
© Domingos Oliveira / RTL
Restauration rapide, alimentation et les magasins de bricolage carburent. Bars, boucheries et mode se portent moins bien. Pour la première fois, un rapport montre en détails l'évolution du commerce au Luxembourg.
Quels secteurs sont porteurs dans le commerce de détail? Comment ont-ils résisté aux crises récentes? Quelles tendances se dessinent nettement au Luxembourg?
Le "Retail Report 2023" rendu public ce jeudi répond à toutes ces questions et bien d'autres (sur les comportements des consommateurs, l'évolution du commerce en ligne, la réalité des locaux vacants...) que se posent les professionnels du secteur, les consommateurs, mais aussi les communes, soucieuses de leur attractivité.
"C'est la première fois qu'on a une vue globale du commerce au Luxembourg. Ce qui est très important pour analyser, mais aussi préparer le secteur du commerce aux nouvelles réalités", relève Lex Delles, ministre des Classes Moyennes. Le ministre vient de humer le futur du commerce de détail (caddy intelligent, conseils par l'intelligence artificielle, automatisation des caisses...) au grand salon du secteur à Dusseldorf, l'Euroshop. Au Luxembourg, le commerce emploie tout de même 52.660 salariés et compte 3.288 magasins de vente au détail.
Le ministre et les responsables de la Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC) et de la Chambre de commerce, ont présenté ce jeudi à Luxembourg les principaux enseignements de ce nouveau rapport qui montre comment se développent les commerces de détail en centre-ville, les centres commerciaux, mais aussi les cafés, restaurants et hôtels.
DES COMMERCES CARTONNENT, D'AUTRES RECULENT
Même si globalement le secteur du commerce s'est montré résilient face aux crises du Covid ou des énergies, le "Retail Report 2023" fait émerger de grandes différences entre les différentes branches commerciales.
Les secteurs qui cartonnent sont indéniablement celui de l'alimentation (+11,8%) et des produits de droguerie (+10,9%) dont la croissance est liée à l'évolution démographique. Entre le 3e trimestre 2019 et le 3e trimestre 2022, période observée par le rapport, le Luxembourg est passé de 626.110 à 657.789 habitants.
Les magasins de bricolage (+22,3%) et les commerces vendant des produits pour animaux ou du matériel de jardin (+7%) ont aussi "bien évolué pendant la crise sanitaire".
Dans la mode, secteur le plus important après le secteur alimentaire, le nombre de commerces a diminué de manière significative (-8,6%), même si la surface de vente totale consacrée aux vêtements a légèrement augmenté (+1,6%).

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A contrario, les boucheries (-5,1%) et les parfumeries (-6,0%) ont connu un net recul.
Dans l'Horeca, une nette tendance se dégage: la restauration rapide (+26,4%) a connu une croissance fulgurante par rapport à restauration traditionnelle (+1,7%) même si les deux trouvent davantage de clientèle.
Mais cafés et bistrots (-5,1%), tout comme bars et clubs (-6,8%) ont été "plus durement touchés par la pandémie".
LES CENTRES COMMERCIAUX SE DÉVELOPPENT PLUS NETTEMENT
Autre enseignement: la croissance des centres commerciaux dans le pays se poursuit. Les chiffres montrent que cette croissance continue à "surpasser celle du centre-ville", trois ans après l'ouverture du centre commercial de la Cloche d'or, le plus grand centre commercial du pays (plus de 100 magasins sur 75.000 m2) en mai 2019.
Si la surface de vente des commerces de détail a augmenté de 2,9%, la surface commerciale des centres commerciaux a fait un bond de 10% depuis 2019.

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Endéans trois ans, il y a toutefois une légère baisse du nombre de commerces de détail (-2,7%) dans les centres-villes. Les locaux commerciaux vacants (hors Horeca) ont diminué de plus de 5% durant cette même période.
Un phénomène dans lequel Tom Baumert, président du GIE (Groupement d'intérêt économique) Observatoire national des PME, lit à la fois "une certaine résilience du centre-ville luxembourgeois" face aux crises sanitaires et énergétiques et "une consolidation progressive du commerce".
LE BON DU COMMERCE ÉLECTRONIQUE
Les commerces luxembourgeois développent de plus en plus le commerce électronique. Dans l'ordre c'est dans les jeux et jouets (73,7%), parfums et cosmétiques (71,4%), matériels de jardins et articles animaliers (69,6%), vêtements et chaussures (67,6%) et dans les articles de sports et vélos (66,7%) que se trouvent le plus de magasins qui commercialisent leurs produits via une boutique en ligne.
En 2022, "40% supplémentaires de commerçants ont mis en place leur propre boutique en ligne par rapport à 2019. C'est une réalité sur le terrain à laquelle les commerçants vont devoir s'adapter", explique Lex Delles.
Raison pour laquelle son ministère "doit mettre en place des outils afin d'aider les commerçants". Il cite l'exemple du SME packages digital qui fournit une réponse "sur mesure" d'un expert au commerçant qui cherche à mettre en œuvre une stratégie numérique pour gérer ses stocks par exemple.
NOUVEAUX COMMERCES ALTERNATIFS
Tom Baumert de l'Observatoire national des PME, relève une "émergence de formats de vente alternatifs" au Luxembourg.
Le meilleur exemple sont les showrooms et les pop-up stores (+33,3%), "qui se développent beaucoup car les communes font de gros efforts" dans ce sens. À l'image de la capitale où ces magasins éphémères sont de plus en plus tendance.
Les commerces de mode de seconde main (+42,9%) ont explosé au cours des trois dernières années au Luxembourg, même s'ils ne représente encore qu'une minorité des commerces.
Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de commerce, a exposé les détails du service aux entreprises Localyze.lu. Les entreprises actives dans les secteurs du commerce de détail et de l'Horeca peuvent s'inscrire sur ce nouveau portail et avoir accès à des analyses de marché au niveau national ou régional, comme à l'ensemble des chiffres sur l'évolution nationale d'un secteur. Une carte interactive permet d'avoir un aperçu direct de la concurrence déjà établie dans une zone géographique.