L'empire CSV contre-attaque. Après dix ans d'absence, Luc Frieden, est de retour aux affaires politiques! L'ancien ministre de Jean-Claude Juncker a été désigné tête de liste du CSV pour les élections législatives d'octobre.

C'est bien lui qui aura la lourde tâche de mener à la victoire le plus grand parti du pays, le 8 octobre. Pour permettre enfin au CSV d'être à nouveau en position de former un gouvernement. Et cela après pas loin de dix années passées sur les bancs de l'opposition.

C'est officiel depuis mercredi 1er février au soir, le CSV mise tout sur Luc Frieden. Une véritable figure du parti chrétien-social, réputée pour son objectivité, ses compétences économiques et financières et sa capacité à gérer les crises. Cet ex-dauphin de Jean-Claude Juncker "réapparaît" après avoir complètement disparu de la scène politique luxembourgeoise depuis près de dix ans. L'information donnée au conditionnel par RTL il y a une semaine, se vérifie donc.

"La décision était unanime et il y a eu une large approbation!", a assuré Claude Wiseler, président du CSV, mercredi soir au sortir du conseil national dont la centaine de membres venait d'avaliser la seule candidature de Luc Frieden dans les locaux de la FNEL à Luxembourg. "Nous avons proposé le meilleur candidat pour conduire notre liste en ces temps difficiles en Europe. C'est une tête de liste, mais elle entourée de toute une équipe," a souligné Claude Wiseler.

CANDIDAT TÊTE DE LISTE À 100%

Luc Frieden a promis de s'engager totalement dans la bataille électorale pour les huit mois à venir. "Pour remplir pleinement mon nouveau devoir et faire émerger le CSV comme la plus grande fraction au parlement à l'issue des élections, je quitterai tous mes mandats au plus tard fin avril. Je quitterai encore ce mois-ci la Chambre de Commerce, puis l'Eurochambres et mon mandat à la BIL".

Dans la foulée, le nouveau fer de lance du CSV confirme qu'il a donné son aval pour être candidat dès la "mi-janvier". Pour ne pas replonger son parti dans une affaire Engel, Luc Frieden joue d'emblée la transparence et a annoncé mercredi soir qu'il "renonce à tout revenu" pendant la campagne. Comptant "sur la gentillesse de sa femme" et "ses économies" pour vivre. Sourires autour de lui.

Si Luc Frieden a décidé de se lancer dans la bataille, "c'est parce que j'aime ce pays. Et quand on aime un pays, il faut être prêt à s'engager pour ce pays", a-t-il clamé devant les micros de la presse.

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© Maurice Fick / RTL 5minutes

Aux yeux de Luc Frieden, "la situation dans le pays est compliquée. On a un un énorme problème de logement, les finances ne sont plus aussi bonnes qu'elles l'étaient, sans parler du système de santé... il y a tant de problèmes en plus de la guerre en Europe".

De sorte que "le CSV, en tant que grand parti du centre, est sollicité pour faire des propositions concrètes pour développer un état social fort avec des entreprises qui peuvent continuer à se développer et pour que la société puisse continuer à se développer de manière inclusive". Il a ainsi livré le fil rouge de son futur programme.

Luc Frieden n'a pas manqué de tacler la coalition DP-LSAP-Les Verts: "Les trois partis n'ont plus d'air. Ils se bloquent les uns les autres".

ABSENT DEPUIS DIX ANS, MAIS RICHE D'EXPÉRIENCE

Luc Frieden a donc effectué mercredi soir son retour en politique par la grande porte. Il en était sorti par une porte dérobée. Début 2014, l'ancien ministre des Finances, de la Justice et de la Défense de gouvernements Juncker successifs (de 1998 à 2013), avait jeté l'éponge à la Chambre des députés.

Suite aux législatives de 2013, il s'était retrouvé sur les bancs de l'opposition après que le CSV ait été écarté du pouvoir par la coalition DP-LSAP-Les Verts qui donne des signes d'effritement en cette fin de seconde législature.

Un peu moins de dix ans plus tard, voilà Luc Frieden porté par son parti de toujours qui place tous ses espoirs en lui, pour revenir aux affaires. Après avoir échoué au pied du podium politique, l'ex-dauphin de Jean-Claude Juncker qui aura 60 ans en septembre, a valorisé son expérience dans le privé, durant les quasi dix dernières années.

"Mon expérience gouvernementale, en particulier dans de grands ministères comme la Justice, la Défense et les Finances est pleinement demandée en ces temps difficiles. Mais aussi les dix ans durant lesquels j'ai travaillé dans des entreprise et vu les défis qui leur étaient posés pour qu'elle puissent survivre dans le contexte de la digitalisation et de la transformation écologique. Je pense que cette expérience dans le secteur public, comme dans le privé, m'aideront à remplir ma mission dans l'intérêt du pays", se vend Luc Frieden.

Avocat, Diplômé de Harvard et de Cambridge, Luc Frieden préside depuis mars 2016 le conseil d'administration de la BIL. Depuis avril 2019 la Chambre de Commerce et depuis octobre 2021 l'Eurochambres, l'association des chambres de commerce et d'industrie européennes. Il avait assumé le poste de vice-président de la Deutsche Bank à Londres à partir de 2019 et de président du groupe Saint-Paul Luxembourg en 2016.

La question qui se pose désormais est celle de savoir, combien de voix Lux Frieden "pèsera" concrètement en octobre après une parenthèse électorale de dix ans.

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