La criminalité est en hausse au Luxembourg. L'ADR prétend même que le Luxembourg ferait désormais partie des pays les plus dangereux d'Europe, ce que contestent d'autres partis politiques. Et vous, qu'en pensez-vous ?
Plus de 54.000 infractions ont été constatées par la police en 2022: près de 150 par jour. Ces chiffres sont en hausse de 27% par rapport à 2021. L'augmentation touche surtout les cambriolages et les vols.
Dans quelle mesure le Luxembourg est-il encore sûr? Une question qui polarise, notamment à la Chambre des députés, où l'ADR avait demandé mercredi un débat sur l'évolution de la criminalité au Grand-Duché et la lutte à son encontre.
Le député ADR Fred Keup s'est essayé au rôle de présentateur et a notamment lu cette nouvelle datant de fin avril: "Un groupe de 20 jeunes hommes a attaqué deux autres jeunes hommes dimanche à 18h dans le Parc de la capitale. L'une des deux victimes a été grièvement blessée au ventre avec un couteau."
Le Luxembourg, l'un des pays les plus dangereux d'Europe, vraiment ?
Il a parlé de gangs de jeunes brutaux. Le Luxembourg ferait "partie des pays les plus dangereux d'Europe". Il y aurait beaucoup de meurtres et d'homicides involontaires. A l'opposé de cette analyse, la députée verte Stéphanie Empain a répliqué: "Nous vivons toujours dans un pays sûr. Je m'oppose à ce catastrophisme."
Le sujet a d'ailleurs fait l'objet d'un débat animé entre Fred Keup et Henri Kox, l'élu ADR ayant accusé le ministre de la Sécurité intérieure d'avoir veillé à ce que des informations sensibles sur la criminalité soit dissimulées. Une accusation réfutée avec véhémence par Henri Kox.
Une chose fait néanmoins concensus, c'est le fait que la criminalité ait augmenté, et qu'il est nécessaire de lutter contre le phénomène. Tandis que les Gréng et déi Lénk, en vertu de la théorie "Personne ne naît criminel, mais le milieu social et l'éducation sont déterminants", misent en général davantage sur le volet prévention, l'ADR et le CSV se concentrent plutôt sur la lutte à court terme contre les criminels. Pour Léon Gloden, député CSV, cela commence par l'équipement des policiers: "Nous avons besoin d'un meilleur équipement pour nos policiers, comme par exemple de tasers et de bodycams."
Une phase test avec des caméras-piétons aurait pu apporter de la clarté. À présent, le gouvernement a bien du mal à faire une loi, critique le député d'opposition.
La police est également inquiète
Le DP aussi tient à prendre au sérieux les inquiétudes venues des rangs des policiers, explique Claude Lamberty: "Combien de fois entendons-nous du terrain: 'Nous savions qui c'était, nous les avons attrapés et peu de temps après, ils étaient de nouveau là. Ce n'est pas motivant pour les fonctionnaires de police. Et ce n'est certainement pas dissuasif. Qu'allons-nous faire contre cela?" Bonne question. Le député DP propose d'introduire la possibilité d'un jugement rapide après l'arrestation pour diverses infractions.
Au cours du débat, de nombreux aspects ont été thématisés. Pourquoi la criminalité liée à la drogue est-elle plus ciblée que la criminalité financière, par exemple, s'interroge Nathalie Oberweis, députée de déi Lénk:"Parce que sans doute ce sont plutôt des hommes blancs en costume qui trempent là-dedans."
Et au-delà de tout cela, selon Fred Keup, la question serait de savoir de quelle fraction de ce qui se passe dans le pays, la population est informée: "Aux yeux de beaucoup de gens et aussi de la police, c'est un fait que le gouvernement dissimule la criminalité pour ne pas inquiéter la population."
Une allégation à laquelle le ministre de la Sécurité intérieure, Henri Kox, s'est catégoriquement opposé.