Le barrage hydroélectrique de Kakhovka, situé dans les zones de la région de Kherson occupées par la Russie dans le Sud de l'Ukraine, a été partiellement détruit mardi. Vingt-quatre localités ont été inondées et "plus de 17.000" évacués.

L'Ukraine a annoncé évacuer "plus de 17.000" civils des zones inondées autour du barrage de Kakhovka (sud), partiellement détruit tôt mardi matin dans une explosion pour laquelle les deux camps se rejettent la responsabilité.

"Plus de 40.000 personnes risquent d'être en zones inondées. Les autorités ukrainiennes évacuent plus de 17.000 personnes. Malheureusement, plus de 25.000 civils se trouvent sur le territoire sous contrôle russe", a indiqué sur Twitter le procureur général ukrainien Andriï Kostine. Les autorités d'occupation installées sur place par Moscou ont elles indiqué avoir commencé l'évacuation des habitants de trois localités.

Les forces ukrainiennes ont effectué de "multiples frappes" sur le barrage de Kakhovka dans la nuit de lundi à mardi, a déclaré sur Telegram le maire de la ville de Nova Kakhovka, Vladimir Leontiev, en affirmant qu'elles avaient détruit les robinets-vannes du barrage et provoqué un "rejet d'eau incontrôlable".

"Le barrage n'est pas détruit et c'est un bonheur immense", a-t-il toutefois assuré.

Pour sa part, l'armée ukrainienne a accusé dans un communiqué la Russie d'avoir organisé une explosion sur le barrage. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a convoqué d'urgence son conseil de sécurité, a annoncé le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak, sur Telegram, en dénonçant un "crime de guerre".

Le danger de "catastrophe nucléaire" à la centrale de Zaporijjia "augmente rapidement", a averti également mardi un conseiller à la présidence ukrainienne. Mais l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a estimé mardi qu'il n'y avait "pas de danger nucléaire immédiat".

La montée d'eau a été constatée dans plusieurs localités situées à proximité du barrage sans que la situation devienne critique, selon l'administration de la région de Kherson, installée par la Russie.

"S'il le faut, nous sommes prêts à évacuer les habitants des villages riverains", a déclaré dans un communiqué sur Telegram le chef du gouvernement de la région de Kherson, Andreï Alekseïenko, en soulignant toutefois que leur vie n'est pas menacée et appelant à "ne pas céder à la panique".

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg s'est dit mardi scandalisé par l'attaque contre un barrage hydroélectrique en Ukraine qui "démontre une fois de plus la brutalité de la guerre menée par la Russie".

La destruction du barrage de Kakhovka  est "un acte scandaleux" qui "met en danger des milliers de civils et cause de graves dommages à l'environnement", a-t-il tweeté.

Le barrage de Kakhovka, pris dès le début de l'offensive russe en Ukraine, permet notamment d'alimenter en eau la péninsule de Crimée, annexée en 2014 par Moscou.

Aménagé sur le fleuve Dniepr en 1956, pendant la période soviétique, l'ouvrage est construit en partie en béton et en terre.

Il s'agit de l'une des plus grandes infrastructures de ce type en Ukraine.