
"Réagissez, bon sang!" À Villerupt, des riverains excédés regrettent la période où un feu tricolore n'affichait qu'une couleur : l'orange clignotant, synonyme de trafic fluidifié. Mais la commune va tenter une autre méthode pour soulager les frontaliers.
"Remettez le feu clignotant à l'entrée de Villerupt pour éviter ce bouchon inutile de 2km tous les soirs de retour du travail !!" Ce cri du coeur est celui d'un riverain qui a posté, il y a quelques jours sur Facebook, une photo explicite : un bouchon qui s'étend depuis le feu tricolore à l'entrée de la ville (route d'Audun) jusqu'au nouveau contournement qui rejoint la liaison Micheville.
Pour les frontaliers, traverser cette commune à l'heure de pointe devient de plus en plus un calvaire... sauf lorsque le feu tricolore n'affiche qu'une couleur, l'orange. "Quand les feux tricolores ne fonctionnaient pas c'était très bien, pas de bouchons" écrit un internaute. Les autres commentaires sont quasi-unanimes: "Max 5 voitures passent au vert tellement il est court. On devient fou" écrit l'un. "Absolument, hier soir, j'ai passé 25 min dans ce bouchon. C'est affligeant" ajoute un autre. "Il faut plus de temps pour faire Audun-Cantebonne que tout le trajet du Lux à Audun !! Réagissez bon sang ! Il n’y avait pas de bouchons lors des travaux" s'emporte un autre.

Un calvaire que connaissent bien les frontaliers et résidents chaque après-midi... lorsque le feu "normal" règle la circulation. / © Mobile reporter
Nous avons contacté la mairie de Villerupt pour savoir si ce feu orange clignotant avait une chance de devenir la règle. Sans surprise, c'est non : le feu clignotant pose des problèmes assez évidents "de sécurité et de responsabilité en cas d'accident" nous répond le 1er adjoint en charge de la sécurité, Guillaume Petitclair.
En revanche, suite à un budget participatif, il a été voté en 2023 la mise en place de nouveaux feux "au niveau de l'école maternelle Joseph Bara, dans la rue Carnot, et au carrefour situé route d'Audun". Ces feux doivent encore être réglés avant d'être mis en service, précise-t-il. Ils auront un cadencement différent le matin et l'après-midi. Le but est donc de fluidifier le trafic en donnant la priorité aux heures de pointes aux axes prioritaires empruntés par les frontaliers. Des frontaliers toujours plus nombreux, rappelle Guillaume Petitclair: "Il y a plus de 20.000 véhicules qui traversent l'Avenue de la Libération Villerupt chaque jour. Sachant que la population va passer de 10.000 habitants à 15 à16.000 d'ici 5 ans". Ça promet!
Plus de fluidité... ou plus de sécurité ?
Reste une question : pourquoi les feux oranges clignotants ont-ils amélioré provisoirement le trafic à Villerupt ? La réponse est à priori simple. La circulation classique, avec les feux tricolores, est alternée : une file de circulation peut avancer, les autres attendent... Cela induit des temps morts, surtout si un axe est moins fréquenté qu'un autre. On patiente parfois à un feu rouge tandis qu'en face, un feu vert ne profite à personne. Sans oublier les délais de battement entre les différents feux.
En revanche, avec le feu orange clignotant, les temps morts sont réduits puisque le régime de la priorité à droite s'applique. La circulation peut se poursuivre de façon ininterrompue. Du moins, tant que les automobilistes respectent bien le code de la route et l'obligation de vigilance. Gare aux "passages en force" des étourdis ou des chauffards.
Bref, le débat porte sur le match sécurité / fluidité : généralement, le feu orange clignotant réduit les bouchons, et le feu rouge réduit les risques.

© AFP
Il n'y a pas qu'à Villerupt qu'on s'est rendu compte des avantages du feu orange clignotant. Exemple avec cet article qui parle d'une expérience menée dans les Hauts-de-France, où plusieurs communes ont décidé de remplacer provisoirement les feux habituels par les fameux feux clignotants. “Aux heures d’affluence, en particulier le vendredi à l’heure de la sortie d’école, il y avait vraiment de longues files de voiture qu’on ne voit plus aujourd’hui”, souligne un policier. Autre constat relevé par l'article : les feux clignotants coûteraient "beaucoup moins cher à la collectivité", sachant que "Le fonctionnement, la consommation électrique et l’entretien d’un seul carrefour à feux revient en moyenne à 5 000 € par an". En ces temps de restriction budgétaire, l'argument pourrait faire mouche...
Et si l'I.A. améliorait le trafic ?
Il existe déjà des feux tricolores dits "intelligents", par exemple ceux équipés d'une caméra capable de détecter la vitesse d'un véhicule. Leur but est généralement de freiner les automobilistes trop pressés. Par exemple, au-dessus de 50 km/h, le feu reste rouge. En dessous de 50 km/h, il passe au vert. C'est pour cela qu'on les appelle aussi feux "récompenses".
Mais ces derniers ne vont pas améliorer le trafic pour autant. C'est pourquoi une autre piste est à l'étude : des feux améliorés grâce à l'Intelligence Artificielle (I.A.).
Grâce à des capteurs et des caméras, ces feux pourraient analyser le nombre et le type de véhicules, la vitesse, le sens de la marche et la densité du trafic. Les phases des feux de circulation seraient alors adaptées en temps réel. Par exemple en laissant un feu au rouge tant qu'aucune voiture ne se présente, ou bien en adaptant le trafic si un accident survient... Moins de bouchons, donc moins de pollution : c'est probablement l'avenir. Mais pour quand, et à quel prix ?