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L’humoriste Jarry, figure incontournable du paysage comique français, se retrouve au cœur d’une polémique après la publication d’une enquête de Médiapart révélant des témoignages accablants sur son comportement lors du tournage de la série Maison de retraite pour TF1.
Selon le média d’investigation, une quinzaine de membres de l’équipe — techniciens, comédiens et autres collaborateurs — dénoncent des propos et des attitudes jugés racistes, sexistes et humiliants.
L’enquête décrit un Jarry "hors caméra" dont les agissements auraient perturbé l’ambiance de travail, pourtant décrite comme "respectueuse et bienveillante" par les autres participants. Les témoignages recueillis évoquent des "maltraitances" envers certains techniciens, ainsi que des "remarques racistes et à caractère sexuel". Plusieurs sources affirment avoir été mises mal à l’aise par des "propos gênants", "humiliants" et "dégradants".
Parmi les incidents rapportés, un comédien noir aurait été la cible répétée de moqueries de la part de Jarry. Lors d’une répétition, alors que l’acteur peignait à retenir ses répliques, l’humoriste lui aurait lancé: "Allez, il faut y aller Kirikou !" — une référence au personnage de dessin animé.
Ces blagues, présentées comme anodines par l’intéressé, auraient provoqué un silence gêné sur le plateau. Le comédien visé, interrogé par Médiapart, reconnaît: "Je ne dirais pas qu’il est raciste… Il y a des commentaires racistes envers moi. Mais c’est toujours sur le ton de la rigolade. Alors on rigole, même si ça met mal à l’aise".
Des comportements décriés en spectacle et en coulisses Les techniciens de ses spectacles dénoncent également un humour "trop cru" et des gestes "hypertactiles". Jarry multiplie les vannes ciblant les personnes racisées, gays ou en situation de handicap, devant un public hilare. En coulisses, il serait coutumier de contacts physiques jugés inappropriés, touchant les abdos ou les épaules des jeunes techniciens pour "voir s’ils sont musclés".
Certains témoignages vont plus loin: "Il peut te dire qu’il peut t’avoir à l’usure, bourré, à 4-5 heures du matin", confie une source. Un autre technicien affirme avoir reçu cette remarque: "Attention, ta tête est très près du monstre" — une allusion explicite à son sexe. Une personne déclare même avoir été sollicitée pour une relation sexuelle.
Contactés par Médiapart, la productrice et le directeur de production de la société de Kev Adams n’ont pas souhaité réagir. Trois comédiens de la série ont tenu à défendre Jarry, le décrivant comme "très sympa". L’humoriste, lui, a invité le média à assister à son spectacle pour "comprendre [sa] quête de rassembler les gens quels que soient leur sexe, religion, couleur de peau".
Il n’a pas répondu aux accusations spécifiques.
À ce stade, ni TF1 ni la production n’ont publié de communiqué officiel. La question de la responsabilité des chaînes et des productions face à de tels comportements se pose avec insistance, alors que l’humoriste prépare l’animation d’une nouvelle émission, The Imposter.
Cette affaire soulève une nouvelle fois le débat sur les limites de l’humour et la tolérance des comportements inappropriés dans le milieu du spectacle. Jusqu’où peut-on rire sans blesser ?