Face à une série d’accusations de harcèlement moral et de critiques sur les conditions de logement étudiant, l’Université du Luxembourg s’est expliquée jeudi lors d’une conférence de presse, rejetant plusieurs allégations tout en reconnaissant certains dysfonctionnements.

L’Université du Luxembourg a tenu jeudi une conférence de presse pour répondre aux accusations de harcèlement moral et aux problèmes de logement, exprimant ses regrets et assurant vouloir travailler à des solutions.

Cette prise de parole intervient après des accusations de "harcèlement moral" formulées par des membres du corps enseignant, qui affirmaient s’être exprimés au risque de subir des conséquences professionnelles.

Ces dernières semaines, l’institution a été secouée par plusieurs révélations : un rapport accablant sur les conditions de vie des étudiants, une manifestation masquée devant la Chambre des députés dénonçant une "situation alarmante", une action en justice liée aux promotions académiques, ainsi que des témoignages évoquant un climat toxique.

Jeudi, l’Université a donc convié la presse à un échange pour répondre point par point aux allégations en cours. Étaient présents : le recteur Jens Kreisel, la directrice RH Claire Audollent, la vice-rectrice à la Recherche Simone Niclou, le vice-recteur aux Affaires académiques et étudiantes Philippe Hiligsmann, et la secrétaire générale adjointe du Conseil de gouvernance, Anne Christophe.

S’exprimant en français, Jens Kreisel a ouvert la conférence par un message sans ambiguïté : l’Université rejette une partie des informations récemment publiées.

"Nous souhaitons saisir cette occasion pour clarifier les situations évoquées dans la presse, qui ne reflètent ni notre université ni les valeurs que nous défendons", a-t-il déclaré. "Nous écoutons, nous entendons, nous examinons les situations et nous agissons."

Des tensions et un environnement très compétitif

Le recteur a reconnu l’existence de tensions internes, tout en rappelant que l’institution évolue dans un environnement "très compétitif" où les promotions doivent être "correctement gérées".
"Dans notre pays et dans notre université, les promotions sont strictement encadrées par la loi", a-t-il insisté, tout en admettant que "chaque refus de promotion est extrêmement difficile à vivre".

Concernant les inquiétudes sur le climat de travail, Kreisel s’est dit conscient des "perceptions d’accumulation de pouvoir" évoquées par certains enseignants.

Il a toutefois assuré que l’Université faisait tout pour traiter ces dossiers "de manière impartiale", soulignant que les critères de promotion sont publics et consultables.

Le recteur a reconnu que certaines difficultés auraient pu être identifiées plus tôt :
"Nous aurions certainement pu détecter plus rapidement des conflits d’intérêts et des besoins de changement. Cela a duré trop longtemps, et je le regrette."

Il a annoncé la création d’un bureau dédié aux affaires académiques, doté de quatre personnes, censé accélérer et simplifier les procédures de recrutement et de promotion.

Harcèlement : l’Université dit intervenir "immédiatement"

Interrogée sur les accusations de harcèlement moral, la directrice RH Claire Audollent a défendu l’action de ses équipes :

"Nous protégeons immédiatement les personnes concernées et prenons des mesures pour que toute forme de harcèlement ou de violence cesse. Certaines victimes nous remercient ensuite, mais ces personnes ne s’adressent pas aux journalistes", a-t-elle affirmé.

Kreisel a ajouté que tout salarié se sentant harcelé ou discriminé est invité à solliciter les dispositifs internes, assurant que des améliorations ont été apportées aux services concernés.
"Il existe des cas isolés de mal-être que je regrette, et que nous tentons de résoudre du mieux possible", a-t-il déclaré.

RTL

Journalists from various Luxembourg media presented their questions. / © Loretta Marie Perera

Logement étudiant: "un problème réel" selon la direction

Après les révélations de RTL Today sur des logements privés insalubres — moisissures, excréments, nuisibles — les responsables de l’Université ont assuré travailler à des solutions, tout en rappelant que ces logements ne relèvent pas de leur gestion directe.

"Entre 16 et 17 % des étudiants trouvent un logement via l’Université du Luxembourg, et c’est un bon chiffre", a indiqué Philippe Hiligsmann.

"Les principales difficultés sont ailleurs : le coût de la vie est très élevé et l’offre de logement en dehors des résidences universitaires est rare."

Il reconnaît néanmoins "un réel problème" concernant le logement étudiant, tout en invitant à comparer la situation luxembourgeoise à d’autres pays européens.

Pour les logements privés mis en cause, Kreisel a conclu :
"La responsabilité n’est pas celle de l’Université, mais c’est très regrettable et vraiment malheureux."