Durant cette période de confinement, RTL 5Minutes vous propose un temps de réflexion avec le psychologue Cyril Tarquinio. Épisode 1: le télétravail forcé.
Dans "Je confine donc je suis", le psychologue et professeur à l’Université de Lorraine Cyril Tarquinio se propose d'aborder un thème lié à cette situation nouvelle qu'est le confinement.
Dans cette première vidéo, le psychologue nous met en garde sur les dangers du télétravail forcé et sur la façon dont il peut remettre en question l’organisation du travail demain.
Si le télétravail était déjà un sujet central au Luxembourg et dans les pays limitrophes où des dizaines de milliers de frontaliers comptent les heures dans les transports, il est devenu une problématique sociétale internationale depuis le début de la crise du coronavirus.
"ON VIENT D'AMPUTER, SANS S'EN RENDRE COMPTE, UNE FORME DE LIBERTÉ D'ACTION DU SALARIÉ"
Certains le découvrent de façon abrupte, imposée, en même temps que la disparition d’une distinction entre deux notions: celle du “temps au travail” (celui résultant de l’organisation du travail et incluant les transports) et celle du “temps de travail” (le temps qui s’oppose au hors-travail). La pratique du télétravail rend plus indéfinies les frontières entre travail et hors-travail.
D’une part l’utilisation systématique des outils numériques induit une flexibilité qui se répercute sur l’organisation du temps de travail. D’autre part, ce travail pratiqué à domicile empiète sur la sphère domestique. Cyril Tarquinio redoute les effets de la disparition de cette distinction: "On vient d'amputer, sans s'en rendre compte, une forme de liberté d'action du salarié."
"NOTRE ACTIVITÉ EST DEVENUE UNE ACTIVITÉ DE MINI ENTREPRENEUR SALARIÉ"
Donc la vidéo, Cyril Tarquinio alerte sur l’utilisation des outils numériques. Beaucoup d'employeurs ont mis à disposition des travailleurs des ordinateurs. C'est une responsabilité de plus. "Notre activité de salarié est devenue une activité de mini entrepreneur salarié", précise le psychologue. Le fait de pouvoir se connecter à distance et à tout moment au réseau interne de l’entreprise renforce, certes, la possibilité de contrôler l’assiduité des travailleurs nomades, mais surtout augmente la pression diffuse (et jamais explicitée) pour faire disparaître les temps de pause et élargir sans limite précise la plage de temps pendant laquelle il est souhaitable de travailler.
Une étude centrée sur les conduites individuelles des télétravailleurs suggère que le télétravail et, notamment, le travail à domicile, font peser de nouvelles exigences sur les salariés. L’espace physique du bureau et la proximité avec les collègues constituent une ressource pour organiser les activités professionnelles. À domicile, les collaborateurs se trouvent dans un environnement peu structuré et doivent mettre en place des stratégies de gestion proactives pour se fixer des objectifs et organiser leur journée de travail.
"C'EST LE STRESS ET LE BURN OUT QUI NOUS GUETTENT"
Certes le télétravail présente quelques avantages. En optant pour cette forme de travail, les salariés privilégient une certaine réactivité par rapport à leurs proches (garder un enfant malade, par exemple) ou pour le moins, une présence rassurante au domicile.
Mais comme le rappelle le professeur à l’Université de Lorraine, il faut rester vigilant: "C'est le stress et le burn out qui nous guettent dans un environnement qui n'est pas serein, qui est même anxiogène. On ne sait pas où on va aller avec ce coronavirus. De plus en plus, on va avoir dans notre entourage des gens malades, des gens qui vont mourir. C'est de la peur, c'est de l'appréhension. Rajoutez à cela la pression du travail, la vie de famille... Le cocktail peut être explosif!"