Lors du deuxième soir des émeutes, un jeune habitant de Mont-saint-Martin se rendait au Luxembourg pour faire quelques achats, mais le trajet a viré au drame. Les proches d'Aimène tentent maintenant de comprendre ce qu'il s'est passé dans la nuit de jeudi à vendredi.

Un garçon considéré par tous comme un "nounours qui adore les bonbons", comme le relatent nos confrères du journal Le Monde, Aimène a 25 ans, travaille au Luxembourg pour une société de sécurité et vit à Mont-saint-Martin avec, entre autres, sa maman.

Plusieurs véhicules et bâtiments publics avaient brûlé la veille à Mont-saint-Martin, c'est pour cette raison que 11 agents du RAID, une unité spéciale de la police, étaient déployés pour "assurer la sécurité des personnes et des biens", selon le préfet de Meurthe-et-Moselle.

En route vers Rodange après une journée de travail normale et avec quelques amis afin d'aller faire quelques achats dans une station-service à la frontière, vers 1h du matin, des policiers s'approchent du véhicule et éclairent les passagers à l'aide d'une lampe torche, avant, selon les proches de la victime, le retentissement d'un son, et puis plus rien. Les jeunes pris de panique en voyant leur ami inconscient, qui était au volant au moment du tir, l'amènent aux urgences de l'hôpital de Mont-saint-Martin où on leur répondra qu'ils ne peuvent pas le traiter. Il sera finalement transporté en ambulance à Arlon afin d'y être opéré peu avant 4h du matin.

Sa mère, Yasmina, a déclaré à nos confrères de RMC qu’il "souffre d’un œdème cérébral et que les médecins l’ont plongé dans un coma artificiel". Ses proches, qui n'ont pas assisté à la scène, ont porté plainte au commissariat local.

Le parquet souligne qu’il ne s’agit pas d’une affaire de refus d’obtempérer mais bien d’un contexte de violences urbaines. La procureure confirme que cette nuit-là, face aux émeutiers et sous le feu des mortiers d’artifice, les policiers du RAID ont bien tiré, notamment au LBD ou encore de "bean bags", soit un sac de haricots, composé d'un sachet de coton contenant de minuscules plombs.

La responsabilité des policiers dans la blessure grave d’Aimène n’est donc "pas exclue mais pas avérée" à ce stade, mais la justice a immédiatement ouvert une enquête pour "violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique".

Une enquête complexe s'est donc ouverte à la frontière entre la France et la Belgique puisque c'est là que la jeune victime est hospitalisée pour le moment, ce qui retarde la réception de constatations médico-légales sur la nature et les possibles causes de sa blessure.

Son avocat va porter plainte

L'avocat du jeune homme dans le coma a annoncé mercredi qu'il allait déposer plainte pour "tentative d'homicide volontaire". Me Yassine Bouzrou compte déposer plainte "dans les 48 heures" et va demander l'ouverture d'une information judiciaire, a-t-il indiqué à l'AFP, confirmant une information du journal Le Monde.

Me Bouzrou précise que son client "est hospitalisé, dans le coma" depuis qu'il a "souffert d'une blessure très grave à la tête" à Mont-Saint-Martin, une commune proche de Longwy située à la frontière de la Belgique et du Luxembourg.

Selon ses proches, interrogés par Le Monde, le jeune homme a reçu un projectile tiré par un policier du Raid.

"D'après mes informations, il ne participait pas aux émeutes et n'a commis aucun refus d'obtempérer", a souligné Me Bouzrou.

Une enquête sur les faits est actuellement menée par l'inspection générale de la police nationale (IGPN), a précisé à l'AFP une source policière.

L'hôtel de ville y a été saccagé et incendié dans la nuit de vendredi à samedi, "victime de la violence des émeutiers", a indiqué le maire Serge de Carli dans un communiqué.

Sollicitée par l'AFP, la procureure de la République du Val-de-Briey n'a pas donné suite dans l'immédiat.