Luxembourg, on attende encore l'échec pour seulement réagir ensuite.