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Des caisses pleines de noyaux de cerises découvertes lors de fouilles à Mamer, constituent un casse-tête pour les archéologues.
Ce n’est pas la première découverte étrange faite à Mamer ces dernières années. Il y avait déjà eu le squelette du dromadaire mâle originaire d'Égypte, dont les ossements ont été retrouvés à Mamer il y a sept ans dans les vestiges du "vicus" (village) gallo-romain.
Une équipe de RTL s'est rendue sur le lieu des fouilles en compagnie de Lynn Stoffel, la responsable du Service d’archéologie gallo-romaine de l'INRA, l'Institut national de recherches archéologiques.
Le site des fouilles, qui n'est pas ouvert au public, est situé à proximité de la route principale, sur un terrain qui a longtemps été un pré à chevaux.
"Nous nous trouvons ici au vicus, c'est-à-dire l'ancien village gallo-romain, mais nous sommes sur l'autre rive de la rivière Mamer. Ce qui signifie que nous avons découvert le passage romain entre les deux parties du vicus. Nous avons trouvé un ouvrage de fortification des berges, un certain nombre de maisons, cinq en tout, situées côte à côte. Ce sont des villas gallo-romaines située le long d'une route, que nous avons également trouvée. Ainsi que différentes entreprises artisanales, qui se trouvaient dans ces villas. Les maisons ont été modifiées à plusieurs reprises, nous avons découvert jusqu'à sept phases."
A proximité de ces maisons se trouvait une sorte d'auberge, où les voyageurs pouvaient séjourner il y a 2.000 ans.
Autre découverte particulièrement importante faite sur le site: des sortes de puits reliés les uns aux autres: "Le mot puits n'est pas tout à fait exact, car un puits est normalement utilisé pour obtenir de l'eau fraîche. Ici, c'était pour une activité artisanale, pour laquelle nous n'avons pas encore trouvé d'équivalent dans la Grande Région pour l'époque gallo-romaine. C'est vraiment inhabituel."
En raison de l'humidité du site, une quantité extraordinaire de matière organique y a été préservée, explique Lynn Stoffel: "Nous avons plus de 700 fragments de chaussures de l'époque romaine, nous avons des restes de plantes qui nous montrent ce que les Romains mangeaient, ce qu'ils transformaient, mais nous avons aussi des vestiges de bois, provenant par exemple de charrettes. Habituellement ce n'est pas conservé, car cela se décompose simplement dans le sol."
L'énigme des noyaux de cerise
On n'imagine pas que des noyaux de cerise puissent être conservés dans le sol pendant 2.000 ans, mais c'est pourtant un fait. Pas seulement deux ou trois noyaux, mais des caisses entières. Celles-ci se trouvaient dans le sol humide d'un puits jusqu'à ce que les archéologues les trouvent. Les botanistes ont confirmé qu’il s’agissait de noyaux de cerise, mais la question est: qu’en faisaient les Romains?
"Le problème est que nous ne savons pas encore très précisément pour quoi ils les utilisaient. Je peux exclure le gâteau aux cerises du déjeuner du dimanche. Il y en avait beaucoup trop pour cela. Nous supposons que soit ils transformaient les cerises à grande échelle et que ces produits étaient ensuite revendus, soit que les noyaux eux-mêmes étaient utilisés à autre chose, ce qui échappe encore à la science actuellement", selon Lynn Stoffel
Une chose est cependant certaine, c'est que les découvertes archéologiques à Mamer ne seront pas conservées sur site. Un grand projet immobilier est prévu sur ce terrain et même déjà partiellement vendu. Il est toutefois difficile de dire quand le promoteur pourra débuter les travaux.
Les archéologues travaillent aussi vite qu'ils le peuvent, lorsque le temps et l'état du terrain le leur permettent. Ils ne sont toutefois pas tenus par le temps. En effet, les fouilles ont commencé avant l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur le patrimoine, qui prévoit un délai de six mois pour des fouilles avant un projet de construction, Mais à Mamer, les fouilles tombent sous le coup de la loi de 1983, qui ne prévoyait pas de délai.