
© Pixabay
Après le "boomer", découvrez les "doomers". Une communauté qui grandit sur internet et qui met l'accent sur l'impact de la crise environnementale chez les jeunes.
"Ok boomer !", cette phrase, prononcée par la députée néo-zelandaise de 25 ans, Chlöe Swarbrick, est devenue virale en 2019. En tentant d’alerter le Parlement sur l’urgence climatique, elle fut interrompue par un élu plus âgé qu'elle, jugeant les propos des millennials et de la génération Z comme étant "utopiques".
Depuis, l’expression est utilisée de façon sarcastique et tend à dénoncer du mépris ou de la condescendance vis-à-vis des nouvelles générations.
Les doomers, que l’on peut traduire en français par "les condamnés", représentent une catégorie de jeunes ayant conscience de la menace que représente le réchauffement climatique. Ils disent se sentir démunis voire abandonnés par la société dans laquelle ils évoluent.
Quand Internet produit de l'anxiété et mène à la dépression
Populaire sur internet, le terme doomer provient de l’expression "doomscrolling". Dérivé du verbe anglais "to scroll" soit "faire défiler", le doomscrolling consiste à consommer des informations négatives à outrance via les réseaux sociaux.
De plus en plus de recherches visent à démontrer les impacts que peuvent avoir les réseaux sociaux sur la santé mentale des individus.

© Pixabay
Marie-Pierre Fourquet-Courbet et Didier Courbet, experts scientifiques en santé publique, pointent du doigt les risques de symptômes dépressifs et anxieux liés à l’utilisation intensive du smartphone. Dans un article de la Revue Française des Sciences de l'information et de la communication, Anxiété, dépression et addiction liées à la communication numérique, ils expliquent que l’exposition excessive à Internet conduit à un risque d'isolement important.
En effet, il existe un paradoxe entre le réconfort psychologique que peuvent ressentir les jeunes vis-à-vis des réseaux sociaux et le risque d'adhérer à des idéologies dangereuses.
Selon les experts, le sentiment de bien-être lié à l’utilisation des médias numériques semble être de courte durée, laissant souvent place aux émotions négatives.
Le moral en baisse chez les jeunes français
Une étude de la DJEPVA (Direction de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et de la Vie Associative) menée sur la population française âgée de 18 et 30 ans, après le Covid, témoigne d'une baisse de satisfaction chez les jeunes.
Entre vie sociale mise sur pause, perte d’emploi et isolement, la crise sanitaire est venue ébranler l’optimisme et l’engagement de la jeunesse.
Selon l’enquête, "six jeunes sur dix (59%), considèrent en 2021, que leur vie actuelle correspond à leurs attentes". Un niveau qui n'a jamais été aussi bas en six ans.
Luxembourg : les jeunes de plus en plus isolés
Le STATEC, dans l'une de ses enquêtes, rapporte que de nombreux indicateurs de bien-être ont augmenté du côté de la population luxembourgeoise.
Cependant, les résultats ne sont pas aussi encourageants concernant la jeunesse. En effet, le sentiment de solitude est grandissant: il touche 15% des 16-24 ans.
Les sentiments de bonheur et de satisfaction sont parallèlement en baisse et les résultats sont encore plus fragiles lorsqu’il s’agit d’aborder leur avenir.
Le réchauffement climatique et le phénomène d'éco-anxiété
La fatalité et le pessimisme que ressentent certains individus quant à leur avenir n'est pas anodin et dépasse la toile. Pour poser des mots sur ce phénomène, on peut parler d'éco-anxiété.
Une étude, menée par l'ONG Avaaz, révèle qu'à l'échelle mondiale, "plus de sept jeunes sur dix (75%) trouvent que "l’avenir est effrayant"". Près de la moitié des jeunes interrogés estiment être affectés par l'éco-anxiété.
Ce qui semble n'être, de prime abord, qu'une tendance purement virale, préoccupent profondément aussi bien les jeunes que les nouveaux adultes. Ainsi, certains internautes n’hésitent pas à se définir en tant que "doomer": une façon d'exprimer le regard noir qu'ils portent sur le monde.