
L'ancien international brésilien Dani Alves à sa sortie de prison, le 25 mars 2024 près de Barcelone / © AFP/Archives
La peine de quatre ans et demi de prison infligée à l'ex-star du Barça Dani Alves pour le viol d'une jeune femme en 2022 a été annulée vendredi par une cour d'appel de Barcelone, qui a pointé notamment le manque de "fiabilité" de la plaignante.
La condamnation de l'ancien international brésilien, 41 ans, a été marquée par "une série de manquements, d'imprécisions, d'incohérences et de contradictions sur les faits", a assuré dans un communiqué cette cour d'appel, évoquant des "insuffisances" dans les preuves apportées.
"Nous sommes très heureux. Il est innocent et cela a été prouvé. La justice a parlé", a réagi sur la radio RAC1 Inés Guardiola, l'avocate de l'ancienne star du FC Barcelone et du Paris Saint-Germain, qui a passé 14 mois en prison avant d'en sortir en mars 2024 dans l'attente de la décision en appel, contre une caution d'un million d'euros.
Ana Redondo, la ministre de l'Egalité du gouvernement de gauche de Pedro Sánchez, a, de son côté, appelé le pouvoir judiciaire à "entamer une réflexion". "On ne peut pas être en permanence en train de questionner la parole des femmes. (...) Elles doivent savoir que leur parole et leurs mots sont crédibles et soutenus par la loi".
"Justice patriarcale"
L'ex-ministre de l'Egalité Irène Montero, à l'origine d'une loi contre les violences sexuelles votée en 2022 (bien 2022), a elle aussi fustigé dans ce jugement "un exemple clair" de "justice patriarcale qui ne protège pas les femmes et maintient la culture d'impunité des agresseurs".
Dans leur arrêt, les magistrats de la cour d'appel de Barcelone soulignent que leur décision, qui peut encore faire l'objet d'un recours devant le Tribunal suprême, ne signifie pas pour autant que "l'hypothèse vraie" dans cette affaire soit celle défendue par le joueur, qui a toujours nié avoir violé la plaignante.
Ils insistent toutefois sur le manque de preuves objectives et sur les doutes entourant les déclarations de cette dernière.
Certains éléments de son récit ont, en effet, été démentis par les images de vidéosurveillance transmises par l'établissement où les faits ont eu lieu, ajoute la cour d'appel.
Ces divergences font que la jeune femme ne peut pas être considérée comme "fiable" et compromettent "gravement la fiabilité de son témoignage", insiste la cour.
Dani Alves avait été condamné le 22 février 2024 à quatre ans et demi de prison et à verser 150.000 euros à la plaignante. Le tribunal lui avait également imposé une interdiction de l'approcher durant neuf ans et demi et cinq ans de liberté surveillée après sa sortie de prison.
Versions fluctuantes
L'ancien latéral droit de l'équipe nationale du Brésil et du Barça était accusé d'avoir violé une jeune femme durant la nuit du 30 au 31 décembre 2022 dans la zone VIP d'une discothèque de Barcelone, où il était venu faire la fête avec un ami.
Selon l'acte d'accusation, le joueur, qui venait de rentrer de la Coupe du monde au Qatar, aurait offert du champagne à la plaignante, ainsi qu'à sa cousine et à une amie, avant de l'inviter à le suivre dans une pièce attenante comportant des toilettes.
Il aurait alors eu une "attitude violente" envers la jeune femme. "La victime lui a demandé à plusieurs reprises de la laisser partir, disant qu'elle voulait s'en aller, mais l'accusé l'en a empêché", avait détaillé le parquet, en évoquant une "situation d'angoisse et de terreur".
Cette version avait été niée par le joueur durant son procès: "A aucun moment elle ne m'a dit quoi que ce soit (...) Si elle avait voulu partir, elle pouvait partir à tout moment, elle n'était pas obligée d'être là", avait-il assuré.
Sa défense avait cependant été fragilisée par ses nombreux changements de versions, Dani Alves ayant affirmé dans un premier temps n'avoir jamais rencontré la plaignante, avant de reconnaître eu une relation sexuelle avec elle, mais selon lui consentie.
Footballeur parmi les plus titrés de l'histoire, Dani Alves a connu la période la plus glorieuse de sa carrière au Barça, entre 2008 et 2016. Au moment de son incarcération, il jouait dans le club mexicain des Pumas, qui l'a licencié.