Du vin chaud, des bretzels et plus de 300 chalets: le célèbre marché de Noël de Strasbourg, dans l'est de la France, a ouvert mercredi, avec comme chaque année une très forte affluence en perspective... et des inquiétudes en matière de sécurité.

Cette année, le thème retenu est "le temps de s'émerveiller", avec un accent mis sur les contes et histoires, résonnant avec l'événement Capitale mondiale du livre, un label de l'Unesco décerné à Strasbourg pour 2024.

L'an dernier, 3,3 millions de visiteurs s'étaient rendus dans la capitale alsacienne, située près de l'Allemagne, pour flâner dans ses rues illuminées, admirer la cathédrale et repartir avec quelques souvenirs.

"Le marché de Noël a acquis une notoriété considérable puisque les chiffres de fréquentation sur un mois sont impressionnants", a rappelé mardi le préfet Jacques Witkowski, ajoutant: "la mouture 2024 ne semble pas prendre un chemin inférieur".

Une affluence qui n'a pas été sans poser problème, en particulier lors des pics de fréquentation les weekends, avec des parkings très vite combles et des accès compliqués à certains sites.
Cela a pu "créer de l'angoisse pour certaines personnes mais également des difficultés d'intervention" pour les secours ou les forces de l'ordre, a reconnu le préfet.

Des inquiétudes en matière de sécurité qui ne risquent pas d'être apaisées après l'annonce, mercredi, d'un préavis de grève de la police municipale de la ville jusqu'au 18 décembre.

"Discours et actes sont deux mondes différents", pointent les syndicats dans un communiqué, déplorant un manque d'action face à leurs revendications "portant sur une revalorisation du régime indemnitaire et une amélioration des conditions de départ en retraite".

Au total, plus de 1.000 personnels sont censés être chargés de la sécurisation du marché de Noël, ouvert du 27 novembre au 27 décembre.

Le 11 décembre 2018, le marché de Strasbourg avait été endeuillée par un attentat commis par le jihadiste Chérif Chekatt, qui avait tué cinq personnes et en avait blessé 11 autres dans les rues bondées du centre-ville.

"Ambiance réconfortante"

Pour l'édition 2024, le dispositif de sécurité a été adapté, notamment en terme de sens de circulation piéton le week-end ou de visite de la cathédrale.

En cas de très forte affluence - qui sera surveillée en temps réel par les forces de l'ordre, appuyées de drones - des mesures supplémentaires pourront être prises comme la fermeture de ponts piétons.

L'éventualité de mettre en place des QR codes à présenter pour circuler dans l'hypercentre, comme lors des Jeux olympiques de Paris, a en revanche été écartée car le but est de "préserver l'esprit de Noël" et "garder un événement qui est populaire, festif, ouvert à toutes et à tous", a souligné la maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian.

"Il y a quelques heures, une coupure de courant nous a fait particulièrement stresser, mais maintenant on a plutôt hâte de retrouver l'ambiance et les clients, comme chaque année", sourit Eric Bodein, un commerçant de 48 ans, en mélangeant un baril de vin chaud à l'intérieur de son chalet.

Un peu plus loin, en attendant de récupérer leurs bretzels, Batmas et Acar, deux étudiantes turques de 20 et 23 ans, se félicitent d'avoir profité de quelques jours de vacances pour visiter la capitale alsacienne.

"Dès qu'on entre dans une allée du marché, on est plongées dans l'univers de Noël et c'est une ambiance réconfortante", explique Batmas.

Un avis qu'est loin de partager Anne Gelsey, 82 ans, Strasbourgeoise de longue date: "Dès qu'ouvre le marché de Noël, Strasbourg appartient aux touristes et non à ses habitants, qui doivent adapter tout leur quotidien aux mesures de sécurité pendant un mois", déplore la retraitée.