
© RTL / Warner Bros
9 jours de festival, 36 longs-métrages découverts à la queue-leu-leu, la plupart parlés en anglais sans sous-titres. Et pas un seul fruit pourri dans cette sélection très personnelle.
Pour quelqu’un comme l’ouvreuse, qui se dit souvent déçue par la programmation remakes/ super-héros/resucées/daubes (dixit Stephan Roelants), ces 9 jours équivalent à une "cinécure", une fontaine de jouvence, une bouffée d’air frais, prouvant que le cinéma parlé en anglais peut être tout à fait surprenant, varié, passionnant, passionné, envoûtant et emballant, il faut juste que ces films soient achetés par des distributeurs et programmés dans nos salles.
Pour ce qui est du Joker de Todd Phillips, Lion d’Or au Festival de Venise, aucun souci, il ne tardera pas à atterrir sur vos écrans. Mais n’attendez-vous surtout pas à un autre film de "super-zéros" ou à un nouvel épisode lambda de la saga Batman. Non, ici le méchant Joker, jadis interprété par Cesar Romero, Jack Nicholson ou le désormais légendaire Heath Ledger, est définitivement à ranger dans le camp des Norman Bates et autres psychopathes malades de l’histoire du cinéma. Le film raconte la montée en puissance d’un comédien de deuxième zone ignoré, harassé, brutalisé et ridiculisé par son entourage, qui se transforme en monstre violent et sanguinaire. Joker est un pur produit de notre temps, c.à.d. de l’ère de Trump, et risque de surprendre le public américain par son approche totalement négative de son sujet. Ce Joker est tout sauf drôle, et son message politique n’offre même pas une ombre d’optimisme. Nul besoin de préciser que Joaquin Phoenix est phénoménal dans le rôle-titre.

© Screen Australia
La violence, ou même l’ultra-violence est également omniprésente dans THE TRUE HISTORY OF THE KELLY GANG, film australien de Justin Kurzel lequel, s’il n’est pas programmé dans les salles avant, l’ouvreuse verrait bien dans la sélection du prochain LuxFilmFest, tellement ce western turbulent et allumé, tourné en pleine brousse, explose les conventions du genre. Tout comme Joker, la vraie histoire du gang des Kelly n’est pas à mettre dans toutes les mains. Mais quelle mise en scène jouissive, quels acteurs déchaînés, quel culot. Avec, comme prime, une apparition explosive de Russell Crowe, qui s’est fait plutôt rare ces derniers temps.

© Pathé France
Le réalisateur Rupert Goold vient du théâtre anglais et c’est lui qui a adapté la pièce de théâtre JUDY pour le grand écran. Parmi tous les films sur la liste torontoise de l’ouvreuse, c’est celui-ci qui a fait le plus peur à Marie-Amandine avant sa projection. Car la Judy du titre, c’est Judy Garland. Actrice et chanteuse tragique dont la vie a été transformée en enfer par la Metro Goldwyn Mayer, Judy Garland est morte à l’âge de 47 ans. Tout comme le récent "Stan and Ollie", le film s’intéresse avant tout à la fin de la carrière de celle qui, pour des millions de cinéphiles dans le monde, reste une véritable légende. Le scénario du film n’est guère passionnant, mais l’ouvreuse a quand même chialé comme une madeleine en fin de projection, grâce à l’interprétation hallucinante de Renée Zellweger qui a réussi à se glisser dans la peau de l’actrice et qui va - sans le moindre doute – se retrouver en lice pour un Oscar.

© 20th Century Fox
Les films sur les courses automobiles sont plutôt rares, et les films réussis sur le sujet le sont encore moins. Mais plus maintenant, car Ford v Ferrari, réalisé par James Mangold, interprété par Matt Damon et Christian Bale, vient casser le moule. Pendant près de deux heures et demie, le film explore la rivalité, dans les années 1950, entre Ford en Amérique et Ferrari en Italie, une rivalité qui se disputera pendant les 24 heures du Mans. Selon l’ouvreuse, Ford v Ferrari est un des plus grands films du TIFF 2019, d’abord parce que Damon et Bale sont sensationnels dans leurs rôles respectifs et parce que James Mangold se souvient des leçons de cinéma jadis donnés par Howard Hawks. Marie-Amandine persiste et signe : C’est le meilleur film de Howard Hawks que Howard Hawks n’a jamais tourné. Hallucinant !

© Motherless Brooklyn
Autre chef d’œuvre que l’ouvreuse espère revoir au Luxembourg bientôt, MOTHERLESS BROOKLYN de et avec Edward Norton, qui – tout en expliquant le phénomène Trump – raconte une sombre histoire de corruption politique à New York dans les années après la fin de la 2ème Guerre mondiale. Tiré d’un roman à succès, interprété par une ribambelle d’acteurs connus, mis en scène par un Norton touché par la grâce, ce polar alambiqué compte désormais parmi les perles du film noir, à la même enceinte que les classiques des années 40 ou, plus récemment, Chinatown de Roman Polanski ou Farewell my Lovely de Dick Richards.
Voilà, le TIFF 2019 se termine se weekend et Marie-Amandine revient au bercail lundi. Dans ses billets doux, elle n’a évoqué que 10 films sur les 36 qu’elle a découvert dans les salles trop "airconditionnées" des Scotiabank Theatres. Il reste donc du pain sur la planche…
Marie-Amandine
Torontinoise