Trente ans de réclusion assortis d'une peine de sûreté de 15 ans ont été requis ce jeudi à l'encontre de Yanick Morandeau, jugé par les assises de la Meurthe-et-Moselle pour avoir sauvagement tué et éviscéré l'amant de sa compagne en 2020.

Rappelant le moteur de l'entreprise criminelle de l'accusé, "la jalousie, ce sentiment le plus détestable qu'un être humain puisse ressentir pour un autre", l'avocat général Jérémy Lapertot a souligné qu'en droit français "le mobile du crime n'importe pas". "Le crime passionnel c'est bien pour les romans, le théâtre et les journalistes mais il n'est pas fait pour les cours d'assises."

"Le crime qu'a commis Yanick Morandeau est le plus grave qui existe dans notre droit pénal. Je vous demande d'être sévères et de prononcer une peine à la hauteur de la sauvagerie qui a été commise, par laquelle vous rappellerez que la vie d'Eric Diard ne valait pas le prix de la jalousie", a-t-il martelé.

Les deux principales questions de ce procès entamé lundi concernaient la préméditation de l'acte commis par Yanick Morandeau, un entrepreneur de 60 ans au profil de monsieur tout le monde, et son discernement au moment des faits.

"Des discussions qui rajoutent à la douleur de la famille d'Eric Diard", a confié leur avocat, Alexandre Grasse, énumérant tous les éléments allant dans le sens évident d'un crime préparé: "le dispositif coercitif de surveillance mis en place à l'égard de sa compagne, la lettre troublante retrouvée dans la table de nuit de Yanick Morandeau et le fait qu'il a consulté 44 fois le GPS caché dans le véhicule de sa compagne avant le crime".

Alexandra Vautrin, avocat de la compagne de l'accusé, elle aussi blessée lors des faits, a rappelé que sa cliente était "une femme dévastée". "Rongée par le poids d'une culpabilité écrasante", elle n'a pas pu assister au procès. Elle ne souhaite qu'une seule chose aujourd'hui, "qu'on l'oublie" pour pouvoir se relever de cette "tragédie": "la mort d'un homme de grande valeur, dans une sauvagerie inouïe".

Doutant de la fidélité de sa compagne, Yanick Morandeau avait placé un traceur GPS dans son véhicule et l'avait suivie le 17 septembre 2020. Il l'avait surprise sur un parking dans son véhicule utilitaire en pleins ébats avec Eric Diard et s'était acharné sur ce dernier en le poignardant à plus de 50 reprises, allant jusqu'à l'éviscérer.