Liana, Fanny et Brandy ont toutes les trois ouvert un pop-up store à Luxembourg. Ces magasins éphémères de plus en plus "tendances" sont loués aux commerçants à petits prix.

Les prix exorbitants des loyers constituent une difficulté grandissante pour les jeunes commerçants. Face à cet enjeu, la solution des pop-up stores proposée notamment par la ville de Luxembourg est-elle viable?

"Il y a beaucoup d’inquiétudes pour l’avenir à cause des loyers qui sont énormes ici". Liana et Marian Marinescu, son mari, nous accueillent chaleureusement à Tipp Topp, leur studio d’art situé rue Origer dans le quartier de la gare. Pots et tubes de peintures, pinceaux et autres matériels d’art trônent aux quatre coins de leur espace soigneusement aménagé pour initier petits et grands au monde artistique. Liana est professeure d’histoire de formation mais elle a toujours été passionnée d’art et son rêve de travailler dans ce domaine s’est réalisé lorsqu’elle a ouvert ce pop-up en juillet.

Les pop-ups fleurissent à Luxembourg et dans ce roulement incessant de petits commerces qui s’installent puis repartent, le principe du pop-up étant d’être éphémère, quatre commerçants se sont ainsi confiés sur leurs expériences: Liana et Marian mais aussi Fanny Bervard avec sa marque de bijoux Romantico Romantico ou encore Brandy Chen avec sa boutique de bijoux et de cosmétiques coréens Banjjak. Tous soulignent d’emblée leur reconnaissance envers la ville qui leur permet de vivre cette expérience.

"UNE SUPER OPPORTUNITÉ OFFERTE PAR LA VILLE DE LUXEMBOURG"

Pour Liana, tout a commencé en décembre 2021 avec un projet inédit, un "artbus". "Pour moi c’était une folie au début, d’acheter un minibus. On l’a aménagé comme un studio mobile surtout pour les anniversaires des enfants. Au début c’était vraiment une expérimentation, mais après ça s’est transformé en un projet à grand succès, puis en entreprise." Rassurés par le succès que leur a réservé leur concept, Liana et son mari, qui a pris une année sabbatique pour la soutenir, décident alors d’envoyer leur candidature pour un pop-up à la ville de Luxembourg en janvier et reçoivent une réponse positive deux mois plus tard. Ouvert depuis juillet, leur pop-up fermera ses portes en février. De quoi leur laisser le temps de tester encore quelques ateliers: peinture, dessin, slime, t-shirts tie-dye... il y en a pour tous les goûts et tous les niveaux.

"On est super contents d’être là et ça se passe très bien, c’est vraiment une super opportunité offerte par la ville de Luxembourg." Fanny Bervard a ouvert son pop-up au mois d’avril et y restera jusqu’en décembre. La boutique située rue des Capucins, reflète le soin que lui apporte sa propriétaire: sous une décoration épurée, les bijoux sont disposés aux quatre coins du magasin et la vitrine attire d’emblée dans l’univers créatif de son hôte.

La jeune femme a toujours baigné dans le monde de la mode mais ce n’est qu’en 2019 qu’elle se lance dans la joaillerie. Après avoir d’abord créé quelques bijoux pour ses amis, la passion est née et elle crée sa marque Romantico Romantico: des bijoux qu'elle dessine et crée au Luxembourg et en Italie. Si au début elle ne vend ses créations qu’en ligne, elle fonctionne rapidement par pop-ups.

"Au début on vendait en ligne, mais un pop-up ça te donne cette approche avec le client que moi personnellement j’adore, j’adore être avec les gens. (…) Pour moi c’est super important de savoir ce que veut mon client et qui est mon client." Pour elle, le concept de pop-up, "permet de tester notre concept pour voir comment ça marche" et "c’est absolument rentable, parce que je paye un loyer inférieur au marché."

Brandy Chen a lancé sa marque Banjjak qui propose des bijoux fabriqués en Corée du Sud et depuis peu, des produits cosmétiques venus tout droit de Corée. La jeune femme souligne la visibilité et le lien avec sa clientèle que lui ont apporté ses pop-ups. Brandy a ouvert son magasin en août dans la rue Philippe II au cœur de la ville de Luxembourg et y restera jusque fin septembre.

"EN DÉCEMBRE, JE FAIS QUOI ?"

Les pop-ups sont un concept de plus en plus prisé dans les villes européennes, et le Luxembourg ne déroge donc pas à cette tendance. La ville de Luxembourg propose des locaux qu’elle loue à des propriétaires afin de les sous-louer ensuite à des prix abordables. Mais qu’en est-il de l’avenir de ces jeunes commerçants?

"Au Luxembourg les prix sont justes énormes par rapport au trafic qu’on génère". La période post pop-up demeure incertaine pour Fanny qui confie: "cette initiative de la ville de Luxembourg elle est vraiment géniale mais en même temps, en décembre je fais quoi?"

Un discours que rejoignent Liana et Marian. Leur inquiétude quant à l’avenir de leur projet est palpable, même s’ils ont plein d’idées de projets en tête "On préfère profiter du moment présent, on verra d’ici quelques mois comment les choses fonctionnent, on va tester un maximum d’activités et puis nous verrons".

Malgré le frein que représentent les coûts des loyers, certains commerçants ressortent confiants de cette expérience, prêts à s’installer définitivement en ouvrant leur boutique. C’est le cas de Brandy et son magasin Banjjak: "À travers l’expérience pop-up, on est sûrs d’avoir assez de clients intéressés par nos produits pour pouvoir nous installer."

Malgré ce succès, elle témoigne aussi des difficultés à se projeter dans le futur: "En tant que marque luxembourgeoise, je pense qu’avoir un magasin au centre-ville c’est un but ultime et un rêve, mais on sait tous à quel point ça peut être risqué, surtout par rapport au loyer."

Brandy avait déjà ouvert un pop-up au mois de janvier 2022, puis avait fait partie d’un pop-up collectif pendant deux mois à la Cloche d’Or. Suite à ces expériences, elle a décidé d'installer son magasin en ville et sa boutique ouvrira donc ses portes en novembre. "Sans l’expérience pop-up je pense que le chemin aurait été beaucoup plus long et nous n’aurions peut-être pas eu le courage de faire ce pas."

Fanny souhaiterait bien sûr installer sa boutique au Grand-Duché, mais aussi se développer davantage à l’étranger, où ses bijoux sont d’ores et déjà vendus par certains magasins. "Je recommande vraiment cette expérience, j’adore ce que je fais".