Le graffeur Scaf est passé maître dans l'art du trompe-l'œil en 3D. Il se met en scène dans ses fresques hyperréalistes qu'on retrouve partout dans le monde, des États-Unis à la Finlande en passant par... le Luxembourg.
C'est dans une usine abandonnée située à moins d'une heure de route du Luxembourg que Pierrot Berto, alias "Scaf" nous a donné rendez-vous. En mode "relax" et accompagné, comme toujours, par son chien, il nous fait visiter l'immense friche industrielle. Depuis des années, c'est devenu le repaire de l'artiste. L'endroit a été baptisé "Scaf-Land" par les connaisseurs tant le nombre de fresques qu'il y a réalisé est impressionnant.
Des œuvres par essence éphémères, même si la réalisation de chacune d'entre-elles a nécessité des jours de travail. "Ça fait partie du jeu" explique-t-il. "Si vraiment je veux préserver tout ça, j'ai une maison, j'ai quatre murs, je peins chez moi" nous dit-il avec un sourire.
Au début des années 2000, le Street Artist lorrain Scaf faisait partie d'un collectif qui regroupait les meilleurs artistes de la Grande-Région. Ils réalisaient des fresques en Lorraine, en Allemagne et au Luxembourg.
C'est de la bombe!
Scaf peignait alors des classiques du graffiti : BBoys et squelettes et s'inspirait déjà de la pop culture des années 90. La technique de l'artiste l'a vite orienté vers des œuvres hyperréalistes qu'il réalise à la bombe. Au fil du temps il s'est spécialisé dans l'anamorphose. Une technique qui consiste à créer un effet visuel de perspective en trois dimensions. Ses fresques se forment et se déforment en fonction du point de vue du spectateur, et le résultat est hallucinant.
Depuis 6 ans, il a réalisé un nombre incalculable d'œuvres partout dans le monde. De Tahiti à la Finlande, du Mexique au Luxembourg, ses fresques représentant un bestiaire fantastique semblent jaillir des murs.
Le style et la patte de l'artiste, c'est aussi son art de se mettre en scène en interagissant avec ses fresques. Tantôt il dompte un T-Rex, il chevauche un requin ou nage avec un crocodile. Le tout sans se prendre au sérieux, même si on est loin des codes du graffiti. "Quand j'ai commencé le Graf, faire le guignol en jupe habillé en Belle, mes potes, ils m'auraient craché dessus".
Aujourd'hui, Scaf est devenu une référence dans le monde des graffeurs. Sa page Instagram compte plus de 158.000 followers et donne une seconde vie à ses œuvres éphémères. Quand on lui demande combien d'heures il a passé à peindre dans cette usine abandonnée, il répond: "combien de semaines, de mois? c'est mon terrain de jeu". Tout en sachant que ses fresques vont s'abimer très vite ici. "Un hiver lorrain et c'est foutu, mais on connaît les règles".
Le plus important pour lui, c'est de garder son âme d'enfant. "J'ai la même vie depuis que j'ai 15 ans. Je suis dans mon monde, un peu comme un autiste, mais très heureux".