Plus de 2.500 artistes ont publié sur Mediapart une "contre-tribune" du monde de la culture, en réponse au soutien reçu ces derniers jours par Gérard Depardieu. Parmi eux, la Luxembourgeoise Deborah de Robertis.

La polémique autour des propos et des accusations de Gérard Depardieu continue. Après un texte publié par une soixantaine d'artistes mardi dans le Figaro, une "contre-tribune" vient d'être diffusée par le Club de Mediapart.

Dans celle-ci, réalisateurs, comédiens, auteurs et humoristes, dont l'artiste luxembourgeoise Deborah de Robertis, dénoncent le soutien reçu par Depardieu, qualifié de "dernier monstre sacré" du cinéma: "Lorsqu'on s'en prend ainsi à Gérard Depardieu, c'est l'art que l'on attaque" s'offusque le clan Depardieu.

Ce à quoi le collectif de 2.500 artistes répond: "Lorsqu’on s’en prend à Depardieu, ce serait à l’art que l’on s’en prendrait ! Comme si Depardieu représentait l’art en France. Comme si le statut d’artiste ou le talent justifiait un traitement singulier."

La "contre-tribune" regrette la victimisation de l'acteur et le traitement accordé aux plaignantes: "Comme toujours dans les affaires de violences sexistes et sexuelles à l’égard des femmes, la "présomption d’innocence" pour l’agresseur sonne comme une "présomption de mensonge" pour les femmes qui témoignent contre lui."
Si les deux camps appellent la justice à "faire son travail", les signataires ajoutent: "Mais face à l’absence d’écoute et de prise au sérieux des victimes au sein des institutions policières et judiciaires, il est du devoir de chacun.e de refuser la banalisation de propos et d’ actes tels que ceux de Gérard Depardieu."

Que reproche-t-on à Gérard Depardieu?

Tombé de son piédestal après la diffusion d'images où il multiplie les propos misogynes, l'acteur de 75 ans, visé par trois plaintes pour agression sexuelle ou viol qu'il réfute, n'a pas fini de diviser.

Une soixantaine de personnalités de la culture ont dénoncé un "lynchage" dans une tribune au Figaro mardi, dont le réalisateur Bertrand Blier, les actrices Nathalie Baye et Charlotte Rampling, les acteurs Jacques Weber, Pierre Richard et Gérard Darmon, les personnalités de la musique Roberto Alagna, Carla Bruni, Arielle Dombasle et Jacques Dutronc.

"Je trouve que c'est très courageux de la part des signataires", a réagi le comédien, contacté par RTL, ajoutant ne pas en être à l'origine et avoir simplement autorisé son auteur à la publier.

Un "prédateur" selon Sophie Marceau

Parmi celles qui s'expriment, Anouk Grinberg ou Sophie Marceau, qui avait dénoncé son comportement de "prédateur" en 2015 et est revenue sur le sujet dans Paris Match. Isabelle Carré a appelé dans Elle à dire qu'il "est grand temps que (le sexisme), ça se termine".

Au-delà des cercles féministes, Depardieu bénéficiait d'une certaine indulgence. Son tempérament fort en gueule, volontiers outrancier, lui a longtemps attiré la sympathie du public et de la profession.

Ses déclarations sur des viols auxquels il aurait pris part dans sa jeunesse lui ont couté sa carrière américaine au début des années 1990 mais n'ont eu que peu d'écho en France.

Lorsqu'une actrice aussi populaire que Sophie Marceau le qualifiait en 2015 de "prédateur" pour son comportement sur les tournages, ses propos sonnaient dans le vide.

Le 7e art préférait louer l'acteur aux plus de 200 films au cinéma et à la télévision, au jeu instinctif et à la boulimie de travail, qui aura interprété les grands héros de la littérature nationale, de Cyrano au Jean Valjean des "Misérables", en passant par Obélix.