Depuis un an, la commercialisation des médicaments de pointe accuse des retards. Il est question de six à neuf mois.

Les personnes concernées seraient principalement des patients atteints de cancers et des personnes atteintes de maladies rares. Le Luxembourg était auparavant un bon élève en matière de disponibilité rapide des médicaments dits innovants. Dans une étude récente, il était classé neuvième sur 39 pays européens. Les choses auraient changé depuis octobre 2021, déplore Sonia Franck, membre de la direction de l'association IML (Innovative Medecines for Luxembourg). Une quarantaine de thérapies innovantes seraient bloquées dans un embouteillage administratif. Le ministère de la Sécurité sociale en serait responsable.

"C'est uniquement une raison administrative. Le ministère de la Sécurité sociale attend une décision très très longue en Belgique avant de commencer le travail ici."

LA NUMERISATION EN BELGIQUE PROVOQUE DES RETARDS

S'agit-il d'une mesure d'économie pour ménager la Caisse nationale de santé très sollicitée? Aucune économie n'est réalisée sur le dos des patients, assure le ministre de la Sécurité sociale, Claude Haagen.

Cependant la Belgique, de qui nous obtenons plus de 90 % de nos médicaments, a numérisé son système. Or pour déterminer le prix des traitements, nous avons besoin d'un document officiel de la Belgique. Une capture d'écran du nouveau système numérique ne suffisant pas, le ministère doit donc attendre la publication ultérieure en Belgique. Dans certains cas, cela pourrait effectivement entraîner des retards pouvant aller jusqu'à neuf mois, pour qu'un nouveau médicament innovant soit disponible au Luxembourg.

Des échanges seraient en cours avec les autorités belges pour trouver une solution, assure Claude Haagen, l'objectif étant d'obtenir à nouveau dans des délais courts des médicaments innovants sur le marché luxembourgeois.

DES DEMANDES INDIVIDUELLES SONT POSSIBLES

Même si le médicament n'est pas encore disponible sur le marché luxembourgeois, le médecin peut déposer une demande individuelle pour son patient. "Nous sommes heureux que cette procédure existe", explique le Docteur Stefan Rauh, président de la Société luxembourgeoise d'oncologie. Mais tous les médecins ne le savent pas nécessairement. De plus, la demande individualisée serait chronophage.

Ce que confirme également Grégory Gaudillot, le président de l'APHL, l'Association des pharmaciens hospitaliers du Luxembourg. Ce dernier y voit un risque que certains patients n'aient pas accès à ces médicaments innovants.

Tant pour l'oncologue que pour le pharmacien hospitalier, il est difficile d'estimer combien de thérapies innovantes, qui apportent un avantage certain aux patients, sont toujours en attente et combien de patients sont concernés. Le Docteur Rauh parle de deux "gamechanger" - des médicaments "qui changent la donne" en augmentant l'espérance de vie de certains patients atteints de cancers du sein et du poumon. Grégory Gaudillot en connaît trois.

Le reportage de nos collègues de RTL en langues luxembourgeoise et française: